Pluie à grosses gouttes, mélancolie, feuilles qui tombent. L’automne est déjà bien installé. Et l’été en demi teinte n’aura même permis de faire le plein de vitamine D pour mieux vivre l’approche de l’hiver. Heureusement, côté albums, la fin de l’année 2024 permet de concocter la playlist parfaite pour sublimer cet automne. On te parle d’amour, d’intempéries qui ne s’arrête plus, d’élégance et de sensualité pour habiller tes oreilles cet automne !
Tucker Zimmerman – Dance of Love : de l’amour dans la playlist
La nature, la vie, les relations, l’amour, la beauté d’instants perçus sous le spectre de la convivialité. Il n’y a rien d’étonnant à découvrir derrière la douceur des notes de « Dance of Love », l’âme de Big Thief. Adrianne Lenker y pose sa voix alors que son groupe vient accompagner l’incroyable Tucker Zimmerman, folkman de génie, pour ce qui s’avère être l’album le plus apaisant de l’année. Comme pour ce qui est vrai pour ses compères, notre hôte nous prend par la main pour une promenade le long d’un chemin où tranquillité et apaisement règnent. Les feat avec lji et Twain viennent ajouter leur touche de magie à l’opus de celui qui est né à San Francisco et réside aujourd’hui à Liège. Tucker Zimmerman, s’il n’est pas connu du grand public profite de la reconnaissance de ses pairs. David Bowie lui-même le disait trop qualifié pour la folk et plaçait son album Ten songs parmi ses 25 albums cultes. Ce n’est pas Adrianne Lenker qui dira le contredire, voyant en lui l’un des plus grands compositeurs de notre époque. Sa voix répond à la perfection à celle de son idole. Les morceaux y ont l’esprit d’un feu de camps comme ce que l’on peut entendre sur « Spud Infinity » ( sur Dragon new Warm Montain I Believe in You, la dernière merveille en date de Big Thief). Ce « Dance of love » porte parfaitement son nom. L’amour multiple y prend une forme solide. On y aime tout et tout le monde sans que rien ne puisse venir éteindre ce sentiment. Avec une rentrée survoltée, un automne qui a commencé bien trop tôt, ne laissant presque aucune place au soleil, cet album résonne comme un élixir nécessaire. Un espace vital en dehors du cadre du temps et de l’espace mais surtout un rappel que l’humanité est belle et que l’amour est en réalité partout, tordant nos corps dans une danse inarrêtable.
One True Pairing – Endless Rain : un peu de pluie dans la playlist
One True Pairing c’est le projet solo de celui qui fut le chanteur de Wild Beasts. Pour qui connait le groupe de génie, l’information suffira amplement à se ruer sur la discographie de Tom Fleming de son vrai nom. Sa voix, rauque et caverneuse porte en elle une puissance qui bouleverse. One True Pairing, c’est aussi le nom que l’on utilise pour décrire l’amour parfait entre deux personnes, souvent dans le cinéma et les série. Et ce coup de cœur cinématographique c’est aussi celui que l’on éprouve à l’écoute de sa musique. Ce n’est pourtant pas la plénitude de l’amour qui lui a fait composer son dernier né « Endless Rain » paru le 25 octobre. Au contraire, le musicien s’est inspiré d’une descente aux enfers. Fin 2019,sa vie personnelle connaît de nombreux bouleversements, les finances sont au plus bas et il pleut non stop depuis une semaine en Cumbria où il se trouve. Lui vient alors l’idée de cet album qui, il faut le dire, correspond également parfaitement à l’air du temps de cet automne 2024 beaucoup trop pluvieux. Pour nous aussi la pluie semble être sans fin. A défaut de la célébrer, nous pourrons donc la chanter aidé.es par la beauté des mélodies de One True Pairing. Sur ce dernier et à l’image du single « Human Frailty », les intempéries qui viennent illustrer nos humeurs se dessinent. Le son fait aisément naître des images dans nos esprits. Promenade complexe et pourtant accessible ce « Endless Rain » en impose par son écriture maîtrisé et cette voix, véritable phare au milieu de la tempête. Impossible de passer à côté de sa puissance, mise à disposition de mélodies douces et envolées. Il ne faudra d’ailleurs pas rater « Frozen Food Center » en fin de galette, qui réussi à créer l’équilibre parfait entre harmonie posée avec délicatesse et force vocale. Une nuage de douceur, ode à nos démons, qui viendra laver nos peurs et peines et garder nos âmes au sec.
