Pour clore ce week-end de l’Ascension, rien de mieux que de se rendre à un festival féministe et inclusif. La première édition de Burning Womxn a eu lieu ce week-end à la Maroquinerie et c’était brûlant. Entre concerts, lecture et pièce de théâtre, voici, ce qu’il s’est tramé dans cet évènement féministe.
Le 28 et 29 mai 2022, la première édition du festival Burning Womxn s’est tenue à la Maroquinerie. Derrière cet événement se cache une association du même nom. Fondée en 2020, celle-ci est née après la rencontre à un collage féministe de Marie, membre du groupe Sisterhood Project, Julie, doctoresse en Histoire de l’Art et Marion, directrice artistique.
Leur objectif ? Mettre en avant des artistes féminines et minorités de genre émergeantes à travers des festivals mixtes et des actions culturelles tout au long de l’année.
Le nom Burning Womxn fait, vous l’aurez bien compris, écho à son légèrement plus célèbre homologue américain, Burning Man, mais pas seulement. C’est un hommage à ces femmes brûlées vives pour « sorcellerie » et autres accusations misogynes et meurtrières tout au long de l’histoire. Le X de Womxn est une nouvelle orthographe permettant d’inclure les minorités de genre et d’éviter d’employer un dérivé de man. Aucune équivalence n’existe en français étant donné qu’étymologiquement, les mots « femme » et « homme » ne sont pas reliés.
Par souci d’éthique, l’exposition et la marketplace étaient en accès libre et ouvertes à tous.tes. Seuls les shows dans la salle de concert requéraient l’achat d’une place.
JOUR 1
Samedi 28 Mai, 10h. Le festival ouvre ses portes en plein cœur du 20ème arrondissement de Paris.
Les exposant.es s’installent. Au programme : artistes, libraires et jeux de société féministes et engagés. Sur la terrasse, les tables sont bien vite occupées et dans un coin, un atelier de customisation de Doc Martens – qui sponsorise d’ailleurs le festival – nous accueille. Pour ce premier jour, c’est Irène qui customise, plus connue sous le nom de Hipparchic sur Instagram.
Au stand d’à côté, un book. C’est celui de la tatoueuse, Koktel Sombre, partie, très certainement tatouer quelqu’un. Elle tient le stand et fixe les réservations avec sa soeur, dont la main droite est entourée d’un papillon d’encre, signé Koktel Sombre.
Eïdy Ho, artiste peintre, débute une fresque dont la progression accompagnera le déroulement du festival jusqu’à ce que celui-ci ferme ses portes, le lendemain soir.
UN FESTIVAL inclusif et militant
À l’intérieur, quelques artistes sont exposées aux murs, parmi celles-ci, Brode Pute, La Tessita, Marie Casaÿs ou Le Cheveu Blanc.
La marketplace est variée. Le Cheveu Blanc ainsi que Marie Casaÿs y ont d’ailleurs leur propre stand. Un livre et une tasse de thé, librairie féministe situé à République est là aussi. De quoi développer un tantinet notre culture littéraire et féministe.
Pour les plus compétitif.ves, Gender Games propose des jeux de société aussi géniaux qu’éducatifs : Bad Bitches Only dont le principe est de faire deviner à son équipe des personnalités féminines et non-binaires sans en dire « c’est la sœur de, la fille de, la femme de ». Et pour les mélomanes compétitif.ves, il existe aussi une édition centrée sur la musique et ça va de Janis Joplin à Janelle Monáe en passant par Missy Elliott.
Des concerts, des concerts, encore des concerts
À 15h, le premier show du festival commence dans la salle du restaurant. Louisadonna, avec son ensemble en vinyle rouge enflammé ouvre les festivités et pendant 45 minutes transporte le public dans son univers coloré et militant.
Les premiers concerts payants débutent à 17h30. Trois artistes se produisent chacune leur tour, grâce au programme Tough As You organisé par Doc Martens. La première artiste, Lubiana est ensorcelante. Accompagnée de sa kora, instrument d’origine malienne, elle offre une musique unique où se mêlent ses inspirations africaines et européennes.
