Time Cut, c’est la sortie de cet automne 2024 sur Netflix ! En lien avec Halloween, le film d’Hannah Macpherson promet un mélange des genres et surtout grâce au voyage dans le temps de se (re)plonger dans une version sucrée de l’année 2003. Un bonbon acidulé prometteur qui joue sur les pas de « Totally Killer » (lui avec à son affiche Kiernan Shipka) dispo sur Amazon. Ce dernier propulsait une adolescente dans les années 80 pour arrêter un tueur masqué. Notre nouveau film propose l’exact même concept mais en remettant au goût du jour une toute autre époque. Et bien que le film soit assez décevant (on va détailler le pourquoi), il permet de s’offrir une bonne dose de nostalgie. Ou pas tant que ça, pour les personnes qui étaient elles-même adolescentes en 2003, comme moi. On en parle !
Time Cut de quoi ça parle ?
Sans le vouloir, une ado de 2024 remonte le temps jusqu’en 2003, quelques jours avant le meurtre de sa sœur par un tueur masqué. Peut-elle changer le passé sans détruire l’avenir?
Time Cut est-ce que c’est bien ?
Petite production adolescente sur Netflix qui se veut super légère, Time Cut ne promet pas de grandes attentes si ce n’est de passer un agréable moment sans se prendre la tête. Un film de SF plus proche de teen movie en somme qui flirte avec l’horreur du slasher en proposant de mettre à son affiche un tueur masqué mystère. Voilà ce qu’on espère en cliquant sur lecture sur la célèbre plateforme de streaming. Il porte en plus en son affiche deux des starlettes du moment : Antonia Gentry (Ginny & Georgia aussi sur Netflix) et Madison Bailey ( Outer Banks toujours sur la plateforme).
Dans les faits, le film souffre d’énormément de lacunes. Difficile de dire si l’écriture de scénaristes paresseux préférant le chemin de la facilité lui a fait du tord. Ou si tout simplement beaucoup de scènes ont été coupées au montage rendant le tout incohérent. Qu’on soit claires sur le sujet, l’absence de cohérence tient au fait que les réactions des personnages eu égard à leur situation n’a absolument aucune logique. Admettons que Lucy (Madison Bailey ), la jeune soeur conçue comme un bébé de remplacement à Summer (Antonia Gentry) décédée 20 ans plus tôt, ne se choque pas d’avoir voyagé dans le temps. Allez, on n’est pas là pour développer ça. Admettons encore que Quinn (Griffin Gluck), l’acolyte décide de croire l’histoire du voyage dans le temps sans émettre la moindre surprise. Mais que tout ce petit monde s’attache les uns aux autres en un quart de seconde, décide de changer le court de l’histoire avec une énorme facilité, prenne des décisions majeures sans jamais vraiment les expliquer ne donne aucune âme au récit. A tel point que les personnages sont souvent forcés d’expliciter avec lourdeur leurs motivations en deux phrases et en répondant aux questions des autres. Et par autres, il faut comprendre que tout tourne autour d’un même trio. La réalisation ne prend aucune direction particulière et très vite le tout devient surtout lourd. Difficile de s’interroger sur qui est derrière le masque du tueur quand on ne prend pas, par exemple, le temps de ne présenter un florilège de personnages. Les lignes se dessinent donc très rapidement. Pour autant, on serait tenté de se dire que ce n’est pas tant le suspens qui viendrait ici à compter. Ce serait plutôt de créer un décalage entre une époque et une autre et d’y ajouter de l’humour. D’humour il n’y a pas vraiment. On a surtout une succession de quelques scènes propres aux teen movies (hello l’essayage de vêtements) en ne laissant rien de spécial se dégager de chacune d’entre elles. L’histoire d’amour à peine évoquée, les motivations d’un final qui ne fait pas sens s’il ne se développe pas un peu, l’amour à l’Américaine : c’est la famille suffit à tout justifier comme un mantra qui ne peut souffrir d’aucune objection, tout est effleuré sans aucune finesse. En la matière Totally Killer, lui aussi pourtant moyen réussissait mieux son paris d’honnête divertissement qui ne dit rien de particulier mais se déguste comme un plat de coquillettes au beurre. Un plat sans saveur qui peut pourtant réjouir à l’occasion. Mais il faudra surtout admettre que tout l’intérêt de « Time Cut » réside dans son avis de faire revivre l’année 2003 et lui donner l’image d’une grande époque. La nostalgie prend-elle alors ?
