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Carlos O'Connell de Fontaines D.C. @Pénélope Bonneau Rouis
Carlos O’Connell de Fontaines D.C. @Pénélope Bonneau Rouis

Difficile ces dernières années de passer à côté du tourbillon Fontaines D.C. Le quintet irlandais a conquis la planète rock, redéfinie le post punk et subjugué les esprits avec ses incroyables précédents albums « Dogrel », « A Hero’s death » et « Skinty Fia ». Tous méritent d’être cités et écoutés. Les voilà de retour le 23 août 2024 comme un cadeau de pré-rentrée avec « Romance ». Un album qui va radicalement changer tous les codes auxquels le groupe nous a habitués, l’encrant dans une nouvelle ère musicale. C’est pour le promouvoir que Fontaines D.C était de passage à Paris. Le rendez-vous était pris dans les locaux de leur nouveau label Beggars. Nous avons eu le plaisir d’y rencontrer Carlos O’Connell qui était venu accompagné de sa petite fille âgée d’un an. Difficile d’arrêter la tornade Carlos, fascinant lorsque l’on se met à parler de musique, de romance non romantique, du Monde actuel, de démocratie, d’imaginaire, d’identité, du rock qui se fige, du Hip hop aujourd’hui plus transgressif que les autres courants et de la situation à Gaza. Un moment dense, puissant et une conversation pleine de sens, à lire. Rencontre.

Pop&shot : Félicitations pour votre troisième album, Romance, comment aimerais-tu le décrire ?

Carlos O’Connell – Fontaines D.C : C’est un album très intense, qui vient à bout du vide et du manque de sens dans le Monde en ce moment. D’essayer de trouver une option, une solution et la beauté du monde.

On s’est habitués à un système où tout le monde et toutes les idées sont pré-déterminées et structurées.

p&s : Et cette option serait la romance ?

Carlos O’Connell – Fontaines D.C : Oui et non. C’est pas vraiment une question d’amour romantique, c’est plutôt l’idée de pouvoir romancer n’importe quoi. D’être capable de trouver de la valeur et de la beauté au monde physique, tangible et sociétal. C’est la volonté de trouver de la valeur au monde.

p&s : Quelles valeurs attacherais-tu au monde? 

Carlos O’Connell – Fontaines D.C : En fait, c’est une question très existentielle. On s’est habitués à un système où tout le monde et toutes les idées sont pré-déterminées et structurées. On part du principe que c’est comme ça que l’on doit vivre et qu’il n’y a aucun autre moyen. Pour moi, la vie se concentre sur la quête de la beauté et ce qui en découle. Et parfois on oublie de la chercher et de la regarder. 

L’idée générale de la carrière, la famille, la stabilité, la démocratie, les classes sociales, tout ça se mélange et perd la valeur initiale pour tenter de créer une forme d’identité culturelle tronquée.

p&s : En tant qu’artiste, vois-tu la beauté partout ? 

Carlos O’Connell – Fontaines D.C : Oh non, pas du tout. On serait tous capables de changer le Monde si l’on ne consommait pas autant toutes ces idées. L’idée générale de la carrière, la famille, la stabilité, la démocratie, les classes sociales, tout ça se mélange et perd la valeur initiale pour tenter de créer une forme d’identité culturelle tronquée. Toutes ces choses me donnent l’impression que le monde perd de plus en plus son sens. Et en se référant constamment à ces choses-là, le monde perd de sa beauté et de sa valeur. On en rate la vie.
Un enfant, par exemple, ne colle pas aux critères de la société. Un enfant est un enfant et on lui crée des structures et des valeurs pour qu’il corresponde ensuite aux critères de cette société. Et c’est pour ça que beaucoup de gens peinent à parler à des enfants. Et ça s’entend d’une certaine manière. J’adore voir le monde à travers les yeux de ma fille, elle n’est attachée à rien du tout à aucune structure sociétale. C’est que de la joie. Tu vois tellement de gens stressés, épuisés par la société, leur travail, etc. [Ce jour-là Carlos était accompagnée par sa petite fille Ndlr]

