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L’extrême droite, comme tout bord politique cherche à recruter. Plus que n’importe quelle autre appartenance politique, celui-ci qui ne dupe pas la totalité des foules et  a grand besoin de se rendre sympathique dans une quête perpétuelle de « se dédiaboliser ». Et pour se faire, pour magnifier sa communication, ces derniers n’hésitent pas, de par le Monde, à utiliser des morceaux et l’image artistes connus dans leurs meetings ou comme faire-valoir. Le détournement est massif. C’est bien là que les choses coincent. Parce que la musique, très souvent politisée, combat en écrasante grande majorité les idées de ces partis et de leurs adhérents. La culture de façon générale s’est toujours opposée aux politiques répressives et a toujours été  aux côtés de la justice sociale . Ce qui était vrai pour Jean de La Fontaine ou Victor Hugo l’était tout autant pour The Clash, Green Day ou encore John Lennon et l’est encore plus aujourd’hui.

donald trump musique vinyleUtilisation abusive, retournements de messages initiaux, les atteintes sont nombreuses.  Ces politiques utilisent l’image de musicien.nes qui sont pourtant leurs opposants pour créer l’adhésion. Petit tour non exhaustif d’une histoire qui oppose musique et politique.

Mylène Farmer et la comparaison à Marine Le Pen

C’est arrivé ce 5 décembre 2025,  Jean-Philippe Tanguy, député du Rassemblement National à l’Assemblée Nationale, profitait d’une interview sur France Info pour faire une bien étrange comparaison. Il était alors interrogé sur la célèbre radio en réaction à un sondage IFOP Elle, selon lequel 30 % des personnes homosexuelles seraient prêtes à voter pour Jordan Bardella s’il était candidat à l’élection présidentielle de 2027. Le voilà qui expliquait que Marine Le Pen était un peu comme Mylène Farmer. Et d’argumenter : « Discriminée toute sa vie à cause de son nom, Marine Le Pen à cette même blessure que les homosexuels. Elle les comprend comme Mylène Farmer ». Une comparaison plus que mal venue qui n’a pas manqué de faire réagir, autant sur les réseaux sociaux que dans la presse. Ce n’est pourtant pas la première fois que l’image de la chanteuse est utilisée par le RN et son ancêtre, le FN. En 1995 déjà, un sosie de la musicienne se produisait lors de meetings du Front National. Line Gregory, de son prénom,  interprétait le titre « Sans contrefaçon » face aux militants du mouvement, brandissant des pancartes type « Les jeunes avec Le Pen. » A l’époque déjà, Mylène Farmer se révoltait de l’utilisation abusive de son image et quelques peu incompréhensible. Elle profitait d’ailleurs  du JT de France 2 pour prendre la parole : « Je suis scandalisée d’apprendre que Monsieur Le Pen ait pu utiliser mon image et tromper les gens de cette façon. Je trouve que ce procédé est révoltant, c’est scandaleux. » Elle portait alors plainte contre Jean-Marie Le Pen, un procès qu’elle gagnera sans « contrefaçon » mais ne suffit à priori pas éviter que l’histoire ne se répète.

mylene farmer sans contrefacon le pen D’ailleurs, pour la petite histoire dans la grande histoire (ou détail de l’histoire comme vous préférez), l’ancien président du FN, aujourd’hui décédé entretenait une histoire particulière avec le monde de la musique, puisque, le saviez-vous ? Il avait aussi créé un label d’édition en mars 1963. Suite à sa défaite aux élections législative, Il fondait en effet la Société d’études et de relations publiques, une agence de communication. La Serp se spécialisait alors dans la publication d’enregistrements sonores de grands textes historiques et de chants militaires. Son catalogue allait des discours de Lénine aux chants de l’Armée Rouge en passant par … les discours d’Adolphe Hitler. Voilà qui lui vaudra d’être condamnée en 1968 pour apologie du crime de guerre. En effet, l’un des pressage comprenait des chants du IIIème Reich mais surtout une pochette présentant un Hitler triomphant ainsi qu’au verso un texte qui fut jugé apologique du führer. Le disque fut retiré de la circulation pour être ré-édité par la suite sans la pochette incriminée. Aujourd’hui Marine Le Pen fait tout pour se détacher de l’image de son père. Notamment depuis 2015 alors que celui-ci s’en prenait à un autre musicien, Patrick Bruel promettant d’en « faire une fournée » avant de réitérer sa promesse dans le journal Rivarol. Tout ? disons qu’on aura tout de même déjà vu plus radicale comme rupture. Le discours de Sébastien Chenu, député RN et vice président de l’Assemblée Nationale tente d’aller en ce sens et d’appuyer ce propos : « Les homosexuels ont un rapport plus incisif à la liberté parce qu’ils ont dû faire acte de violence symbolique pour la conquérir. » Pour autant, il y a fort à parier que la créatrice de « Anamorphosée » n’est peut-être pas pour autant flattée par la comparaison.  D’autant que Marine Le Pen, qui se veut « l’amie » des personnes LGBT+ était, on le rappelle opposée au Mariage pour Tous et promettait même en 2013 que si elle était élue à la présidence le République, elle l’abolirait. Mylène Farmer, elle s’était positionnée en 2012 en faveur (évidente) de la loi Taubira, en couverture du magazine Têtu, si on veut pousser l’analogie.

