Jeune lycéenne sans histoires, Vee ( Emma Roberts) décide de s’inscrire au jeu du moment : Nerve. Ayant le choix d’être un « Watcher » ou un « Player », la jeune fille décide, à la surprise de son entourage, de jouer… C’est le début d’une longue nuit pleine de défis pour Vee, bientôt rejointe par le mystérieux Ian ( Dave Franco)… Un thriller adolescentin avec en têtes d’affiche deux acteurs à la mode ( Roberts et Franco) et réalisé par le duo responsables de « Paranormal Activity 3 et 4 » : on peut tout autant être agréablement surpris que passer un mauvais moment… Duquel des deux est on le plus proche ? On vous dit tout…
Il faut se méfier des apparences… En lisant le début de cet article, en voyant que le duo de réalisateurs avaient commis « Paranormal Activity 3 » ( le meilleur de la saga selon moi) et « 4 », on pourrait être tenté de considérer Henry Joost et Ariel Schulman en se bouchant le nez. Seulement, en regardant d’un peu plus près leurs parcours, on se rend compte rapidement qu’ils se sont fait connaître avec un premier projet du nom de « Catfish ». Catfish est un documentaire qui buzza un peu en 2010-2011, en effet, on y voyait le frère d’un des deux membres du duo traverser l’Amérique pour finalement se rendre compte que sa douce promise avec qui il chattait via les réseaux sociaux n’existait que dans l’esprit torturé d’une desperate housewife s’ennuyant un peu trop. Joost et Schulman vont développer ce concept pour la chaîne MTV sous la forme de docu-réalité depuis 2012. Au final, au vu du sujet, Joost et Schulman n’étaient ils pas parmi les mieux placés pour réaliser un film ayant pour fond les dérives des réseaux sociaux et du voyeurisme sur Internet ? Sur un scénario de Jessica Scharzer (8 épisodes d’American Horror Story toutes saisons confondues rédigés par ses soins), l’adaptation de l’unique roman « Addict » de Jeanne Ryan est il un succès ?
L’introduction, au son du mignonnet « Can’t Get Enough » de Basenji, nous permet d’introduire rapidement le personnage principal de Vee incarnée par Emma Roberts ( le petit bijou« It’s kind of a funny story », « American Horror Story », « Scream Queens »), via ses interactions sur le Web ( qui elle like, avec qui elle skype,etc…). Un moyen aussi logique, au vu du sujet, qu’habile pour nous présenter l’héroïne du métrage. En quelques minutes, on nous croque les relations de Vee avec sa mère ( Juliette Lewis – « Une nuit en enfer », « Kalifornia », « un été à Osage County »), sa meilleure amie ( Emily Meade – « The Leftovers », « Celibataires…ou presque ») ou bien encore son ami-confident-amoureux transi ( Miles Haizer – Parenthood, The Stanford prison experiment – qui sait faire exister son personnage de façon convaincante en quelques scènes). Ainsi quand Vee décide de franchir le pas et de jouer à Nerve, on comprend ses motivations et le peu d’enjeux des premiers défis nous fait accrocher à l’histoire. A sa place, ne serions nous pas tentés de faire la même chose ? Assez rapidement, elle fait équipe avec le mystérieux et populaire Ian et repousse de plus en plus loin les limites… La première moitié du film est assez convaincante en cela qu’on arrive à s’intéresser au sort du personnage principal, que le jeu Nerve en soi semble crédible et pourrait très bien exister actuellement, l’image est jolie, la musique passe toute seule… Mais maintenant qu’on est confortablement installé dans l’histoire et qu’on est globalement au niveau d’infos qu’on peut avoir en regardant seulement la bande annonce, quelle est la suite ? Justement, c’est là que ça se gâte…
En se laissant bercer par les premiers défis de Vee, on se dit que tout n’est pas si simple et qu’il va bien finir par y avoir des complications. En attendant de les voir arriver, on peut repenser au mésestimé « The Game » de Fincher, il y a une vingtaine d’années déjà… On sait que la critique des réseaux sociaux va poindre le bout de son nez, la course au like en prendre pour son grade, bref, on se doute qu’on va nous dire qu’Internet c’est le mal, qu’il faut faire attention, etc… Bref rien de nouveau sous le soleil pour quiconque a déjà regardé un épisode des « Experts : Cyber » !
La suite tourne malheureusement au jeu de machination un peu vague. Sommés de finir le jeu par « Nerve », Vee et Ian devront-ils pour cela commettre l’irréparable ? Et ne voilà t-il pas que le dernier tiers du film nous convoque le « dark web » ( sous la forme d’une joyeuse bande de préados jouant au pingpong dans un bâtiment désaffecté), une machination diabolique de la part de Nerve, un round final du jeu Nerve en plein air et en public avec pour objectif final la mise à mort d’un des participants, un monologue critiquant l’anonymat et la lâcheté des participants du jeu… N’en jetez plus, la coupe est pleine ! Agréable de prime abord, beau à regarder et à écouter, « Nerve » ne tient pas la distance du fait d’une critique un peu creuse et convenue des réseaux sociaux, d’un scénario passe partout et à aucun moment on n’arrive à avoir peur pour les personnages… La ficelle est un peu trop grosse et quand survient le twist final, on l’accueille avec un détachement frôlant le je je-m’en-foutisme. Un bon film de dimanche après midi pluvieux. Ça tombe bien : Nerve devrait sortir en DVD prochainement et c’est déjà l’automne, c’est pas ce qui va manquer les dimanches pluvieux…