Avant de se lancer dans un blâme rageur et déçu, excusons Rock en Seine qui ne sont en rien responsables de la performance miteuse des new-yorkais. Le festival a réalisé l’exploit d’obtenir en exclusivité un groupe légendaire, dont à peu près tout le monde est fan, pour clôturer leur anniversaire et, aucun des moult problèmes du set ne leur revient. Récit aux allures de farce tragique d’un concert plus que minable.
Cette journée de clôture démarrait bien, sous un beau ciel bleu, les papillons volaient dans le ciel et dans les ventres des festivaliers. Les pelouses semblaient sponsorisées par le groupe new-yorkais tant leur logo arborait d’excitation les torses déambulant dans le domaine de Saint-Cloud. Peu importe où, peu importe quand, c’était leur nom qui était aux lèvres de toustes durant la journée. Les fans étaient au rendez-vous, la soirée s’annonçait mémorable – notez l’usage de l’imparfait à valeur « d’imminence contrariée ». Imminence, pas tellement, parce que la bande à Casablancas arrive d’ailleurs en retard. Enfin… c’est la seule chose qui ne peut pas leur être reprochée, Bonobo n’avait pas fini son set sur la Cascade.
Patatras, tout s’écroule
22h07 donc, Rock en Seine s’apprête à être marqué au fer rouge par les mélodies cultes des américains. Quinze minutes durant, les tubes s’enchaineront. L’ambiance grimpe, Last Nite et The Adults are Talking, déchaînent les foules, 40 000 festivaliers s’époumonent pour faire entendre leur voix. Voilà quinze minutes que nous aurions dû chérir. Car patatras, tout s’écroule. Casablancas, complètement ivre (si si, vu le nombre de verre autour de lui, il n’était pas shooté à l’H2O), débute un one man show à deux balles avec son bassiste, amusant et spontané au début, très vite malaisant. Mais un nouveau tube repart, alors ce n’est pas grave, on saute, on chante, on applaudit et – on coupe le son ! Oui oui, le son se coupe. Normal pour un groupe de cette renommée ! Et c’est bien la faute du groupe puisque, même si la qualité du son n’était pas nécessairement de mise à Rock en Seine cette année, le festival avait au moins la décence de laisser les musiques des artistes en entier. Puis ce problème, les Strokes l’avaient déjà rencontré deux jours plus tôt en Angleterre. Alors durant 1h15 (parce qu’ils n’ont joué qu’1h15 des 1h30 prévu), le son se coupe de temps à autre, comme un téléphone trop éloigné de l’enceinte bluetooth. Cela même pendant plusieurs secondes parfois, jusqu’à ruiner l’intro du célèbre Someday. Évidemment, sur scène on en a rien à foutre, et on continue les pitreries jusqu’à la fin. Pas une excuse auprès du public n’est adressée à ce sujet.
En roue libre
Mais attendez la suite il y a mieux ! Casablancas s’embrouille avec son batteur au milieu d’une chanson, le groupe démarre des impros de gamin à deux reprises, durant 2-3 minutes chacune, et ce n’est même pas un peu amusant. Les titres peinent à s’enchainer. Casablancas chante faux. Entre les chansons, des pseudos tentatives d’humour installent progressivement une immense gêne. Quelques huées discrètes retentissent durant le set. Et alors qu’il reste vingt-cinq minutes au concert, Casablancas décide qu’il n’en restera que quinze. Il n’a qu’une envie, c’est de se barrer. En roue libre complète, c’est comme si les Strokes étaient venus remplir les grandes lignes du contrat pour récupérer leur chèque. Rock en Seine est en train de se faire chier à la gueule par le groupe le plus attendu du week-end ; dommage, il y a souvent la queue aux toilettes ici. Après quelques moments un peu sympa comme Reptilia, les coupures de son n’ayant jamais cessé, la délivrance arrive enfin: Is this it (yes this is it !) clôture très lentement un set pitoyable. Les Strokes ne saluent même pas, un rappel peut-être ? Les « feu » fans n’en ont même pas envie, saluant leur ancien groupe favori par des huées.
L’humilité et la proximité ont beaucoup à offrir
Enfin, pour répondre à quelques avis que nous avons pu croiser sur les réseaux, nous ne pensons pas ici qu’être nonchalant et « rock ‘n’ roll » signifie se foutre autant de la gueule d’un public – des exemples de groupes qui parviennent à faire les deux à la fois, il y en a des centaines, il suffit de regarder des lives de Nirvana (pour n’en citer qu’un). Nous ne pensons pas encore que si les fans avaient été plus fans, le concert aurait été mieux. Des fans, il y en avait à foison, il suffisait d’entendre le volume sonore avec lequel étaient entonnés les premiers titres. Mais forcément, un show pourri comme celui-ci, ça laisse sans voix. Nous ne pensons pas non plus qu’il fallait être un « vrai fan » ou un « vrai connaisseur » du groupe pour apprécier ce live, nous pensons seulement qu’aucun nom n’est assez grand pour cracher au visage de ses fans comme l’ont fait les Strokes ce soir et plaignons ceux qui pensent l’inverse. L’humilité et la proximité ont beaucoup à offrir, rappelons nous le moment hors du temps qu’était le concert de Nick Cave et ses Bad Seeds l’année dernière.
Alors merci tout de même à Rock en Seine d’avoir permis à de nombreuses personnes de découvrir en live un groupe culte, nous avons pu confirmer leur réputation de nos propres yeux. Cette clôture restera gravée dans les annales, seulement, ce ne sera pas pour les bonnes raisons. Le public est venu, il a vu, il a été déçu. Personne n’aime être insulté comme les Strokes l’ont fait ce soir. C’était le show de la honte. Bien sûr, il est impossible de se lasser des superbes compositions du groupe, parce que même si tout de suite cela nous fait chier, il faut admettre qu’elles sont géniales, cependant, pas en live. Parce que les Strokes en studio, on adore, mais bordel, qu’ils y restent.
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