Else est le premier long-métrage de Thibault Emin. Film de genre français, l’exercice est assez rare chez nous pour avoir envie de le soutenir.  Le projet d’art et essai met en scène Anx (Matthieu Samper) et Cass (Edith Proust) enfermés dans un appartement alors qu’une épidémie sévit : « les gens fusionnent avec les choses ». Ce presque huis clos a de quoi faire rêver, mais ne précipitons pas les choses puisque le rêve a vite fait de tourner au cauchemar.

Else

ART ET ESSAIE ENCORE

Si la photographie et la chromatographie sont superbes et que l’exercice de style est assumé de bout en bout comme une expérimentation, il n’est pas certain que ce laboratoire emporte l’audience. Très vite, la technique et la forme prennent le dessus sur tout : flous à outrance, caméra-épaule consciencieusement mal cadrée… Chaque tentative ressemble un peu plus à une propre parodie de son procédé. La dernière partie va jusqu’à s’évanouir dans de longs plans abstraits de l’épidémie, rappelant les salles de projection du Centre Pompidou dans lesquelles les visiteurices passent une tête puis s’éclipsent après n’avoir rien compris à ce plan séquence de trente-huit minute en slowmotion sur la mort du Christ et l’avènement du capitalisme. Else veut se donner un style unique qui finit par ressembler à tout ce qui existe déjà en cinéma indé.

WHAT ELSE ?

L’idée de départ est intéressante, mais son exploitation est décourageante. Que ce soit l’écriture masculine et ultra-clichée du personnage de Cass, jeune femme insouciante, spontanée et libre comme l’air (pour changer) ou le jeu des comédien.ne.s qui transpire l’artifice, rien dans la forme finale ne parvient à convaincre vraiment. Le propos lui-même est particulièrement confus. Certaines scènes démarrent avec une belle intensité et s’échouent dans une mièvrerie esthétique regrettable.  Thibault Emin ne sait pas vraiment où il va avec son film, et le public non plus. Sauf si…

VIRÉE INTESTINALE

Une scène restera marquée à jamais dans les quelques esprits qui ont vu ce film. Alors que l’appartement d’Anx est infesté par l’épidémie, il doit fuir. Et le seul moyen de fuir est le vide-ordure. La descente en rappel s’apparente très vite à un POV d’étron (pardonnez cette poésie). Le vide-ordure ressemble à un intestin dont Anx serait la crotte. À l’appui de cette analyse scato : l’anus géant par lequel Anx sort de l’immeuble. Pet foireux ou métaphore raté, il n’est pas évident de savoir si la chasse a ou non été tirée.

bien essayé

Peu de choses resteront donc de ce premier métrage digestif : un visuel chiadé qui peine à se modérer ainsi qu’une bonne idée bizarrement exploitée. La tentative est louable mais le résultat n’est pas encore là. Else aurait gagné à ne pas se vouloir ésotérique et à tout pris artistique, le propos et la narration en pâtissent bien trop et cela est dommage. Alors même s’il reste quelques traces dans la cuvette, la curiosité et le soutien aux jeunes projets originaux peuvent justifier un visionnage, pour l’expérience.


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