Donald Trump : Sabrina Carpenter, les Village People, Charli XCX et les autres…

La France n’est pas un cas isolé en matière d’utilisation de musique pour promouvoir  ses campagnes politiques et ses célébrations de partis. En tête de liste le président américain, Donal Trump a une liste sans fin de morceaux utilisés au détriment d’artistes qui ne partagent en rien ses opinions. Dernière en liste, Sabrina Carpenter. Le titre de la chanteuse, « Juno » avait en effet été utilisée en tant que bande son d’une vidéo montrant une séquence d’arrestation musclée dans le cadre de durcissement de la politique migratoire du chef des MAGA. La réaction de la chanteuse ne s’est pas faite attendre : « Cette vidéo est ignoble et répugnante. Ne m’associez jamais, moi ni ma musique, à votre programme inhumain. » dénonçait-elle sur les réseaux sociaux. De son côté, Abigail Jackson, porte-parole de la Maison Blanche s’est alors empressée de lui répondre : « […] Nous ne nous excuserons pas de renvoyer des meurtriers, violeurs et pédophiles illégaux hors de notre pays » puis d’ajouter : « Toute personne qui défend ces monstres doit être stupide, ou attardé ? ».  Personne ne s’attendait à une réponse respectueuse de la part du bureau ovale et pourtant, ce dernier franchit toujours toutes les limites.

sabrina carpenter juno trumpLa musicienne rejoint un long palmarès d’artistes ayant demandé au président américain et son équipe de ne pas utiliser leur musique pour promouvoir leurs idées. Parmi eux, on retrouve notamment Beyoncé qui avait menacé de déposer un recours auprès des équipe de la Maison Blanche pour l’utilisation du titre « Freedom ». Ce dernier était devenu par la suite l’hymne de la candidature de Kamala Harris,  pour laquelle la star avait publiquement affiché son soutien. Trump a par ailleurs développé une playlist variée qui va vastement piocher du côté de ses opposants. En 2024, il concluait son discours annonçant sa victoire au parc des expositions de Palm Beach par le titre « YMCA » des Village People. Cet hymne queer est devenu en quelques sortes, le morceau de ralliement de Trump. Tout débute en 2020 alors que le titre est inscrit au National Recording Registry de la Bibliothèque du Congrès, alors reconnue comme «culturellement, historiquement ou esthétiquement significative». Il devient alors un simple morceau festif et perd, du moins aux yeux d’un certain public, tout son côté subversif et gay. Il résonne ensuite dans des rassemblements anti-confinement. Les lettres sont changées par la foule, YMCA, devient MAGA, quatre lettre, zéro rapport, bref. Le président se l’approprie pour dynamiser ses rassemblements ou danser sur des victoires sportives comme la clôture du tirage au sort de la Coupe du Monde de football de 2026. A ses yeux, le morceau représente la classe ouvrière sur laquelle Trump va lorgner les votes. Parmi les titres plus anciens qu’il utilise lors de ses meetings, on retrouve des morceaux de David Bowie, Elton John ou encore Bruce Springsteen. Ces choix ne sont pas le fruit du hasard : ils cherchent à éveiller une nostalgie des années 80 que les américains conservateurs voient comme l’âge d’or de la grandeur de l’Amérique. Pourtant même le classique ne veut pas être associé à son nom. En 2016, la famille de Pavarotti, dont il est un grand fan, lui demande d’arrêter de jouer le morceau « Nessun Dorma », un titre culte du chanteur d’opéra italien.