Tout est là pour nous, pour l’apprécier. On a créé un trou dans le monde moderne et ce trou se comble par la romance. Tout s’invente, tout est dans l’imagination et c’est plein de sens. Tu y attaches la valeur que tu veux. Il n’y a aucun mal à insuffler de l’imaginaire dans le réel. On vit dans l’imaginaire tout le temps. C’est légitime de faire ça et peut-être que ça nous permet d’accepter un peu mieux la réalité, comme la mort par exemple. L’identité s’invente et pourtant il n’y a rien de plus réel que ça. Le monde va vers une démocratisation, au point de perdre tout son sens : plus de valeur, plus d’identité et notre raison de vivre. C’est aussi un choix individuel et qui vient de l’inspiration. Je me souviens du premier poème qui m’avait marqué quand j’avais 12 ans et qui a changé ma vie. Ça m’a appris à regarder le monde et à chercher du sens. Le rêve derrière la démocratie n’est plus là, il faut la déstructurer. On a oublié quel était le rêve initial. Il n’y a plus rien derrière. C’est ça la romance pour moi : le pont entre les interactions physiques et l’imagination. 

.Le rêve derrière la démocratie n’est plus là, il faut la déstructurer. On a oublié quel était le rêve initial. Il n’y a plus rien derrière. C’est ça la romance pour moi : le pont entre les interactions physiques et l’imagination.

p&s : Tu parles beaucoup d’identité. En tant que groupe, une identité collective vous a été donnée. En tant qu’individu, comment perçois-tu cette identité? 

Carlos O’Connell – Fontaines D.C : Je pense que Fontaines est un groupe d’amis qui se sont bien trouvés. Et on a commencé à voir le monde à travers le regard des uns et des autres. Et on essaye de conserver cette amitié originelle car la perdre serait une tragédie. Le groupe c’est notre happy place et il s’avère que ça plait à d’autres gens aussi. C’est quelque chose de magnifique. J’aime vivre ma vie en espérant voir le monde à travers les yeux des gens que j’aime. C’est beau que les gens acceptent voir le monde à travers nos yeux. 

 P&s : Tu parles des gens que tu as rencontré en tournée ?

Carlos O’Connell – Fontaines D.C : Pas vraiment, parce que j’ai pas forcément l’occasion de rencontrer tout le monde. Grâce à ce groupe, je peux me rapprocher de personnes qui ont une vision du monde fascinante. Ça te donne une perspective nouvelle. On se retrouve les uns dans les autres. 

p&s : Vous tournez beaucoup, où trouvez-vous le temps d’enregistrer et de composer ? 

Carlos O’Connell – Fontaines D.C :  D’une certaine manière, le prochain album commence toujours quand on finit le précédent. On fait un album, on passe beaucoup de temps ensemble à creuser des idées et l’album est fini. Et très vite, tu veux recommencer l’exercice et d’autres fois tu veux être seul, réfléchir par toi-même et revoir le monde selon tes critères. Mais ça ne dure pas longtemps et très vite on a de nouveaux projets et un an passe et les chansons se concrétisent. L’une des premières chansons de l’album a été écrite vers la fin du processus pour Skinty Fia, vers 2021. Et d’autres chansons ont suivi et très vite Romance a pris forme. C’est pas un processus constant pour nous, les chansons apparaissent et on les façonne. 

Carlos O'Connell de Fontaines D.C. @Pénélope Bonneau Rouis
Carlos O’Connell de Fontaines D.C. @Pénélope Bonneau Rouis
P&s : Les chansons sur l’album ont l’air plus joyeuses, la couleur aussi et l’esthétique est très 90s. Était-ce contrôlé ou est-ce que c’est arrivé spontanément ?

Carlos O’Connell – Fontaines D.C : Ça a été très spontané, oui. On écrit en réaction à ce qui nous entoure et en fonction de ce qu’il se passe, ça influe sur ce que tu écris. Il y a des moments où tu es heureux et tu veux pas sortir de cet état pour aller l’écrire, tu en profites pleinement. Il y a quelques chansons un peu nostalgiques. Le son est très 90s, mais c’est aussi une question de goûts. On a des gouts très éclectiques et on passe notre temps à écouter de nouveaux morceaux.  Et on écoutait beaucoup de Korn, de Deftones et de Nirvana. Tous ces groupes se sont un peu mélangés. 

