Le 25 avril 2018 sortait sur Amazon, en format kindle et prochainement en bon vieux format papier, le premier tome de la tétralogie de SF « La Noirceur des étoiles » intitulé sobrement « Les yeux noirs ». A cette occasion, Pop&Shot a rencontré Jessica Naide l’auteure de l’ouvrage pour évoquer son parcours, ses influences et ce qu’implique de nos jours de s’auto-éditer. Interview.
Pop&Shot : Peux-tu nous pitcher la Noirceur des étoiles ?
Jessica Naide : La Noirceur des étoiles est une série de roman de space opera. Les Yeux noirs en est le premier tome.
Dans un univers en guerre divisé entre différentes Ethnies, nous suivons un capitaine de vaisseau, Iwata Kazuya, considéré comme un traître dans la plupart des galaxies, qui cherche à comprendre pourquoi dans un monde où la Nature n’est qu’une légende, celle-ci continue de lui apparaitre en rêve.
L’histoire commence lorsqu’au fin fond d’une galaxie, son existence bascule alors qu’il trouve un vaisseau abandonné. À l’intérieur de ce vaisseau, dans une salle immense où la représentation d’une jungle est peinte au plafond, il se heurte à un étrange jeune homme qu’il sauve d’une morte certaine.
P&S : Est ce que tu peux nous en dire plus sur toi, ton parcours ?
JN : J’ai un parcours qu’on pourrait qualifier d’atypique, j’ai réalisé des études d’ingénieur puis de marketing avant de me retrouver en agence de communication à Tokyo au Japon, un pays qui m’a laissé de très fortes influences dans ma créativité. J’ai ensuite travaillé au sein du milieu digital sur Paris. J’ai commencé à écrire des nouvelles et des romans il y a environ huit ans. Aujourd’hui, lorsque je n’écris pas, j’essaie au maximum de voyager et de danser.
P&S : Quelles sont tes influences ?
JN : Mes influences sont très diverses. On peut citer en premier les séries de science-fiction et fantastiques tel que Farscape, Firefly, Buffy contre les vampires, Cowboys Bebop… Je dirais également tous les films de SF et fantasy des trente dernières années ! Par exemple, l’Histoire sans fin, Star Wars, Pacific Rim, Dune, Jurassic Park, Terminator…. J’aime les œuvres qui sont portées sur le mysticisme ou la politique comme Dune ou BattleStar Galactica ou celles vraiment badass comme le dernier Mad Max ou même John Wick.
Coté littérature, j’ai été une grande lectrice des romans Star Wars notamment la série des X-wings ainsi que de nombreux livres de fantasy comme l’Assassin Royal, l’Arcane des épées… Globalement, je me nourris beaucoup de l’imaginaire et de ses codes, mais on peut aussi voir l’influence de la romance sur mes récits, des histoires d’amour avec un grand A comme Outlander tout comme des soaps (dont je tairai le nom pour notre bien à tous) aux rebondissements dramatiques invraisemblables. Enfin, l’auteur qui m’inspire le plus est Laurent Gaudé où chacune de ses histoires se transforme en un récit épique, humain et toujours bouleversant.
P&S : Comment prend-on la décision de s’auto éditer ? Est-ce que c’était ton souhait premier ou bien as-tu essayé d’autres voies auparavant ? Quelle vision as-tu de l’auto-édition ?
JN : La décision de s’autoéditer est unique à chaque auteur. Pour ma part, j’ai décidé de publier la Noirceur des étoiles en parallèle de ma recherche d’une maison d’édition. L’auto-édition est pour moi un moyen de faire exister mes romans en les proposant tels que je les ai écrits aux lecteurs. J’aime comparer ça comme une sorte de sortie indépendante d’EP littéraire ! L’auto-édition autorise les auteurs à sortir le nez de leurs écrans et montrer au monde ce qu’ils sont capables de faire. Il est très difficile de s’auto-éditer seul, alors les auteurs font appel à leurs amis, des bénévoles, parfois même des indépendants, cela crée une véritable émulsion autour de l’oeuvre qui est très motivante et appréciable. Si je souhaite à terme travailler avec une maison d’édition pour pouvoir être accompagnée et soutenue par des professionnels, l’autopublication est une super aventure, qui prend beaucoup de temps, mais qui est également extrêmement formatrice.
