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John Deacon

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Queen par Mick Rock dans les années 70

Si aujourd’hui, l’évocation des Dieux du Stade nous fait rougir, il ne faut pas oublier les Dieux du Stade originels. Car avant les sportifs sexys et (à moitié) à poil, il y avait les chanteurs sexys et à moitié à poil aux chansons unificatrices telles que We Are The Champions ou We Will Rock You. Seulement voilà, Queen ce n’est pas seulement du rock de stade, à crier aux matchs de foot et en fin de soirée. C’est aussi tout un univers merveilleux, symbolique, de conte de fée. 

UN GROUPE de conte de fée

Si la forme moustachue du chanteur, Freddie Mercury, semble être de loin la plus mythique de toutes ses formes, ce n’est certainement pas l’unique. En effet, avant d’avoir le look de Thomas Magnum (sans les yeux bleus), Freddie Mercury était conteur d’histoires et de récits plus fantastiques les uns que les autres. Non pas dans des livres mais bel et bien dans ses chansons. Pour cela, retournons un peu en arrière. 

Queen – 1973

1973. Le premier album éponyme d’un groupe encore obscur sort. Queen. S’il passe relativement inaperçu auprès du public, il signe quand même le début assez flamboyant d’un quatuor d’exception. Sur ce premier opus, de nombreuses influences s’entremêlent, peut-être un peu trop : autant de glam-rock (My Fairy King), que des bribes de heavy-metal (Keep Yourself Alive), mais encore des thèmes plus mystiques avec par exemple Jesus Christ écrite par Freddie Mercury lui-même qui n’est pas spécialement de confession chrétienne. Mais on verra ça un peu plus tard. 

Un univers imaginaire peuplé

Mais ce sera véritablement à partir du deuxième album que la magie du groupe commencera à se déployer. Nommé très sobrement Queen II, on y trouve des chansons comme The Ogre Battle où il est question d’une sorte de bataille fantastique et hyperbolique entre des ogres sur fond de riffs de guitares particulièrement énergiques. L’album progresse comme une seule mélopée sans fin où chaque chanson se poursuit sur celle d’après. Il y est question d’ogres, de fées et de divinités, de reine blanche et de reine noire.  

Queen II – 1974

L’univers des débuts de Queen semble être peuplé de créatures et de personnages tous plus excentriques les uns que les autres : si ce n’est pas l’ogre de Queen II, ce sera la Killer Queen, call-girl de luxe se gavant de caviar et de Moët et Chandon ou le Fairy King régnant sur le fameux royaume de Rhye. 

S’il m’est impossible de savoir aujourd’hui si Freddie Mercury était un fan de Tolkien, force est de constater l’univers qu’il a su créer au sein de ses chansons : le royaume de Rhye, lieu merveilleux et utopique créé dans son enfance et plus facilement identifiable dans la chanson Seven Seas of Rhye, qui apparaît notamment dans My Fairy King : « In the land where horses born with eagle wings / And honey bees have lost their stings » , The March of The Black Queen ou encore Lily of the Valley : « Messenger from Seven Seas has flown / To tell the king of Rhye he’s lost his throne » 

Ce royaume est à l’image des thèmes abordés par le groupe : nature envahissante et créatures merveilleuses… À mesure que la carrière et la popularité du groupe explosent, le royaume de Rhye semble se détériorer peu à peu, disparaître. Serait-ce là le signe de la perte de son innocence ou de sa candeur ? 

une inspiration plus lointaine qu’elle n’y paraît

Ce goût prononcé pour le mysticisme et les pays lointains dans leurs textes vient très certainement des origines de Freddie Mercury. En effet, de son vrai nom Farrokh Bulsara, Freddie Mercury est né à Zanzibar, de parents membres de la communauté Parsì et de confession zoroastrienne. Première religion monothéiste de l’Histoire et apparue au IIème millénaire avant Jésus-Christ, elle prêche des valeurs pacifistes et de libre-arbitre de l’individu en centrant ses croyances autour d’un dieu unique Ahura Mazda. Mais on s’égare. Brève aparté pour souligner que l’éducation spirituelle de Freddie Mercury a probablement joué un rôle plus essentiel qu’on ne le pense dans la créativité du jeune musicien. Car, les paroles de leurs chansons ne sont pas les seuls éléments à regorger de symbolisme.  