Je trouve ça ennuyeux les groupes qui font de la musique anti-système, juste parce que c’est à la mode d’en parler. Et le hip hop me parait plus authentique sur ce point-là.

p&s : La scène hip hop est actuellement l’une des plus prisée des novatrice comme ce fut le cas dans les 90’s. Est-ce que cela a eu une influence sur vous ? 

Carlos O’Connell – Fontaines D.C : Oui je pense. Ce que j’aime avec le hip-hop, c’est cette attitude finalement très punk et transgressive qui était devenue un peu inexistante. Je trouve ça ennuyeux les groupes qui font de la musique anti-système, juste parce que c’est à la mode d’en parler. Et le hip hop me parait plus authentique sur ce point-là. Je trouve que c’est culturellement plus légitime et significatif. J’aime le rap actuel parce que je trouve ça plus radical que des groupes à guitare. Il y a presque plus d’options en rap. J’adore le noise rock mais à part quelques exemples, j’ai l’impression que les groupes de rock sont assez polis de nos jours. Il y a tellement de morceaux raps qui sont plus intéressants. 

p&s : j’avais une interview il y a quelques mois avec Protomartyr. on parlait scène hip hop et selon eux comme les gens se concentrent davantage sur le rap, ça laisse plus de liberté au rock d’expérimenter de son côté. 

Carlos O’Connell – Fontaines D.C : Je suis pas d’accord. Je pense que c’est carrément le contraire. Bien sûr, des groupes comme Protomartyr sont complètement libres de faire ce qu’ils veulent mais d’autres groupes de rock se ressemblent énormément. Ils essayent d’appartenir au même genre de rock indé. C’est un peu méchant dit comme ça, mais je trouve que le rock est un peu rigide en ce moment. Il y a des groupes vraiment bon comme Jockstrap ou Black Midi. Mais il faut savoir trier. Et si c’est censé être transgressif, ça doit se voir. Et je trouve que le rap est plus fou sur ce plan-là. Le rock a juste peur de la cancel culture maintenant donc ils sont trop politiquement corrects. Je pense pas que la musique devrait se soucier de ça. 

[Ndlr : Pour retrouver l’interview de Protomartyr, ça se passe par là !]

Le rock a juste peur de la cancel culture maintenant donc ils sont trop politiquement corrects. Je pense pas que la musique devrait se soucier de ça.

p&s : Qu’est-ce qui a causé ça à ton avis ? L’attitude punk a-t-elle été remplacée?

Carlos O’Connell – Fontaines D.C : Je pense que c’est lié aux différentes carrières installées. Le rock est surtout représenté par des petits labels indés qui doivent se protéger de la casse en cas de gros scandales. Et si une major a des soucis au tribunal ou je ne sais quoi, ils s’en foutent. Les groupes indés ont peur de perdre leur contrat. Et avec les réseaux sociaux, tout te revient en pleine tête. Et pourtant, le monde du rap est complètement détendu, ils s’en foutent. Le rock personnifie ce sens de justesse et de droiture dans un sens et de bien-séance. Et faire une interview aussi ça fait peur. On a peur de dire le mauvais truc, d’être mal cité, etc. Ça m’est jamais arrivé encore, mais j’ai quand même peur!  J’ai juste l’impression que le rock est un peu sans issue. Le rock est devenu un privilège. La seule chose qui ne devrait pas être sacrifiée, c’est la musique.
Je ne pense pas que la musique va changer le monde complètement mais ça peut quand même améliorer les choses. Je trouve ça fou le nombre de personnes qui clamait haut et fort Black Lives Matter en 2020 mais qui disent rien sur ce qu’il se passe à Gaza parce qu’ils craignent que ça ait une influence sur leur carrière. C’est pathétique. Quel est le principe d’avoir une voix, une plateforme si tu ne prends pas la parole ? Ça perd tout le sens de la musique comme acte de résistance et ça devient un simple divertissement. 