P&S : Est-ce que c’est ton premier texte que tu finis ou bien il y’a-t-il des inédits que tu as décidé de ne pas (encore?) publier ?
JN : Les Yeux noirs est le premier livre d’une série de quatre tomes déjà tous écrits et finalisés. Leurs sorties en auto-édition sont prévues pour les prochains mois. Je travaille également sur deux autres projets d’écriture, une romance pure et une autre série Science-fiction/Fantasy.
P&S : Comment édite-t-on un roman ?
JN : Avec un éditeur ! 🙂
Sinon, on demande à ses amis de lire et relire pour voir si le roman a du potentiel, ensuite on trouve des amis correcteurs (ceux qui cachent habituellement leur tendance de grammar-nazis ?) et ensuite on relit, on relit et on relit. Une fois que l’histoire est bouclée, cohérente et validée par soi-même et quelques lecteurs en qui ont a confiance, que le texte est nettoyé tant au niveau de l’écriture que de l’orthographe, la grammaire et la typologie… On relit… Et on recommence.
En parallèle, il faut gérer la partie juridique de la publication numérique, mais aussi celle, différente, de la version papier, trouver un illustrateur (talentueux) pour la couverture et suivre son élaboration. Il y a ensuite toutes les étapes assez longues de mise en page, en mise en forme que ce soit pour la version numérique que pour la version papier. Enfin, il y a la relecture finale et les ultimes tests sur les deux versions.
La Noirceur des étoiles : « J’aime me laisser surprendre par l’histoire, les personnages, les situations ! »
P&S : Comment se passe la création d’un roman ? As-tu une méthode particulière d’écriture ?
JN : Je suis une jardinière, c’est-à-dire que je possède les grands axes dans la tête, mais je ne prépare pas de plans détaillés à l’avance. J’aime me laisser surprendre par l’histoire, les personnages, les situations ! Les jardiniers ont par conséquent un travail de remaniement plus important (il parait !). Pour écrire, je pars du décor et des personnages, j’élabore toujours les scènes capitales selon ce que mes personnages vont ressentir comme émotion pendant l’action. Les personnages sont la clé pour avancer. En parallèle, j’articule les scènes pour donner un tout cohérent que ce soit au niveau des sentiments que des enchaînements de situations et des rebondissements. Ma méthode particulière est de rester le plus possible dans la lune tout en observant les habitants de la Terre. 🙂
La Noirceur des Etoiles : « Ecrire sur un couple d’hommes me permet de dynamiter le sujet du genre »
P&S : Le couple principal est un couple gay. Est-ce un choix sciemment fait, en ces temps troublés, avec un message derrière ou bien était-ce tout simplement naturel pour toi ?
JN : Mettre en scène des personnages est toujours un choix et celui d’écrire sur un couple gay n’est donc pas un hasard. À chaque fois que l’on me pose cette question, je me surprends à donner une réponse différente sans que les autres ne soient pas moins vraies. Je vais donc essayer de donner une réponse exhaustive (mais qui ne le sera donc pas !).
Premièrement, écrire sur un couple d’hommes me permet, pour ma part, de faire paradoxalement dynamiter le sujet du genre. J’ai lu bon nombre de romans traitant de couples hétéro (surtout des romances) qui sont pour la plupart du temps soumis au stéréotype du genre, que ce soit des clichés gros comme un vaisseau spatial (Un mec riche, beau et un peu torturé et une nana sympa, pas trop moche, mais un peu bordélique) ou que l’on retrouve dans des contextes plus pernicieux : ainsi, même si Leia est l’une des princesses les plus badass de tous les temps, elle se fait tout de même embrasser contre son consentement avant de tomber amoureuse du mec cool. C’est peut-être chercher la petite bête, mais une fois que l’on est sensibilisé à ce genre de détails, on a du mal à s’en défaire. Attention, je ne dis pas que les romances gays échappent aux stéréotypes, loin de là, d’ailleurs, je m’en amuse dans les Yeux noirs. Mais simplement, je n’avais pas envie d’écrire sur un couple hétéro et me rendre compte à la fin que j’avais dépeint un couple ultra cliché. Pour éviter ça, je suis parti du principe d’essayer d’écrire sur un couple qui finalement pourrait presque être interchangé par un couple hétéro, gay ou lesbien sans que cela influe sur l’essence même du récit. C’est en ça qu’écrire sur un couple gay peut faire, encore une fois dans mon processus d’écriture, exploser la question du genre.
