Le 24 Juin dernier, Bertrand Bonello a présenté son dernier film Coma en avant-première lors du Champs-Elysées Film Festival. Louise Labeck y joue le rôle d’une adolescente confinée perdue dans les méandres des rêves et de la réalité. Il sortira en salle le 16 novembre prochain.
Coma est un film autoproduit et, par conséquent, indépendant. C’est cette particularité qui offre au film toute la liberté et l’originalité qui le définissent.
« Ne rentrez jamais dans le rêve des autres »
Bertrand Bonello utilise différentes techniques comme l’animation, des prises de vue réelles, du Stop-Motion et des images d’archive. Ce film est dédié à sa fille, Anna, de 18 ans. Comme le dit le réalisateur à la fin de la projection, il souhaitait entrer dans le cerveau de sa fille. Le film débute et s’achève sur deux lettres saisissantes, où il s’adresse directement à celle-ci, lui offrant ce qu’il y a de plus beau, la liberté, la conscience du monde dans lequel elle vit et grandit. En s’adressant à sa fille, Bertrand Bonello s’adresse à toute une génération.
Coma parle d’une adolescente (Louise Labeck, « sa fille de cinéma » pour le citer) qui, pendant le confinement, ne sort pas de sa chambre et se perd dans sa tête et dans ses rêves, confondant ainsi ceux-ci avec la réalité. Ses errances chimériques sont rythmées par les vidéos d’une Youtubeuse, Patricia Coma (Julia Faure) qui s’adresse à sa communauté dont l’on ignore le véritable nombre. Celle-ci s’avère aussi seule et désemparée que l’adolescente qu’elle accompagne.
Un film ancré dans l’air du temps
Cet essai cinématographique mélange poésie, humour et des passages bien plus sombres, révélateurs de l’époque actuelle : l’écologie, le confinement, le terrorisme, la mort. Ce film est une ode à la jeunesse, une jeunesse terrassée en quelque sorte, par ces inquiétudes omniprésentes.
Chaque vagabondage de sa pensée offre une nouvelle dimension au film : sous les yeux de la jeune fille, ses Barbie se disputent et se déchirent, une forêt sombre et inquiétante (est-elle dantesque? Cartésienne? Biblique?) se déploie, des serial-killers se confient.
Il serait bien maladroit de ma part de ne pas dire un mot sur le casting prestigieux des voix. Louis Garrel, Laetitia Casta, Vincent Lacoste, Anaïs Demoustier et Gaspard Ulliel – dont la voix résonne comme un écho fantomatique – jouent le rôle des Barbie et offrent au scénario une forme de comic-relief.
Ainsi, ce film est un projet très personnel, déconcertant sur le principe, car il joue avec des supports hybrides et nous guide, avec des dispositifs assez simples, vers une complexité narrative très riche et inattendue. Comme le dit Bertrand Bonello, il est du devoir des cinéastes que de redonner le désir aux spectateurs de revenir au cinéma, voir des films en salle. Alors, à partir du 16 novembre prochain… vous savez quoi faire.
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