 Je trouve ça fou le nombre de personnes qui clamait haut et fort Black Lives Matter en 2020 mais qui disent rien sur ce qu’il se passe à Gaza parce qu’ils craignent que ça ait une influence sur leur carrière. C’est pathétique.

p&s : de votre côté, Vous avez d’ailleurs fait un EP dont tous les bénéfices reviennent aux victimes palestiniennes à Gaza…

Carlos O’Connell – Fontaines D.C : Oui, je suis un peu perdu en ce moment entre être désespéré et espérer un changement total de la situation. Bon, on a réussi à en parler, à attirer l’attention dessus. C’est impossible aujourd’hui de ne pas en avoir entendu parler et si certains en ont pas entendu parler c’est qu’ils ont fait ce choix-là et on peut rien faire contre ça. Quoi d’autre peut arriver finalement ? Je ne pense pas que ça va s’arrêter du jour au lendemain. En tant que société mondialisée, qu’est-ce qu’on peut faire pour arrêter le massacre ? J’ai peur de succomber à l’idée que rien ne va changer, sinon on est foutus si on pense tout comme ça. Ça voudrait dire que tout peut arriver et que des crimes contre l’humanité peuvent avoir lieu en toute impunité. Je pense qu’en Occident, on a plus ou moins réussi à donner une voix aux palestiniens. C’est une situation effrayante. Et je peux pas m’empêcher aux groupes qui ne font rien et qui ne disent rien. 

Interview : Julia Escudero et Pénélope Bonneau Rouis

Fontaines D.C. sortent leur quatrième album Romance le 23 août 2024 et  passent en concert à Paris le 13 Novembre prochain au Zénith de la Villette.

 


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Affiche de Call me by your name 2017
 

Trois nominations aux oscars, rien que ça pour « Call Me By Your Name » le film franco_brésilo_américano-italien de Lucas Guadagnino. Parmi ces possibles récompenses , le film tentera de rafler l’oscar du meilleur film, celui du meilleur scénario adapté et celui du meilleur acteur pour le frenchie Timothée Chalamet, nouvelle tête du cinéma international à seulement 22 ans.
 
En plus de cette reconnaissance, « Call me by your name » se prépare déjà un bel avenir alors que son réalisateur promet deux suites à la façon de « Before Sunrise » de Richard Linklater. Tout un programme. Mais ce film alors, il est si bien que ça ?
 

Déjà de quoi ça parle ?

 
On est en 1983, c’est l’été et Elio Perlman, 17 ans passe ses vacances en Italie dans la demeure que possède sa famille. Il attend que l’été passe, en jouant de la musique classique, en profitant des fêtes et en flirtant avec son amie parisienne Marzia. Son père éminent professeur de la culture gréco-romaine ( Michael Stuhlbarg) et sa mère traductrice (Amira Casar) , convient chaque année un étudiant doctorant à venir travailler avec eux durant six semaines. Cet été là, Oliver (Armie Hammer), un jeune et séduisant américain est choisi. Elio et lui découvrent alors l’éveil du désir et vivront un été qui les chamboulera à jamais.
 

Ok et finalement ça vaut le coup ?

 
extrait du film call me by your name 2017
 
Les années 80 sont à la mode. C’est un fait, sa culture et ses humeurs sont présents partout, le succès de Stranger Things et la mode dans les magasins sont là pour le prouver. Pourtant aucune œuvre n’arrive mieux à capter l’essence particulière de cette époque que « Call Me by your name ». Par soucis du détail, pour nous plonger un peu dans cette naïveté, clin d’œil à l’enfance de beaucoup d’entre nous, Guadagnino n’hésite pas à copier les jeux de caméra d’autre fois. Les filtres sont vieillis et les fondus enchaînés sont nombreux. La mise en scène est vieillotte et pourtant l’histoire contée est incroyablement moderne.
 
Si la pellicule a ce grain des années 80, elle capte aussi le soleil. Ce soleil fou et cette chaleur envoûtante. Celle que l’on envie et qui rappelle la naïveté de l’adolescence, la lenteur des étés qui s’éternisent dans la jeunesse, leur beauté et leur perfection. Difficile de regarder « Call me by your name » sans qu’une pointe de nostalgie ne viennent vous cueillir et vous rappeler votre propre été parfait.
Dans ses décors sublimes, au milieu des fêtes de villages et des baignades, le film ensorcelle et prend le spectateur au cœur de son propre vécu.
 