Hamish Hawk – A Firmer Hand : de l’élégance dans la playlist
Le parfait album automnal est paru en été. Le 16 août, en toute discrétion le chef d’œuvre » A Firmer Hand » a pointé le bout de son nez. Il s’incorpore dans une paysage musical sublime et particulièrement développé cette année peuplé des génies Thinderstick, Bill Callahan et Nick Cave. De ce très beau panel, celui d’Hamish Hawk a l’élégance de s’offrir des percées lumineuses, aussi bien écrites que celles qui font l’immensité et la classe de Baxter Dury. Il ne faut pas croire pour autant qu’Hamish Hawk emprunte aux styles de ces musiciens de renom. Non, il se crée son propre univers, aussi mélodique que puissant, pousse une voix grave à la noirceur hypnotisante et offre sans aucun doute l’un des meilleurs albums de l’année. Cet opus est également le successeur d' »Heavy Elevator » sorti en 2021. Sans honte, sans limite, le chanteur y vide son sacs et y déverse ses mots. Il y expose tous ses non-dits. Et finalement, il y parle de ses relations avec les hommes: qu’ils soient ses amis, amants, collègues ou de sa famille famille, toutes y sont passées au crible. « Je me suis dit que c’était le corps de l’album. Le fait qu’il me rende nerveux me dit que c’était la bonne chose à faire » commente-t-il. Toujours est-il que force et tendresse s’y côtoient dans un opus à la modernité sans fin et à l’intemporalité indiscutable. Une prouesse d’écriture et de production, sophistiquée, immanquable cet automne donc, mais surtout cette l’année.
Warhaus – Karaoke Moon : de la sensualité dans la playlist
S’il est une valeur sûre, qui ne déçoit jamais, ce sont bien toutes les créations des acolytes de Balthazar. En groupe, quelle maîtrise, quelle classe, quelle capacité de composition ! Mais aussi en solo. Cette année J. Bernardt gratifiait le monde d’un excellent opus, « Contigo’, une réussite de chaque titre, rappelant son génie créatif. Il manquait donc à 2024, un nouveau Warhaus, Marteen Devoldere de son vrai nom. Voilà qui sera chose faite juste avant la fin de l’année, histoire de s’assurer que 2024 soit une réussite après tout. Le 22 novembre « Karaoke Moon » dévoilera toutes ses facettes et ses 10 titres au Monde. Plus sensuel que son prédécesseur « Ha ha Heartbreak », il magnifie ses rythmiques et s’offre un périple solaire pour trancher avec la noirceur de la saison. Dessus, Marteen Devoldere explore son timbre et son phrasé-chanté. Il y crée notamment une époustouflante tirade en l’honneur de « Jim Morrison », convoquant son génie poétique et s’offrant un chœur jubilatoire sur son refrain. Les chœurs d’ailleurs, sont nombreux sur cette pépite qui convainc dès sa première minute. Si le single « No Surprise », initialement crée pour être une véritable piste disco, laisse entrevoir l’influence de Sade, il n’est que l’un des nombreux visages d’un karaoké pluriel. On y découvre d’ailleurs une piste instrumentale qui met le piano en son centre. Warhaus nous confiait en interview ne pas se laisser inspirer par la musique d’autres compositeurs.trices. Il le prouve titre après titre, mettant sa singularité au profit de ses créations. Nous voilà en train de voguer avec lui dans les airs, charmés tels des serpents à sonnette sur « Zero Code One ». Il semble impossible de comprendre comment le génie a pu frapper si peu de temps après la sortie de son dernier joyau, un album de rupture enregistré à Palerme suite à une séparation amoureuse et publié en 2022. Pourtant Warhaus a encore tellement à dire. Chaque morceau est une épopée captivante jusqu’à « Emely », classique instantané et au démarrage lent et à l’ascension phénoménale. Un dernier cadeau pour que les couleurs ocres de l’automne vous aident à décrocher la lune.
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