Loverman qui êtes-vous ?
Il est des coups de cœur évidents. Certain.es auront pu le découvrir en première partie de Tamino ou de Sylvie Kreusch en France faisant immédiatement courir un bruit de couloir : Loverman est à découvrir sur scène. Avec ses shows jusqu’au-boutiste entre le live pure et le projet artistique, pourtant sans fioritures et accessoires, le chanteur ne laisse pas indifférent.e. L’adoration comme la surprise peuplent les récits de celles et ceux qui l’on vu. Mais d’où vient-il ? C’est en réalité le projet solo de James de Graef, ancien membre de Shht, aidé par sa conjointe Daisy Ray. D’où ce nom de scène mais aussi celui d’un premier album « Lovesongs » à paraitre le 27 octobre. Son univers insaisissable oscille entre la folk, le blues, le rock. Des sonorités western, une voix grave envoûtante, un timbre puissant qui chuchote puis crie, ose mélanger les genres et les ambiances mais garde pour mot d’ordre l’intensité. Des EPs peuplent déjà sa très belle discographie. « Would (right in front of your eyes) » et « Candyman » suffisent à se plonger dans cet univers sobre, à juste titre comparé à ceux de Nick Cave et Leonard Cohen.
Un showcase pour tomber amoureux.se
Trois jours pendants lesquels la musique est au cœur de chaque instants. En la matière si les soirées sont emplies de concerts, les journées sont aussi l’occasion de se laisser aller aux découvertes grâce aux showcases proposés dans les nombreuses salles de l’évènement. Et s’il fallait retenir un nom de ces temps intimistes, celui de Loverman serait à graver au fer blanc. Espoir du label Pias pour cette fin d’année 2023, le belge est sur scène une claque qu’il est bon se prendre en pleine face. En cause de l’excellence seulement comme l’on en voit tous les 10 ans dans le paysage musical.
Le monsieur se présente ainsi sur scène seul derrière sa guitare. Impossible de se préparer à la demie-heure que l’on s’apprête à vivre. Une voix grave dont le timbre inégalé appelle à se précipiter au plus proche de la scène. En la matière, il n’est pas sans évoquer un autre grand de la musique : Asaf Avidan. Non que les deux voix soient comparables. Mais toutes deux sortent tellement du lot, qu’elles s’encrent immédiatement dans les esprits. Celle-ci est rauque, puissante, bestial. Tout comme Loverman lui-même, hypnotisant dès la première note. Le titre est blues, très écrit, il est long mais n’a aucune longueur. A-t-on seulement envie qu’il finisse de toute façon ?
Et puis, le voilà qui lâche sa guitare. Nous étions fascinés, nous voilà conquis, entièrement. Avec pour seule arme sa cymbale, il devient félin. Lâché dans l’arène, il ne tient plus sur scène. Il bondit alors dans la fosse. Regardant l’assistance yeux dans les yeux, il dégage une telle prestance qu’il faudra rougir faute de se sentir l’étoffe de dévisager la braise qui l’illumine. Pendant que le public rougit, lui rugit. La voix rauque se mut en cris, profonds, puissants, juste. Insaisissable, le musicien grimpe sur les enceintes, se perche, se penche, ondule, met en avant ses bras puissants en un jeu d’une sensualité qui ne laisse personne indifférent.e.
Bouche bée, le public est invité à se ressaisir alors qu’il explique avoir pris un bus à 6 heures du matin pour venir de Belgique et s’étant perdus, avoir retrouver de bon matin, son ingénieur du son endormi devant sa porte. L’occasion de sourire avant que le concert ne reprenne. Et le bombardement incessant. Celui des qualités qui ne cessent de fuser. « Vous préférez un morceau doux ou énervé ? Plutôt énervé ? C’est toujours pareil » s’amuse-t-il à lancer. Il faut dire que la puissance qui se dégage des titres énervées fait envie. Un concentré si pure qu’il en devient un exutoire pour l’assistance. Loverman consume, transforme les énergies, prend la colère pour la magnifier, la sublimer. Où était-il tout ce temps ? Comment si grand talent n’a-t-il pas été découvert dès les premières notes qu’il a pu fredonner chez lui ?
Le voilà maintenant qui se lance dans un pari risqué. Faire chanter l’assistance avec lui. Un public professionnel, à midi. L’affaire parait complexe. Mais comment dire non à se regard qui nous dévisage ? Alors voilà le public qui reprend les notes tel un chœur de prières et derrière Loverman commente des prouesses vocales, des cris, de l’énergie tout en dansant au centre de la Boule Noire. Le souffle maintenant court, on profite de sa reprise du micro pour un dernier titre. Une dernière prouesse. Comme on le disait plus tôt, le chanteur dévoilera bientôt son premier album « Lovesongs ». C’est dans ce cadre qu’il se produit une seconde fois, le soir cette fois-ci aux Trois Baudets.
Nuit embrasée
Quoi de mieux, à la découverte d’un artiste que de pouvoir le voir deux fois en un jour ? Cette fois-ci, ce sera aux Trois Baudets que Loverman déchainera sa fougue. Il y a quelque chose de presque décevant à cela d’ailleurs, pour les autres qui n’ont pas pu le découvrir le matin même. Car si la Boule Noire est un lieu parfait pour la performance de Loverman, les Trois Baudets risque d’obliger l’artiste à… rester sur scène.
Dans la salle, les places se font de plus en plus rares. Les gens se précipitent presque et étrangement, ignorent dans leur course, le premier rang qui reste complètement inoccupé. Pour l’instant. À 23h15, Loverman débarque, vêtu d’une chemise en dentelle rouge, d’un pantalon jaune et de bottes noires. « Je suis belge, et j’ai mis les couleurs de mon pays » lance-t-il sur le ton de la blague.
Il commence avec le même morceau qu’à la Boule Noire. Call me your loverman, susurre-t-il dans son micro. Le public est parfaitement silencieux, lui laissant tout l’espace du monde pour se déployer. Seulement là… le monde est petit. Les fauteuils l’empêchent de sauter dans la foule, alors il zigzague sur l’avant-scène, cymbales en main. Comme un lion en cage, incapable de bouger, prêt à bondir.
À nouveau, il souhaite faire chanter l’assistance. Come along for the ride, sing a song tonight… Alors ose-t-il descendre dans la salle, s’installe au deuxième rang, accroupi face au public et lui fait répéter inlassablement ces deux phrases, encore et encore. « On peut le faire jusqu’à la fin du concert si vous voulez ». Il reste 20 minutes.
Après avoir laissé son micro à un spectateur venu se placer au premier rang, Loverman retourne sur scène et entame quelques notes de piano. Le micro récupéré, il entame l’ultime morceau de la journée ; une reprise de « After You’ve Gone » un tantinet plus punk que la version originale. Assis à son piano, Loverman se laisse posséder par la passion qui l’habite. Il peine à rester assis et hurle de toutes ses forces… Puis il s’apaise, le morceau touche à sa fin. D’une révérence, il remercie le public et disparait.
Il laisse derrière lui la certitude d’avoir eu la chance de le voir sur scène avant qu’il ne devienne immense et qu’il ne faille se battre pour acheter les places de concert. A bout de souffle, de retour dans les rues bondés du MaMA festival, l’amour plane. Celui de la musique mêlé à l’urgence d’écouter en boucle tous les morceaux disponibles de Loverman e studio cette fois. Quand on aime, on ne compte pas.
Texte : Julia Escudero et Pénélope Bonneau Rouis
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