Ensuite, faire apparaitre un couple gay a aussi un coté militant à sa façon, c’est aussi une manière de vouloir une diversité dans les récits SF/imaginaire qui n’existent pas forcement beaucoup. (Même si je trouve que cela change depuis quelques mois). C’est le même choix que celui d’écrire sur des personnages typés asiatiques. Je voulais des héros forts, émancipés, charismatiques, qui soient un peu éloignés du héros américain moyen, grand, blond musclé et hétéro. (Même si j’aime beaucoup Steve Rogers et que mes héros sont irrémédiablement musclés !).
P&S : Au fur et à mesure de la progression du récit, on voit apparaître, si ce n’est un message, tout un sous-texte écologique, avec, notamment, la Deuxième Ethnie qui exploite de gré ou de force au fur et à mesure les ressources de son entourage, c’est quelque chose d’important pour toi ?
JN : Oui, c’était un des messages premiers de l’histoire. Mais je voulais qu’effectivement le lecteur ne le découvre que petit à petit, un peu comme on est enfant, où tout parait normal jusqu’au moment où l’on découvre que sa propre existence à une influence majeure sur la planète, mais aussi que l’on fait partie d’un système un peu pipé à l’avance auquel on aura que peu de chances d’échapper de notre vivant.
Les personnages de la Noirceur des étoiles sont ainsi piégés dans leur système politique, économique, social et l’on voit que la plupart tentent d’évoluer autour de ce système que ce soit en l’utilisant ou en étant, au contraire, en marge de celui-ci, que ce soit par choix, par idéologie ou par contrainte.
La question de la Nature est à la fois centrale puisque c’est l’objet du récit, mais également diffuse. Un peu comme aujourd’hui, où la question du réchauffement climatique est primordiale, mais à laquelle on ne pense pas forcement en se levant chaque matin. Je voulais que cet enjeu soit comme un bruit de fond qui prend de plus en plus d’importance au fil du récit.
P&S : Qu’est-ce qui est venu en premier dans la genèse de la Noirceur des étoiles : écrire un space opera, une histoire d’amour ou faire une fable écologique ?
JN : Tu as tout compris, car cela a toujours été les trois à la fois ! L’aspect écologique a été, dès le départ, l’enjeu de l’histoire, son décor autant que son fil rouge et son dénouement. Le space opera s’est imposé un peu tard, juste après la question de l’histoire d’amour. La question écologique ne va pas sans l’histoire d’amour, car on découvre très vite que les deux personnages principaux sont liés, l’un comme l’autre, et de façon très différente, à la Nature.
De mon point de vue d’autrice, la Noirceur des étoiles est autant une histoire de couple qu’une histoire d’amour. Mon idée était : quand l’amour est là, que peut-il se passer ? Que peut-on décider d’en faire ?
Je voulais avant tout parler de l’amour comme force créatrice, m’intéresser à l’acceptation du lien pour finalement parvenir à l’acceptation de soi. L’idée est de partir de l’amour entre deux êtres pour le faire vivre au sein du couple, mais aussi au-delà. Le couple est ici le point de départ de l’histoire, le déclencheur de la quête principale, et l’épanouissement des personnages n’est ainsi donc pas limité à leur seule histoire d’amour.
P&S : Pour conclure, quel conseil donnerais tu à quelqu’un désirant se lancer dans l’écriture?
JN : Je ne sais pas, mais je suis preneuse !
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