kid cudi rock en seine
crédits photo : Louis Comar pour Rock en Seine

What a time to be alive ! comme le disait Drake sur sa mixtape. C’est aussi ce que fait ressentir chaque année la période des festivals. Clôture de la période estivale, lancement de la rentrée, Rock en Seine s’offre une place particulière pour celles et ceux qui le pratiquent chaque année. Plus qu’une programmation pourtant toujours immense, c’est en réalité une expérience puissante qui appelle à un retour sous forme de pèlerinage.  Alors certes, cette année comme depuis trois éditions celui-ci sur cinq jours prend aussi les traits d’un marathon. Mais de ceux bien plaisants qui font de la fatigue un plaisir et presque une exploit. Surtout quand on atteint la trentaine bien passée et qu’on se découvre des resources plus importantes qu’on ne le croyait. La pilule de l’excitation. Celle de la découverte et de la redécouverte scénique, dans un univers peuplé de personnes heureuses de se rassembler en un même lieu : le parc de Saint-Cloud. Pour sa seconde journée, celle du jeudi 21 août 2025, le festival remet son titre de maudit sur le tapis et souffre de deux annulations. La première, celle d’Asap Rocky avait pu être annoncée assez tôt pour que Kid Cudi prenne la relève. La seconde, Doechii, seulement quelques jours plus tôt avait néanmoins fait grincer des dents nombre de festivaliers. Restait tout de même quelques beaux noms à l’affiche pour promettre à la journée d’être inoubliable.

Montell Fish : une très belle découverte

Montell Fish rock en seine
crédits : Olivier Hoffschir pour Rock en Seine

Les festivités commencent sur la scène Revolut avec la performance de Montell Fish. Avec trois albums à son actif, le musicien américain a déjà su fédérer autour de lui une bande d’afficionados. Si la devant scène ne déborde pas, nombreux.ses sont ceux à s’être déplacé.es. Et pour cause le musicien sera la plus belle claque de la journée. Sa neo soul aux accents r’n’b est complètement hypnotisante. Du rythme and blues, il reprend le sigle de façon littérale. Rythme marqué et soutenu, qui appelle à ne pas décrocher son oreille de chaque note, mélodies sombre, puissantes, époustouflante. Sa voix vient se calibrer sur la pureté soul. Récemment, la question m’a été soulevée, soul et folk même combat pour ethnies différentes ? En tant que fan absolue de folk, je ne pourrai répondre que par l’affirmative. Celle-ci allant souvent s’acoquiner avec le rock pour créer le pont entre modernité et encrage passé. La soul elle, va parfois toucher au blues, lui-même origine du rock. Les identités musicales, leurs miroirs et pourtant leurs différences fascinent. Tout comme le set de notre homme donc. Ce dernier profite de son concert pour interpréter son dernier album en date « Charlotte » paru en 2024. Sa prestance impressionne autant que la puissance de son timbre. A longueur de textes il aborde psychologie et spiritualité. Ses morceaux prennent même la force du gospel. En fin de set le voilà qui se jette dans le public et va au contact du premier rang. Deux jeunes femmes lui touchent la main, se regardent en une explosion de joie d’une petite seconde avant de s’assurer d’avoir immortalisé le moment sur leurs téléphone. 2025, tu sais être belle et triste en même temps. Loin des écrans, Monttell Fish livre une musique qui brouille la ligne du temps et de l’espace, on est en amour.

La Grande Scène ouvre les hostilités quant à elle avec le live de la française Enchantée Julia. Egalement compositrice de néo soul, elle profite surtout d’un entourage de musiciens solide. La basse en tête de ligne excelle dans son interprétation. Elle est par ailleurs rejoint sur scène par le rappeur Prince Waly dont la côte n’a de cesse de grimper. « C’est elle la star aujourd’hui, on applaudit Enchantée Julia » rappelle-t-il. Effectivement avec sa voix de velours, le doute n’est pas permis.

Et le programmation s’accélère

Mk.Gee rock en seine
crédits : Olivier Hoffschir pour Rock en Seine

Les déambulations s’arrêtent, la courses aux concerts commence. Il fallait absolument, sur la scène Revolut, elle encore, découvrir sur scène le nouveau joyau indie : Mk.Gee. Depuis la sortie de son premier album studio « Two star & the dream police », le scène lo fi n’a d’yeux que pour lui. Il faut dire que cet opus a une esthétique léchée et hyper soignée. La production parfaite fait la part belle à une voix lancinante qui puise du côté de l’immensité de Kurt Vile. Bien plus doux dans ses notes Michael Todd Gordon de son vrai nom, joue d’une grande précision. Cet aspect pointu se retrouve en live. Il serait de très mauvaise foi d’en dire du mal puisque la talent de composition et de gestion des instruments est bien là. Pourtant le show contemplatif laisse en dehors un public non averti. Les titres s’enchainent, c’est beau, c’est propre mais en live, le manque de puissance se fait sentir.

