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Après une course effrénée d’une semaine dans les cinémas de la plus belle avenue du monde, il était temps pour le Champs Elysée Festival d’achever son édition 2022. Une édition qui nous aura cette année réservé son lot de pépites et de surprises. L’habituelle cérémonie de clôture avait lieu le mardi 28 juin dernier au Gaumont Champs Elysée, présidée bien naturellement par Sophie Dulac. Au total, 10 prix ont été décernés. Elle fut ponctuée d’un Simple et léger discours de la part de la présidente pour rappeler l’importance des salles obscures et du cinéma qui ne rentre pas dans une case, d’autant plus pendant les temps qui courent, ainsi qu’une projection d’une petite vidéo récap du festival. Le reste était confié aux jurys, composé de :

Pour les longs-métrages : Emmanuelle Bercot (présidente) / Maïmouna Doucouré / Diego Ongaro / Albin de la Simone / Rebecca Marder

Pour les courts-métrages : Anaïs Volpé / Clara Ysé / Pauline Lorillard / Nine Antico / Élie Girard

Jury presse : Marie Sauvion, Renand Cros, Pascaline Potdevin, Juliette Reitzer

 

Voici les prix décernés :

Grand Prix du Jury Long métrage américain indépendant à Isabel Castro pour son film Mija. 
Grand Prix du Jury Long métrage français indépendant à Fanny Molins pour son film Atlantic Bar. 
Prix du Jury du meilleur réalisateur Américain à Max Walker-Silverman pour A Love Song.
Prix du Jury de la meilleure réalisatrice française à à Lola Quivoron pour son film Rodéo qui reçoit également le prix de la critique.

Grand Prix du Jury du meilleur court métrage Américain à Starfuckers, de Antonio Marziale.
Grand Prix du Jury du meilleur court métrage français à La flûte enchantée, de Geordy Couturiau.
Prix du Jury du court métrage américain – mention spéciale à Video Visit de Malika Zouhali-Worrall.
Le Prix du Jury du court métrage français – mention spéciale à Au revoir Jérôme de Adam Sillard, Gabrielle Selnet et Chloé Farr.

Le Prix France Télévisions du court métrage français doté d’un achat par France Télévisions a été remis à Saint-Jean Baptiste de Jean-Baptiste Alazard. Le Prix du Public du Meilleur Court Métrage Français Indépendant est pour Séparation de Aurélien Achache et celui du Meilleur Court Métrage Américain Indépendant est décerné à Lucky Fish de Emily May Jampel.

 

Suivant la tradition du festival, la remise de prix était suivie de la projection d’un film en avant-première. Cette année, c’est Everything Everywhere all at once qui faisait l’honneur d’être diffusé environ deux mois avant sa sortie française. Aux Etats-Unis d’où il vient et où il est déjà sorti, le film aurait apparemment connu une vague d’engouement remarquée. Réalisé par les Daniels, à savoir Dan Kwan et Daniel Scheinert et produit par les frères Russo (Avengers Infinity War : Endgame), il semble être un objet cinématographique non identifié. Ou peut-être justement bien trop identifié ?

De quoi ça parle ?

Du désespoir d’une femme à la vie de famille ennuyante… Soudainement sortie de son morne quotidien par une fantastique chasse au grand méchant loup dans un système de multivers complètement loufoque. Cette aventure barrée et surtout démesurée lui permettra-t-elle de redonner du sens à son existence ? Réponse toute trouvée dans la nationalité du film.

 

Est-ce que c’est bien ?

Ce que l’on peut déjà dire, c’est qu’aucune attraction de toutes les fêtes foraines réunies ne vous donnera plus le tournis qu’Everything Everytwhere all at once. Pendant 2h30, le rythme effréné ne vous laisse aucun répit, jusqu’à vous filer un sérieux mal de crâne. Chaque seconde semble être cruciale et n’admettrait pas que vous vous essouffliez en cours de route. Interdit ! Les actions défilent avec toujours plus de rapidité et d’exubérance, jusqu’à créer un grossier too-much, évidemment souhaité mais malheureusement… TOO MUCH. C’est d’ailleurs notre seul mot en bouche quand la chose prend fin. A côté, le gigatacos de chez O’tacos semble bien plus digeste.

Caricature ? Pur produit ? On ne sait pas trop ce que ce film tente d’être, si ce n’est une sorte de Macronie cinématographique qui gratte un peu partout, avec une grande insistance sur la porte conservatrice. Dans la forme ? Rien de nouveau, sinon la poursuite du train-train hollywoodien des blockbusters américains. Dans le fond ? Toujours le même discours réac sur l’importance de la famille et sur la responsabilité de son propre sort. « Si elle n’avait pas fait ce choix, regarde la vie que la protagoniste aurait mené » tente de nous dire le film pendant 2h30, comme dans une constante mise en culpabilité de son héroïne. Le multivers lui offre la possibilité de se confronter à différentes versions d’elle-même. Et puisque la version que l’on suit est décrite dans le film comme « la plus misérable de toutes », on doit comprendre que celle-ci a fait les pires choix possibles, comme si tout était une question de décisions et que rien d’autre ne rentrait en ligne de compte. A la manière des pubs Nike , il suffirait seulement de choisir d’être la meilleure version de soi-même pour le devenir.

Image tirée de « Everything Everywhere all at once »

En parallèle de ce discours nauséabond sous-jacent, le film se veut avant tout un maximum fun et amusant. Sur ce point, il faut dire que certaines scènes sont vraiment drôles et bien trouvées, tellement le côté loufoque atteint parfois son paroxysme. Bien que survolté, son récit n’en est pas plus original. Dans une sorte de caricature voulue du film de super-héros, on retrouve donc un grand méchant ayant expérimenté chaque niveaux du multivers, lui permettant d’être le méchant le plus puissant de tous les méchants ! Ça en jette ! Il faut le voir pour… ne pas y croire une seule seconde. L’ensemble étant volontairement à dormir debout, cela donne droit au film à toute sorte de folies scénaristiques, au point de se permettre le plus grotesque. Pour la subtilité, on repassera. A la manière de Tenet, le film tente à plusieurs fois de nous perdre. Autant dire que nous n’avons pas fait l’effort de tout emboiter… Puisque de toute manière, rien n’a vraiment de sens.

Heureusement que l’actrice qui incarne l’héroïne a de quoi retenir notre attention, pour nous éviter de mourir d’essoufflement. A la fin de la projection, il est bien temps de se ressourcer. Heureusement, la suite de cette soirée de clôture sera de bien meilleur goût, avec un cocktail au Publicis Cinéma en haut des champs ainsi qu’une ultime soirée sur le rooftop  avec un DJ set de l’excellent Vikken pour terminer en beauté. Car quoi de mieux que d’observer l’Arc de Triomphe en repensant à cette belle sélection offerte cette année . Continuons à faire vivre les salles obscures et le cinéma qui ne rentre pas dans une case, effectivement.


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