Lancement des festivités dans le quartier de Pigalle pour une toute nouvelle édition du MaMA Festival, le plaisir épuisant de la rentrée musicale. En ce mercredi 12 octobre, il fait bon dans les rues de la capitale. Les trottoirs et terrasses sont donc investis par les professionnels de la musique qui s’y croisent et y débriefent les concerts à faire et voir sur les trois journées denses à venir.
Parmi les bons tuyaux, celui des Pyschotic Monks, le soir même est dans toutes les bouches. « Tu vas voir les Monks ? » « Évidemment, comme tout le monde. » L’appel est unanime, c’est le concert de la soirée, comme d’autres l’ont été les années passées de De Pretto à Süeur en passant pas Thérèse ou encore Structures. C’est d’ailleurs dans la même salle que ces derniers que se produisent les Monks (comme il est de bon ton de les surnommer affectueusement) : soit à la Machine du Moulin Rouge. Il est 22 heures 45, le public et les pros ont été chauffés à bloc, les esprits embrumés par quelques vapeurs alcoolisées tournent un peu. Il est temps de prendre une dose de rock.
Trip psychotique
En attendant la sortie de « Pink Colour Surgery », le nouvel album du groupe prévu pour le mois de février prochain, le combo a de quoi balancer fort. Sa configuration scénique est à l’opposé de ce que l’on a l’habitude de voir. La batterie est à côté du chanteur, au même niveau que que la guitare, les machines et synthé. Le groupe est uni, ensemble, rien n’appartient à l’ombre sauf certainement le son. Parce que c’est bien sur une sensibilité à fleur de peau et une vraie incarnation du rock progressiste qui continue invariablement d’augmenter et de tester qu’existe la formation. Ce sont d’ailleurs les limites d’un courant que le groupe au son post punk glacé et glaçant aime à repousser. Avec eux, la continuité n’est pas de mise, la torpeur animale si. La bestialité est là, servie à grosse cuillères dans un jus lourd, costaud, solide. Un peu comme il est aisé de le dire de Black Midi. Comme eux d’ailleurs, ils ajoutent des instruments, comme de la trompette sur certains de leurs titres. Ces derniers s’étirent à l’infini, encore et encore, parfois brouillons, parfois bruyants souvent bouillants. Le chanteur déchainé, débardeur très moulant sur le corps, se noie dans ses morceaux. Il les crachent, joue sur la répétition des mots, tord les syllabes et les douleurs, s’agenouille, met en transe et entre dans le même état. Malgré la similitude de renouveau du rock français, la cours qui peut sembler être identique, on est loin du set de Structures l’an dernier qui avait mis le public en émoi. Celui-ci était plus vif et bestial, d’un rock qui fait bondir et sauter. Et d’ailleurs Pierre Seguin, chanteur de Structures, observe ce soir d’un œil bienveillant le concert de ses potes en compagnie des membres de Lulu Van Trapp qui prenaient également possession de la même scène un an plus tôt.
Nuit glacée et riff acérés
Le rock des Pyschotic Monks n’est pas là pour mettre à l’aise. Au contraire. Il hypnotise et parfois endort l’esprit. Il fait appel aux sentiments sur le fil du rasoir. Les cris se multiplient à mesure que les guitares se font aigües. Il faut arrêter de le nier Fontaine D.C a clairement une vibe The Smiths, ses envolées tristes évoquant clairement la bande de Morrissey. Chez les Monks, il y a un peu de la profondeur de Fontaines, il y a aussi parfois l’envie de puiser dans le puits de noirceur du génie qu’est Nick Cave mais aussi quelque part l’urgence douloureuse d’un Rowland S Howard. Cette profonde transe, elle se conclut dans la fosse pour le chanteur pour mieux être partagée. Il va y crier ses mots, face à un cercle qui se créé autour de lui, les instruments résonnent, se délient les uns des autres pour mieux former un tout. Il est 23 heures 45, le set devait finir à 23 heures 30, la magie n’a fait que se prolonger. Avant de quitter la scène, les remerciements permettent de retomber et de reprendre une forme de normalité calme. Les Pyschotic Monks donnent rendez-vous à la Maroquinerie de Paris l’an prochain, le MaMA lui continue demain.
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