D’olivia Rodrigo à Taylor Swift

olivia rodrigo All American Bitch trumpCôté pop, un titre issu de la discographie de Charli XCX avait lui aussi été utilisé.  Pourtant, la chanteuse avait publiquement affiché son soutien à Kamala Harris, l’adverse de Trump, la qualifiant même de « brat » sur les réseaux sociaux. Un superbe compliment quant on y pense. Comme pour le cas Sabrina Carpenter, Olivia Rodrigo avait elle aussi vu son titre, « All-American Bitch » être repris sur une vidéo incitant les migrant.es sans papiers à quitter le pays. Sa réponse sous la vidéo postée sur les réseaux sociaux était sans appel :  » N’utilisez jamais mes chansons pour promouvoir votre propagande raciste et haineuse. » Le commentaire fut retiré (probablement par l’équipe présidentielle) tout comme le morceau, la preuve que cette fois-ci le message fut entendu. Pourtant, la peur d’un dépôt de plainte ne semble pas les effrayer.

taylor swift the fate of ophelia trumpEnfin impossible de ne pas souligner le bras de fer qui oppose l’administration Trump à Taylor Swift et  les accusations qui lui sont aujourd’hui faite d’être elle aussi une MAGA. On disait d’elle que son intervention pourrait à elle seule changer le cours des élections. Après un temps sans parler, elle avait finalement affiché son soutien à Kamala Harris. Plus tard, Trump qui ne cache pas son désamour pour elle lui lançait quelques tacles. Notamment alors qu’elle se faisait huer, s’amusant à dire que les MAGA avaient une longue mémoire. Depuis l’élection, la chanteuse ne s’est pas exprimée laissant spéculer les grands investigateurs des réseaux sociaux quant à une sympathie de la pop star la plus puissante du moment pour cette politique conservatrice. Les indices furent trouver en masse pour aller en ce sens. Jusqu’à un collier vendu sur son merch officiel représentant des éclairs qui seraient en fait un image nazie glissée discrètement (et la question du pourquoi quelqu’un ferait-il ça  ? ne se pose pas. Mais le bon sens dirait que si on voulait convaincre des fans de rejoindre une idéologie, on éviterait de faire un clin d’œil discret à coup de colliers). Toujours est-il que Trump expliquait lui détester Taylor Swift tout en laissant son équipe participer à une Trend sur « The Fate of Ophelia ». Utilisation face à laquelle Taylor Swift est également restée silencieuse. Doit-elle ou non s’exprimer ? Le débat est aujourd’hui ouvert. Il n’empêche que ses textes, ses anciennes prises de partie et son féminisme laisse à penser qu’elle fait bien partie de ceux dont l’image fut détournée par les MAGA.

Et cette playlist utilisée par Trump a pu être l’une des raisons de sa victoire. La musique de par sa capacité à accrocher, à rentrer dans vos vies devient rapidement familière, elle met en confiance. Ces choix n’ont rien d’anodin.

Une histoire qui ne date pas d’hier

the cure staring at the seaSi ces exemples de détournements font partie de l’histoire moderne, elle est pourtant intrinsèque à l’histoire même de la musique. The Cure, à titre d’exemple,  en fut une victime en 1978 lors de la sortie de leur morceau « Killing an Arab ». Le titre cherche à résumer une courte partie du texte d’Albert Camus, « L’étranger ». Pour éviter toute confusion concernant les paroles, le groupe envoyait alors à la presse un livret explicatif détaillant les intentions du titres. A la sortie de l’album « Standing on a Beach » qui l’inclut, une pastille est ajouté au vinyle pour préciser qu’il ne s’agit pas d’une incitation au racisme. Pourtant, rien n’y fait.  Malgré ces précautions, le Front National Britannique tente de le récupérer pour en faire un hymne xénophobe. La guerre du Golfe n’arrange rien. Entre 1990 et 1991, le groupe est obligé de donner des conférences de presse aux Etats-Unis alors que le morceau est repris comme un hymne guerrier sur de nombreuses radios. La BBC finit même par le censurer. A bout, Robert Smith, le meneur prévient sa maison de disques et lui demande que des poursuites soient immédiatement engagées en cas d’utilisation du morceau à des fins de propagandes.

