C’est la rentrée à Paris et avec elle le lancement de l’Etrange festival qui pour la 24ème fois met à l’honneur films étranges et hors normes dix jours durant au Forum des Images. Du 5 au 16 septembre 2018, l’évènement accueillera le meilleur d’un cinéma à part venu du Monde entier.
Anna and the apocalypse: un amuse bouche en musique
Mais passons maintenant au cœur du sujet de l’Étrange Festival : Le cinéma. En guise d’ouverture, le court métrage d’animation Bavure de Donato Sansone est une belle entrée en matière. Au programme, l’histoire de la vie, l’Univers et une invasion extraterrestre en moins de cinq minutes chrono! Original et très beau esthétiquement parlant, il remplit parfaitement son oeuvre de mettre en appétit pour le film d’ouverture du festival, qui lance aussi la compétition internationale : Anna and the Apocalypse.
En première française, le réalisateur écossais a l’accent prononcé présente rapidement le film et voici l’Etrange Festival qui commence pour de bon et qui pour le coup porte bien son nom…
Une invasion zombie. Tout le monde connait de nos jours. Que l’on ait été sensibilisé à la chose depuis Romero ou The Walking Dead. Mais mêler comédie musicale et invasion zombie ce n’est pas banale! S’il fallait « pitcher » ( à la truelle façon petite fille dans la cave de la Nuit des Morts Vivants), Anna and the Apocalypse, cela pourrait donner : quand Glee rencontre Shaun of the dead… Original, me direz vous? Dans le genre du film de zombie qui commence à tourner à vide à force d’avoir été surexploité ces dernières années, c’est une intention rafraîchissante. Mais les bonnes intentions ne font pas tout malheureusement…
Pour parler du film, trois choses sont à voir : l’aspect comédie musicale, l’aspect « comédie horrifique » et enfin le mélange des deux est harmonieux. Une des grandes forces de Anna & The Apocalypse est d’être techniquement irréprochable, notamment au niveau des morceaux chantés. Les acteurs interprètent leur partition de façon convaincante et comme dans toute bonne comédie musicale, les textes sont assez bien tournés pour retranscrire à la fois les motivations et préoccupations des personnages, mais aussi pouvoir être appréciés séparément. Rien à redire pour la partie musicale donc. Pour la partie « comédie horrifique », c’est autre chose. Si la référence avec le Edgar Wright de Shaun of the Dead est plus qu’évidente, voire très très appuyée au niveau de certains tics de mise en scène, les scènes de comédie en tant que telles souffrent d’un léger problème de rythme, ce qui désamorce beaucoup d’effets comiques potentiels. Néanmoins, si cela empêche clairement le film d’atteindre son illustre aîné et modèle, cela ne l’empêche pas de faire passer un agréable moment au spectateur.
Est ce qu’Anna & The Apocalypse est un bon film au final? Oui. Il sait distiller assez habilement sa part de fun en étant techniquement maîtrisé et en respectant ses personnages/archétypes. Une bonne entrée en matière décomplexée pour la 24ème édition de l’Étrange Festival.
Perfect Skin: Je t’ai dans la peau
Deuxième partie de soirée pour l’Etrange festival qui lance dans sa salle 500 « Perfect Skin » de Kevin Chicken. Inspiré du court-métrage du même nom, le film part du pitch suivant, tel que donné par le festival lui-même:
Katia, une jeune fille au pair, arrive à Londres et croise la route d’un tatoueur américain très vite fasciné par sa peau, qui ferait une toile idéale pour ses créations…
De quoi donner envie à un public averti qui porte un intérêt certain au torture porn. C’est pourtant d’une manière bien plus élégante que Chicken gère son sujet. Si le tatouage est un art, c’est avec cette même passion pour l’esthétisme qu’est traité le film. Les plans, et les images, tout y est magnifiquement travaillé.
Le sujet en lui-même cache bien des facettes: les limites de l’art, le corps, sa possession, la relation avec un agresseur. De quoi tenir un sujet solide. Et si l’on ne s’ennuie pas une seul minute devant cette œuvre dérangeante, le film peine à atteindre le paroxysme de ses ambitions. Les traces du court-métrage et de son envie de raconter une histoire rapide se font ressentir. Une fois Katia enlevée, quelles sont les réelles envies de notre kidnappeur? Jusqu’où ira-t-il?
Jusqu’à fournir au spectateurs quelques scènes éprouvantes qui resteront gravées dans les mémoires. Le film de par l’actualité fait également douloureusement échos à un fait divers terrible. Une jeune fille a en effet été retenue en otage plusieurs jours durant par une bande d’hommes qui après l’avoir violée et torturée à de nombreuses reprises l’ont tatouée sur tout le corps. Qui a dit que la fiction allait plus loin que la réalité? Ces faits en tête difficile donc, de ne pas prendre à cœur le calvaire de la belle Katia qui tente avec force de comprendre les intentions d’un ravisseur persuadé de rendre service et de faire de la jeune femme une véritable œuvre d’art.
Reste pourtant la sensation de rester sur sa faim tant certains rebondissements sont couramment exploités dans le cinéma de genre et tant le sujet se met rapidement à tourner en rond. A la façon d’un « Human Centiped » qui une fois le centiped crée cherche comment poursuivre l’exploitation de ce sujet. Film à déconseiller pour autant? Loin de là puisqu’une esthétique léchée, un sujet original et un jeu d’acteur pertinent (mention à Richard Brake qui tient à merveille son rôle de charmant psychopathe) en font une œuvre à part qui restera longtemps gravée dans la peau de celui qui le visionnera.
Dès demain, l’Etrange Festival continue.
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