Time Cut, perception en tant qu’ancienne ado de 2003
C’est peut-être avec « Stranger Things » que tout a commencé, à moins que ce ne soit l’industrie de la mode qui en a décidé ainsi. Toujours est-il que les années 90 ont vécu ces dernières années un retour en force spectaculaire. On les voyait partout. Leurs idoles, leurs stars, leurs snacks, leurs vêtements, leur style musicale. Toute cette époque ressemblait à un moment magique et émouvant. Ma théorie tenait au fait que les trentenaires d’aujourd’hui sont aussi celles et ceux qui créent le monde actuel. Les dix dernières années, ils faisaient donc revivre leur jeune adolescence, estimée comme un temps heureux , la jeunesse permettant d’idéaliser une période dont on ne saisissait pas tous les enjeux.
Les années 2000 comme le veulent la tradition étaient elles délaissées à leur statut de passé ringard dont on ne parlait plus. Et puis, des indices ont commencé à apparaitre. Elles revenaient. On se sent à l’abris, on croit qu’on ne sera jamais cette ado d’un passé fantasmé et bim, une production Netflix vient d’un coup vous dire que le retour des cocktails à plusieurs étages était un avertissement. Vous êtes vieux / vieille à ce point, on va parler de votre époque comme d’un passé lointain. Je m’interdit pourtant de vivre dans une nostalgie faussée, d’un bonheur imaginaire lié au temps qui passe. Mais puisque Time Cut tient à me replonger dans ce passé, on pourra bien s’amuser à faire un comparatif entre film et réalité. D’autant que le film lui se contente d’aborder rapidement sa période par quelques effets de couleurs et d’images sans même chercher à creuser ce qui faisait sa spécificité quand on la vivait en tant que lycéen.ne.
Je suis so yesterday
Le retour en 2003 devra donc avoir sa BO, Hilary Duff et Avril Lavigne en tête de casting si l’on en croit le métrage. « Complicated » de la canadienne écouté à travers les écouteurs du walkman tenu par l’un des personnages sur le support CD, sous forme de mixtape ! S’il vous plait, laissons le CD où il est, le support vinyle offre un véritable intérêt en matière de son et d’appréhension de l’album, le CD nettement moins (mais c’est toujours mieux d’acheter la musique en physique je vous l’accorde). Je me suis perdue pardon, reprenons. Donc le B.O de notre adolescence était en réalité plurielle. Le monde lycéen se divisait en genre de castes et la musique comme la mode permettaient en grande partie de savoir à laquelle on appartenait. Le rock vivait alors une sorte d’âge d’or porté en grande partie par les courants alternatifs. C’était avant les émos, et pourtant les thématiques étaient proches. On écoutait beaucoup de pop punk, sur des walkmen c’est vrai. On chantait qu’on était « In Too Deep » avec Sum 41 que le monde était compliqué, la vie, les parents avec Simple Plan, Blink 182 (qui copiaient fort les Cure avec « I Miss You »), Good Charlotte, The Offspring, on se moquaient des « American Idiot » avec Green Day, on se sentait sombres avec Slipknot et Korn. Dans notre univers privilégié occidental, on chantait nos peines avec Linkin Park, Evanescence. Le rock n’était pas le seul courant existant évidemment. Eminem venait de sortir son « Eminem Show » et jouait dans « 8 miles », en France Diam’s et Sniper cartonnaient. Pour le reste on écoutait déjà Beyoncé, indémodable, les Black Eyed Peas, Outkast et Michelle Branch. Tout ce petit monde manquait quand même sérieusement la B.O de « Time Cut » pour la parfaire, je tiens à le dire.