Ce type de problématiques est particulièrement connue dans la scène punk. Si cette dernière va souvent piocher ses idées du côté des révoltes et de la gauche, ce n’est pas le cas de tout son public. Entre provocations et colère scandées en musique, la vaste histoire du punk va parfois rencontrer celle de mouvements néo-nazis. Il faut dire que l’histoire veut que le courant vient à chercher à regrouper les luttes des jeunesses issues de la classe ouvrière. Parmi elle, on retrouve de nombreux skinheads. Si le terme aujourd’hui est largement associé aux  nostalgiques du troisième Reich, ce n’était pas uniquement le cas à son origine. Il s’agissait surtout de revendications issues de classes très pauvres. Attention, on dit bien « pas uniquement » puisque la jeunesse skinhead rejoignait en masse les rangs des groupes politiques d’extrême droite britanniques à la fin des années 70 et au début des années 80. C’est ainsi que le courant oi!, sous genre du punk qui se développait dans la fin des années 70 se retrouva fortement identifier à ce type de revendications politiques. Les jeunesses skinheads, venaient massivement aux concerts de ces groupes.Si certains groupes vont effectivement s’allier à des revendications clairement racistes, d’autres tentent de s’y opposer radicalement. C’est notamment le cas du groupe Sham69, l’un des fondateurs du genre qui s’appelait initialement street punk. La formation s’allie au Clash et revendique ses oppositions à un public qui les suit et vient en masse foutre le bordel dans ses concerts. Le groupe participe au concert Rock Against Racism aux côtés d’artistes engagés comme The Clash ou Buzzcocks. Mais rien n’y fait. C’est d’ailleurs ce qui vaudra à la formation de se séparer, pour mettre une véritable distance avec un public qui détourne sa musique et son propos. Sa reformation ne se fera que quelques années plus tard. Cet exemple n’en est qu’un parmi tant d’autres à travers une très longue et large histoire qui se perpétue encore aujourd’hui. Car après tout si l’on peut séparer l’artiste de son œuvre, ne peut-on pas lui prêter des propos à l’opposé des siens ? La musique est une telle alliée de vie qu’elle peut facilement devenir une arme de propagande. A chacun.e de rester prudent.e et de prendre le temps d’écouter ce que les créateurs.trices ont à dire de leurs morceaux et pas les fumeuses interprétations qui en sont faites.

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Niandra Lades

Si la scène indépendante française regorge de pépites, il est parfois difficile de toutes les écouter, de toutes les découvrir. Il suffit pourtant de tendre l’oreille, d’arrêter de courir quelques secondes pour tomber sur un album d’une qualité indéniable et se laisser imprégner par un travail construit de bout en bout. Et si l’objet album est aujourd’hui remis en question, personne n’en écouterait plus parait-il , la musique se consommerait comme au fast-food, en zapping, avec urgence et sans prendre le temps de poser un nom sur les saveurs, il serait hérétique de traiter la musique de Niandra Lades avec si peu de respect. Certains titres se dégustent en menu intégral et méritent de prendre le temps d’être savourés. Peut-être est-il temps d’arrêter là l’analogie avec l’alimentation mais cette dernière semble remporter plus de suffrage sur les réseaux sociaux que la culture pourtant riche en sources d’émerveillement et de réflexions.

A en croire la biographie de Niandra Lades, nul besoin de courir pour être créatifs. Le quintet originaire de Clermont-Ferrand semble comme Grand Blanc avant lui, s’être inspiré d’une ville qui laisse au temps le loisir de s’écouler, à la nature de frétiller, pour mieux se plonger dans l’apprentissage musical. Si le TGV ne passe pas par chez eux, les bandes sonores elles sont bien présentes. Alors, ces cinq garçons « imaginaires » ont pris le temps de s’imprégner des 90’s de The Cure à Chokebore, de digérer ces références et puis d’innover. Exit une entrée en matière folk sur ses deux premières galettes, il est temps de laisser place au rock. Ce « You drive my mind » s’ouvre d’ailleurs sur le très puissant « Wrong Way Men » et ses guitares excitées. La pop sombre s’invite à une partie à toute allure alors qu’un refrain aussi instinctif que rythmé résonne en une mimique vocale inoubliable. Une claque d’entrée qui permet de poser ses valises, d’arrêter tout, le temps, la vie, et les obligations pour se concentrer sur l’objet ici en écoute. A 2 minutes 15, guitares et batteries s’emballent, on se surprend à hocher la tête comme sur un bon vieux Nirvana, le tourbillon est lancé, la machine prend de l’ampleur.