Pour sa première scène, Toallita est la deuxième artiste à passer. Originaire de Brest, elle propose un rap net et efficace.
Soumeya, ultime artiste du programme Tough as You de la journée, monte sur scène peu après et c’est très fort. Elle offre des textes poignants et incisifs, questionnant la politique et le monde actuel.
19h10 : Thérèse monte sur scène pour un show où explosions musicales en tout genre et instants plus tiraillants coopèrent. Son long discours, une ode aux corps des femmes, à notre choix d’en disposer comme nous le souhaitons, trouve parfaitement sa place au sein de ce festival et du contexte actuel. Pour des raisons médicales, Thérèse ne peut pas danser autant qu’elle le voudrait ce soir. Ainsi, elle invite deux personnes dans la foule à l’accompagner danser sur scène, le temps d’une chanson. C’est Uzi Freyja qui se porte volontaire. Elle n’est autre que la prochaine artiste à se produire ce soir-là. Uzi Freyja a une énergie affolante, déchaînée. Elle bondit, danse et harangue la foule qui se déchaine à son tour.
Enfin, Mila Dietrich clôt cette première journée avec un DJ set électrisant.
Jour 2
Le deuxième jour débute avec trois séances de yoga, auxquelles notre équipe, pour des raisons d’inactivité matinale fréquente, n’a pas assisté.
En début d’après-midi, la comédienne Léa Schweitzer organise une lecture, Une envie secrète de… Le texte est truculent, un témoignage authentique sur la femme d’aujourd’hui, notamment quand elle parle de cette fameuse épilation du « rond de fesses ».
L’excellente lecture est suivie d’une pièce de théâtre tout aussi fracassante. Régime soupe aux choux : mode d’emploi par le Collectif Triplik et interprétée par Léa Goldstein et Chloé Heckmann. Comme tout ce qui a été présenté à ce festival, cette pièce est nécessaire, éducative et mêle juste ce qu’il faut d’humour et de gravité. Les artistes sur scène abordent des sujets sociaux devenus, avec le temps, politiques comme le vaginisme ou l’endométriose. Pour le comic-relief, les grands thèmes de la pièce sont entrecoupés de fausses pubs humoristiques pour les protections périodiques Nanus qui nous gardent au sec même à la piscine – enfin c’est une façon de parler.
Après ces deux interventions artistiques, vient un moment de battement. Les stands de la marketplace sont les mêmes que la veille. On peut alors se procurer, si l’on était trop occupé.es la veille à tout découvrir, un livre, une lithographie, un jeu de société. Bref, tout ce qui pourrait venir satisfaire notre soif de découverte. Cette fois-ci, le stand de customisation de doc est tenu par Youra.
Du mystique pour finir !
Vers 18h et des brouettes, le premier concert de la journée commence. Elle s’appelle Frieda et elle est incroyable. Toute de violet et de voile vêtue, elle partage avec le public conquis en un sourire, son univers drôle, émouvant et familier pendant 45 minutes.
Sisterhood Project joue juste après. Comme précisé en début d’article, Marie, co-présidente de l’association, en est également la chanteuse. Le show est mystique, chargé de symbolisme, de sorcellerie, mais surtout – car c’est le plus important – de sororité. Pour le set, elles sont vêtues de noir, de plumes de paon et de paillettes. Leur musique est expérimentale, joue avec les traditions, le sacré et le profane, où se mêlent des textes rédiges en anglais et en espagnol.
Une petite demie-heure passe et la dernière artiste monte sur scène. Flèche Love, avec un set haletant, tout aussi chargé de symbolisme que ses consœurs précédemment.
Ainsi, ce festival s’achève en beauté, dans les joies de la sororité. Si cette première édition s’est avérée être une réussite, il est de mise que d’en espérer une deuxième, une troisième, une quatrième… qui sait ?