Vendredi dernier 07 octobre 2022 à la Boule Noire, nous avions affaire au retour en bonne en due forme d’un artiste qui, en 2020 dans la même salle, nous avait procuré un électrochoc. Théo Cholbi est toujours à la tête du groupe SÜEUR et il est plus que jamais décidé à broyer nos muscles pour boire chaque goutte de notre sueur.
Leur premier album officiel ANANKE sortira le 04 novembre prochain, après une mixtape éponyme il y a deux ans particulièrement appréciée ici, pour ne pas dire adorée. Rares sont les premiers projets aussi convaincants, autant dans leur originalité et leur force de persuasion, que dans leur son déjà si bien fabriqué. Ce son, c’est un somptueux mélange en ébullition de rock dans l’esprit, de rap dans le flow et d’électro dans l’habillage.
Ce projet mené par Théo Cholbi, que l’on retrouve aussi à l’écran au cinéma, notamment dans un rôle secondaire de La Nuit du 12 de Dominik Moll et très bientôt dans le film Les Harkis de Philippe Faucon, est né véritablement en 2020 peu de temps avant la pandémie, de quoi leur couper les ailes bien comme il faut. Dommage pour un premier opus au bord de la perfection, qui avait la carrure pour tout manger sur son passage.
NOUVEAU NAVIRE
2022 marque leur retour tant attendu et en deux ans, des choses ont eu le temps de changer. D’abord les membres du groupe. Seul Théo Cholbi est encore sur le navire. Ses deux autres compagnons à la guitare et à la batterie ont trouvé remplaçants, après l’avoir quitté délibérément. « Je ne leur en veux pas » nous dira plusieurs fois l’unique survivant pendant le concert, derrière quoi une certaine amertume semble tout de même avoir du mal à passer pour le répéter autant. Comme un recommencement depuis zéro, Théo Cholbi a su rebondir comme il se doit puisque le voilà maintenant décidé à tourner la page en dévoilant ce nouvel album. « Il faut passer à autre chose, aller de l’avant. On jouera seulement 3 anciens morceaux ». Ceux-là seront le génial « Ridé tout Paris », le grandiose « Peut-être » (peut-être notre titre préféré du groupe) et le mythique « MTM (sur ma vie) ». On se contentera de cette bonne pioche.
ANANKE NÉCESSITÉ !
La salle n’est pas tout à fait pleine à craquer même si affichée complète, mais la chaleur qui y règne rend l’espace encore plus étroit qu’il ne l’est. Dès son arrivée, SÜEUR met le paquet avec le titre éponyme de ce nouvel album à paraître, « Ananke », que le public entend donc pour la première fois. Le ton est donné, le concert sera sportif. Capuche sur la tête et lumière bressom, cette entrée en matière fait l’effet d’un tremblement de terre dans le sous-sol de la Boule Noire. Théo Cholbi est bouillant et son groupe semble être devenu un blockbuster aux effets exubérants. L’artillerie lourde est déployée et force est de constater la réussite de ce décollage, tant l’énergie y est déjà explosive. Direct et impulsif, ce premier morceau inédit nous fait comprendre que ce qui arrive le 04 novembre n’a rien à envier à son prédécesseur. La musique de SÜEUR reste abrasive, en tension, habitée par une rage à la fois grande et intime, portée par un chanteur chez qui la manière de bouger et de dire ses mots nous plonge systématiquement dans un tourbillon épileptique, aussi bouleversant que familier. Qu’il nous fait sur le moment du bien de retrouver cette proposition musicale si unique en son genre, aujourd’hui encore davantage sûre d’elle, et donc maitrisée.
SUEUR SUAVE
Le groupe nous fait entendre en avant-première chaque nouvelle chanson qui figurera sur l’album. Trois sont déjà connues : « Faille », jouée au début du set, « Rage 2 », sur les violences policières, qui a littéralement provoquée une émeute musicale au milieu du concert, et « Arrêt d’urgence », petit tube en son genre, jouée à la fin juste avant le vrai tube bouffeur de morts. La setlist est parfaitement menée. Deux morceaux inédits, plus calmes et magnifiques, provoquent même des « chut » de la part du public pour faire taire une salle un peu trop bruyante. En même temps, difficile de calmer l’agitation après les séries de coups de poings que le groupe se plaît à nous asséner.
Côté instrumentation, les deux compères qui accompagnent Théo Cholbi à la guitare et à la batterie assurent le set. Beaucoup de parties sont tout de même enregistrées et le tout manque peut être parfois d’un peu de clarté sous la carapace. Mais les textes et l’interprétation du leader nous absorbent tant que la moindre petite écharde se retrouve vite noyée dans l’énergie de l’instant.
Retour plus que réussi pour SÜEUR qui, après avoir affronté l’épreuve d’une renaissance, s’apprête à dévoiler un des grands albums de cette fin d’année ! Ce deuxième passage à la Boule Noire, à la vue du sol humide en fin de concert causé par toute cette sueur déversée, fut l’ultime constat que le groupe est définitivement prêt à devenir grand. Puisse le sort lui être favorable.
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