Une fois ce cadre idéal mis en place, une fois la découverte de la maison ( hello la jolie piscine) achevée, il est temps de commencer notre éducation sentimentale.
Les sentiments dans « Call Me by your name” ils passent pas l’art, la musique, le classique, le piano, la littérature et les références. Ils passent aussi par les langues et cet incroyable prouesse : créer un film qui se joue en trois langues différentes. Ainsi Timothée Chalamet passe du français à l’italien puis à l’anglais avec aisance et sans trébucher. Un touche d’allemand vient même s’ajouter au tableau. Le langage c’est aussi celui de la musique, s’exprimer à travers un piano, à travers le rythme qui s’excitent et s’adoucissent, la guitare qui chante et qui fait des clins d’oeil.
Mais être polyglotte ne suffit pas face aux sentiments, ceux là se jouent dans des regards, et des jeux contacts plus subtiles à percevoir.
 

« Call Me by your Name » ou la naissance du désir »

 
extrait du film call me by your name 2017
 
En prenant son temps, en vivant sur ce rythme solaire, le métrage plonge son spectateur dans un univers si réaliste qu’il en devient familier. « Que fait-on l’été ici? » demande d’ailleurs Oliver à Elio en début de pellicule, « On attend que l’été passe. » C’est ainsi que née avec douceur cette romance et ses non dits.
Le film est avant tout la confrontation de trois façons d’appréhender le désir. Trois générations qui le perçoivent de façons radicalement opposées. Le premier, celui que l’œuvre met le plus en avant est celui d’Elio. A 17 ans, le jeune homme découvre sa sexualité et s’en amuse, la pousse et la teste. A travers des scènes le rendant parfois ( volontairement) ridicule, parfois incroyablement attachant, le petit génie, celui qui a réponse à tout découvre sous nos yeux et au cours de ces 6 semaines l’existence du corps et de ses besoins. La scène de la pêche en est d’ailleurs l’illustration parfaite.
 
Face à lui , le désir d’Oliver plus âgé joue un effet de miroir. Lui qui connaît déjà son corps et ses besoins, les vit librement et s’amuse des découvertes du plus jeune. La encore sa réaction à la scène de la pêche en jeu de miroir permet de capter l’essence de ma sexualité de ce personnage.
 
Enfin, les parents qui ont passé l’âge de la passion et de ses folies apportent un œil bienveillant au récit. Le père d’Elio, en retrait pendant le film prend d’ailleurs un sens nouveau au cours d’un épilogue final qu’il est indispensable d’écouter avec attention.
 
Bien loin des clichés sur le rejet d’une orientation sexuelle, « Call me by your name » prend le pari de ne jamais juger ses personnages, même pas à travers le regard de ceux qui les entourent. Bienveillants, les parents et amis de nos héros font plus offices de mentors. Si le monde et ses réalités sont violents, cet été là en est épargné.
 
extrait du film call me by your name 2017
 

Un travail soigné d’un bout à l’autre de la pellicule

Si toutes ces raisons ne vous ont pas donné envie de courir vous enfermer en salles obscures puis de vous acheter un billet d’avion pour l’Italie histoire d’y passer l’été, « Call me by your name » a encore plus à offrir. Impossible de ne pas mentionner le travail magnifique réalisé sur la bande originale par Sufjan Stevens. Ses mélodies pop ponctuent à la perfection ces moments volés par la pellicule et ne manquent pas de donner le ton des pensées de nos personnages.
 
Sans trop en révéler, il est impossible de parler de ce film sans évoquer au moins du bout des lèvres, la scène du générique. L’excellente performance de Timothée Chalamet, les deux mondes qui cohabitent et ce regard qui dit tout laissant ainsi le temps aux spectateurs de s’imprégner des émotions de ce personnages. Elle est à elle seule une belle leçon de cinéma.

 

Bref courez le voir sur grand écran à compter du 28 février 2018. Vous ne serez pas déçu. A la rédac on croise fort les doigts pour les oscars.
 
Envie de parler des films nominés aux oscars? Retrouvez notre critique de « Get Out » qui malgré la grande fierté de voir un film d’horreur présenté lors de la cérémonie n’y a pas sa place.
 
Vous reprendrez bien un peu de soleil? « American Honey » va vous éblouir!