En effet, Freddie Mercury doit son nom de scène -sans surprise- à Mercure, la planète associé à son signe astrologique – vierge – et d’une phrase de la chanson My Fairy King : « Mother Mercury, look what they’ve done to me. » Mais avant d’être une mère ou une planète, Mercure est avant tout un dieu, et pas n’importe lequel, le dieu messager. Y avait-il là une portée symbolique supplémentaire ? De plus, en anglais, « a mercurial personality » est une personnalité aux aspects changeants et imprévisibles. Chose qui est, en soit, tout le fond de commerce de Freddie Mercury dont le penchant pour l’excès le perdra, quelques années plus tard. 

Queen – I Want To Break Free
Vaslav Nijinski pendant une représentation de L’Après-Midi d’un Faune, 1912

Outrageusement symbolistes

Chaque groupe a sa signature. Les Stones et leur grande bouche, les Red Hot et leur astérisque, Fleetwood Mac et leurs affaires de tromperie. Mais pour Queen, tant de symboles nous viennent en tête : la Couronne, ce Q royal -sans mauvais jeu de mot- les tenues affriolantes de Freddie Mercury… Mais également leur logo particulièrement ornementé, qui tient plus du blason que d’un simple logo. Sur ce blason, dessiné par Freddie Mercury lui-même, se trouve en fait les signes astrologiques de chaque membre du groupe : un crabe pour Brian May, deux lions pour Roger Taylor et John Deacon et deux vierges pour Freddie Mercury. Deux soit par ego, soit par symétrie, je n’ai pas su déterminer. Cette assemblée de créatures solaires est présidée par un phoenix aux ailes déployées. 

De plus, si beaucoup se souviennent du clip de I Want to Break Free, pour leur travestissement, il est important de mentionner la seconde séquence du clip où Freddie Mercury en lycra et sans moustache campe le personnage de Vaslav Nijinski dans son propre ballet L’Après-Midi d’un Faune. Cette séquence nous apparaît comme un rêve éveillé, une entracte contradictoire où une théâtralité s’installe avant que la vie normale ne reprenne sa place lorsque Freddie Mercury de nouveau en desperate housewife entonne « But life still goes on ». 

Sur le même album, The Works, un second clip vient rappeler cet univers théâtral et décadent. It’s a Hard Life. Les premières notes, « I don’t want my freedom, there’s no reason for living with a broken heart«  sont directement inspirées d’un opéra italien, Pagliacci (1892) de Ruggero Leoncavallo et notamment chanté par Luciano Pavarotti. C’est d’ailleurs autour de cet univers que tourne l’esthétique du clip. Freddie Mercury y apparait en sorte de crevette géante dans une assemblée aussi extravagante qu’adorante de ses moindres faits et gestes. Les autres membres du groupes sont plus en retrait, apparaissent discrètement, dissimulés par cette foule et un chanteur peut-être trop envahissant de par son excentricité.

Innuendo, ou l’apothéose

Si un peu plus tôt dans l’article, je mentionnais la disparition (pour ne pas dire destruction) progressive du royaume de Rhye, je constate avec Innuendo (1991) que sa disparition ne fut que partielle et que quelque part dans l’esprit de Freddie Mercury , ce royaume existait encore. En effet, des inspirations lointaines apparaissent subrepticement dans la plus symbolique et tristement optimistes des chansons du groupe, The Show Must Go On. Là où My Fairy King disait : « Someone , someone / Has drained the colours from my wings / Broken my fairy circle ring » The Show Must Go On dit : « My soul is painted like the wings of butterflies / Fairy tales of yesterday, grow but never die / I can fly, my friends » 

Innuendo – 1991

De plus, le morceau I’m Going Slightly Mad et son clip semble être le dernier effort un peu mystique, un peu surréaliste, un peu comique du groupe. Il parle de lui-même :

Enfin, le morceau These Are The Days Of Our Lives, est une ode mélancolique et nostalgique à leur jeunesse. Celle que le groupe, dont le chanteur s’essouffle, vient à regretter. Là où Mercure après avoir transmis son ultime message s’en va rejoindre les étoiles.

PS : cet article fut majoritairement écrit en écoutant les Bee Gees. 


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