Voyage dans le temps entre pop et rock

Pas le temps de se reposer que la formation casse déjà sa dynamique donnant vie avec une logique implacable à une pop sombre qui sent bon Robert Smith. « You Drive my mind » qui donne d’ailleurs son nom à cette galette sait sublimer ses mélodies. Comme toujours lorsque la pop est bonne, qu’elle rencontre le rock, les riffs s’enchaînent naturellement. Le cocon est créé alors que le spectre de Blur règne maintenant sur l’album.

Fluidité toujours lorsque « The Same Boat » dévoile ses premières notes. Là encore pop entraînante et rock mélodique sont de la partie. Les accords se font gimmicks, la voix invite l’auditeur -déjà conquis- à rejoindre cette fête entre ombre et lumière comme les 90’s savaient si bien en créer. On descend d’un ton, et pourtant l’intensité augmente. Avec « #Untitles W/ Bass », on flirte avec la ballade. La fluidité des accords est à noter. Le titre s’avale d’une traite, s’intègre comme un classique, entre dans notre répertoire doudou en à peine quelques secondes. Niandra Lades ne joue jamais la carte des fioritures, n’est jamais grandiloquent. Non, sobriété, aisance et pop instinctive lui suffisent amplement. Nul besoin de casser les genres, de chercher à flirter avec des références 90’s dans l’air du temps et se faire mousser pour créer des titres efficaces au format relativement court (3 à 4 minutes en moyenne) qui donnent une envie compulsive d’appuyer sur repeat en boucle.

Il serait pourtant dommage de se contenter de répéter puisque chaque titre s’inscrit dans une continuité bienvenue et bien écrite où synthé, guitare, basse et batterie se donnent facilement la réplique. D’ailleurs voilà que « Malvo » fait la part belle à la basse, donne à sa pop un léger accent psyché, une batterie obsédante et une noirceur  en tourbillons. Voilà qui est vrai, les années 90 étaient puissantes, le rock avait alors une patte. D’ailleurs vous vous souvenez la bande originale des teen movies américains de ces années-là?  Tôt ou tard, une grosse fête se profilait et si on n’y twerkait pas, on s’y déhanchait sur du rock entêtant et qualitatif. Nous voilà enfin arrivés à ce passage particuliers avec « The Witches », sa voix filtrée et ses riffs percutants. Le voyage touche bientôt à sa fin, plus que trois titres avant d’appuyer sur repeat. « Where is your Smile » plus aérien pourrait être un titre « coming of age » comme on dit au cinéma tant il inspire l’aventure et le road trip.

A un morceau de la fin, la rage adolescente d’un groupe à la maturité indéniable refait surfasse, n’y aurait-il pas un fond de Nada Surf dans ce « Don’t throw your Rights » ? Titre pertinent s’il en est, le rock est une révolution nécessaire, la culture un vecteur de réflexion vital, ne l’oublions pas. Les guitares s’emballent, montent en puissance et comme lorsqu’un bon concert va se terminer, alors que les oreilles bourdonnent et que les larsens résonnent, l’osmose est à son apogée. « It’s Time » de se dire au revoir sur une note plus apaisée, toujours aussi entêtante, toujours très bien réalisée.

Produit par Pascal Mondaz, cet opus paru en avril 2020 alors que les oreilles et les esprits étaient occupés à combler le néant extérieur par une anxiété bien trop naturelle, devrait être la bande originale de ton automne, de ton année et même de ta décennie. A écouter comme une amulette en souhaitant fort qu’il pourra faire revivre la candeur des années 90, son talent et son esprit de « Desintegration ».

Bonne nouvelle, le groupe est en tournée 2020 du  1er août au 14 novembre avec une date parisienne le 13 novembre. Ne les manque pas !

Viens acheter « You Drive my Mind » ici, tous les frais sont reversés à des artistes talentueux !

 

« You Drive my mind » de Niandra Lades à écouter ici


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