Pas le temps de niaiser, à peine le set fini qu’il est déjà l’heure de retrouver les très attendus Vampire Wekend sur la Grande Scène. Le groupe sortait l’année dernière l’excellent (et le mot est faible) « Only God was above us », concentré moderne de ce que nos vampires savent faire de mieux du rock indie qui touche à la pop baroque.  Leur album « Modern vampires of the city » portait bien son nom. C’est d’ailleurs en évoquant leur merveilleux dernier jet que le set s’ouvre sur le très réussi « Ice cream piano ».  Les superlatifs pourraient s’enchainer, pour avoir vu le groupe lors de leur dernier passage parisien en salle à l’Adidas Arena, le set ne peut être qu’à couper le souffle. En salle, le groupe s’ose même à un long medley de reprises suggérées par le public te repris à sa sauce. Un régal. En festival, il offre un joli best off de ses nombreux succès. Des pépites comme « White Sky », « This Life » ou encore l’inoubliable « A Punk » défilent face à un public qui chante évidemment à tue-tête.  Comme tout le monde à le droit de venir s’amuser, un technicien se laisse même aller à une petite danse sur scène piquant la vedette au groupe. Et pour celles et ceux qui s’amusent ici pour la première fois ?  Le chanteur prend le temps d’interroger la foule sur qui verrait ici ses premiers concerts. Il interpelle alors une jeune fille : « Tu penses quoi de la musique live ? » pour mieux lui dédicacer son prochain morceau. « Oxford Coma » et son rythme follement entrainant signe le début de la fin du show. C’est pourtant « Walcott » issu de l’album éponyme du groupe qui clôt une heure lumineuse en présence d’un groupe dont le génie n’a eu de cesse de s’intensifier.

and and and Night !

kid cudi à rock en seine
crédits photo : Louis Comar pour Rock en Seine

Nous le disions, c’est Kid Cudi qui avait accepté de prendre la relève d’Asap Rocky pour clôturer la journée. Un fort beau nom à la carrière légendaire bien que ses derniers albums pouvaient laisser à désirer ayant perdu en capacités créatives. Le moment était d’autant plus important pour le musicien que ce jeudi était la veille de la sortie de son tout nouvel album : « Free ». L’occasion d’offrir d’ailleurs des débuts scéniques au titre « Mr. Miracle », les exclues ça fait toujours plaisir. Dans le rap, parfois on performe. C’est un mot qu’avait utilisé Kanye West pour décrire son étrange prestation non chantée à l’AccorArena. Et voilà  que Kiddy l’utilise à nouveau ce soir. Ses trois premiers titres dont le lancement sur « Often, I have theses dreamz » se fait d’ailleurs d’une étrange manière. Il les performe, certainement. C’est à dire qu’il commence son morceau, le coupe, parle, essaie de chauffer la foule, court partout, reprend le morceau depuis le début, dans ce qui pourrait interroger et faire apparaitre dans nos esprits quelques points d’interrogations. Mais voilà, il performe. Pas toujours juste malheureusement, mais que sait-on vraiment des performances ? Et puis, Kid Cudi est un habitué des scènes et ça sent. Le showman fédère quand même une bonne partie de l’audience qui voit en tout ça un grand moment festif, ce qui n’est pas faux. Alors, généreux, le musicien originaire de Cleveland offre par deux fois le titre « Day’n’Nite », un classique il est vrai. Bon, on est loin du compte qu’est le légendaire live de « Niggas in Paris » de Jay-Z et Kanye West à l’AccorArena mais on a le temps de chanter les paroles avec joie. « and, and, and night »… et puis il fait nuit. Deux medley suivent, la foule se chauffe. Et puis finalement, tombe le plus gros tube du musicien « Pursuit of Happiness (Nightmare) ». On ouvre sur les rêves, on clôtures sur les cauchemars, les choses sont bien faites. N’empêche que toute l’audience prend un immense plaisir à danser et sauter dans les tous sens, Saint-Cloud se pare de sa meilleurs tenue de club… C’est donc plutôt un rêve. D’ailleurs il se fait tard, il est temps de rentrer pour mieux rêver à la journée de demain, elle aussi peuplée de concerts.


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