Oh Sees, ex Thee Oh Sees, l’un des groupes les plus brulants et prolifiques de ces dernières années, se produisait ce jeudi 05 septembre au Bataclan à Paris. Réputé pour leurs concerts acharnés et sportifs, le groupe était attendu par de nombreux fans venus apprécier un rock enflammé. Réputation confirmé ? Oui. C’était démentiel.
Le groupe Californien n’a cessé d’expérimenter plusieurs styles et de changer de membre au fil des années. Il est néanmoins toujours mené par un seul et même homme : John Dwyer, figure emblématique de la scène garage américaine. Un multi instrumentiste bourré de talent qui ne jure que par la musique. Et autant dire qu’il nous en offre un sacré paquet, qui plus est de bonne qualité ! Les disques d’Oh Sees sont généralement très bons, certains biens, d’autres excellents, et leur fréquence de sortie impressionnante (au moins un tous les ans, voire deux ou trois quand les idées fusent). Le dernier en date, « Face Stabber », qui vient de paraître il y a quelques jours, est un double album copieux. Ils ont eu quoi de faire en un an ! Réussi de bout en bout, même si parfois un peu trop lourd, l’album confirme leur place dans l’univers rock : le groupe est en constante recherche de nouveauté. Ici, ils s’amusent à explorer différents genres, allant du rock garage psyché à des expérimentations à la Brian Eno, en passant par le jazz. « Face Stabber » vient compléter la pyramide et étend le spectre musical du groupe. Sans être un chef-d’œuvre, il fait beaucoup de bien, et c’est donc accompagné de ce nouveau bébé que John Dwyer et sa troupe sont venus incendier le Bataclan (sans mauvais jeu de mot).
Une première partie endiablée
Mais avant d’occuper la scène, c’est les jeunes déjantés de Franckie and the Witch Fingers qui ont eu la chance d’échauffer la salle. Sosies d’Oh Sees, les quatre américains qui composent le groupe ont déjà quelques albums à leur actif, et n’ont pas grand-chose à envier à quiconque. A part peut-être un peu plus de reconnaissance. Car pour une entrée en matière, le groupe a été généreux. Une incroyable dose de puissance et de folie, qui nous a été servis sur un plateau d’argent. Quoi de mieux qu’une première partie à la hauteur de l’évènement ? Des excités du rock comme on les aime. Frankie and the Witch Fingers est à suivre de très près, car il se pourrait bien qu’ils rejoignent leurs amis Oh Sees au-devant de la scène rock garage. Une frénésie de haute qualité.
Oh Sees, un rock physique
C’est ensuite au tour de leurs grands frères. Quelques réglages faits par… le groupe lui-même (ils jouent carrément des morceaux pour ajuster les balances), puis un petit « hi, we are Oh Sees, let’s go ». Même pas d’entrée sur scène sous les applaudissements. Ensuite, vous vous en doutez, c’est parti pour une heure et demi de folie et d’éclate jouissives. Les deux batteurs (oui, deux ! parfaitement synchros) donnent leur vie sur scène, tandis que John Dwyer, guitare au niveau du torse, comme si elle faisait carrément partie de lui, fait en sorte d’incarner physiquement toute l’intensité de la musique. Tous en short et t-shirt, le groupe joue pour leurs potes, et s’en foutent de l’estrade qui les sépare du public. Ils donnent, donnent, donnent, toujours plus. Et le public reçoit continuellement, sans pauses. Une éjaculation de rock très peu dosée. Tout nous est envoyé, à nous de survivre comme on peut.
Pas besoin de connaître les morceaux, chacun nous retourne à sa manière. Les pogos se font de plus en plus gros, et les gens deviennent dingues en réalisant à quel point les membres du groupe s’épuisent sur scène. Une grande partie de « Face Stabber » est joué, sans oublier l’excellent « Smote Reverser » paru un an avant. Vers la fin du concert, le micro du chanteur ne fonctionne plus… Ce dernier se charge du problème lui-même, alors que ses potes se mettent à improviser à la batterie et à la basse. Un vrai passionné et connaisseur règle lui-même les imprévus techniques. Une preuve de plus qu’on est pas face à des guignols.
On ressort de là sonnés, comme si une attraction à sensations fortes avait malmené notre corps pendant une heure. Cinq musiciens talentueux peuvent faire des merveilles. Et même si ce ne sont pas les premiers à l’avoir prouvé, les Oh Sees ont impressionné la foule ce soir-là, et ont gravé des souvenirs qui resteront encore longtemps dans les esprits.
Il n’y a plus qu’à attendre un nouvel album en 2020 et un prochain passage en France pour se faire de nouveau dézinguer la tête par un concert phénoménal (il y en a peu donc ne les ratez pas !).
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