Et les vêtements dans tout ça ? Le film se focalise là encore sur une définition unique de la mode pas forcément représentative de toute notre adolescence. Les grosses ceintures que portent nos deux héroïnes étaient bien de la partie. Les jogging colorés à la Juicy Couture aussi et quelques jeans très serrés, souvent à l’image des créations de chez Diesel ou le Temps des Cerises voir de Guess (originaux comme modèles similaires repris par des grands groupes type H&M). Mais comme nous le disions, les rockeurs avaient à leur actif une grande part de ce qu’était le style à avoir. On portait parfois des cravates comme Avril Lavigne, souvent des bagguys type Dickies et des grosses chaussures de skate. On essayait d’ailleurs d’en faire du skate pour être cool. Mais on y arrivait peu. On blindait nos Eastpack de patchs et badges. On s’identifiait facilement à Lindsay Lohan dans « Freaky Friday » qui est un bon cliché de ce qu’était un.e adolescent.e en 2003. On dessinait le signe Anarchy sans le comprendre.
Bring my 15’s back to life
On était pourtant moins politisés que la jeunesse actuelle. On l’était un peu évidemment, avec des ambitions sociales, de l’anti-racisme, la lutte contre le suicide (aujourd’hui ajoutée à la compréhension de la dépression et des maladies mentales) qui passait beaucoup par la musique. Nos artistes préféré.es quand on écoutait du rock parlaient facilement de droits LGBT + et on s’y sensibilisaient. Bientôt les emo boys iraient entièrement dans ce sens, créant une très grande représentation de sexualités fluides et/ ou queer. La question de la sexualité est il faut le dire très brièvement abordée dans « Time Cut ». C’était moins simple en 2003 qu’aujourd’hui en matière de préjugés mais du travail avait été fait et les adolescents étaient en majorité ouverts et bienveillants à ces questions, les progrès sur le sujet datant de quelques années avant nous. Même si tout était loin d’être parfait, il ne faut pas le nier, les blagues de nombre de séries et films le prouvent.
On rejetait le modèle de nos parents, la carrière sans sens, le travaille à horaires déterminées, le 9 à 5 comme chantait Good Charlotte. On vénérait les weird kids en regardant « Daria » et on trichait sur notre âge pour aller voir le reboot de « Massacre à la Tronçonneuse » avec Jessica Biel. C’est l’année durant laquelle Buffy a tiré sa révérence (on voit bien une affiche de la série dans la chambre de Summer d’ailleurs). On regardait beaucoup « American Pie » ses suites et en riant de blagues concernant une flûte, notre sens de l’humour était souvent lourd.
C’est aussi l’année qui a vu naître » The OC », on rêvait d’être adoptés par les Cohen et de manger des bagles, en France du moins. Je vous parle d’un temps durant lequel les petits pains n’avaient pas débarqués dans l’Hexagone. Enfin si le film moque le bruit d’un modem, il faudra rappeler qu’on avait Internet. On y passait une vie à parler sur MSN. On y mettait des pseudos pour dire discrètement ce qu’on ressentait et on s’y parlait des heures durant entre ami.es. Les SMS étaient limités, on parlait en langage dit SMS avec des mots genre « kwa ? » pour utiliser le minimum d’espace et ne pas payer deux textos. Désolée pour les dégâts qu’on a causé à l’orthographe.
Alors quitte à être complètement daté.es n’hésitez pas à l’avenir, balancez-nous le grand jeu dans les prochains films, on veut tous les souvenirs de notre jeunesse. On est prêt.es à se souvenirs en évitant j’espère de romantiser unne époque. « Bring me to life » crieront alors mes 15 ans et Evanescence.
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