C’est à la fois simple et complexe de réaliser une interview et de la retranscrire. On peut choisir de simplement mettre bout à bout toutes les questions et donner les réponses de l’artiste concerné, lui laisser 100% de la place, garder tout le reste pour soit et laisser une touche de magie et d’imaginaire au reste. Ayant été une grande fan de beaucoup d’artistes, ceci entraînant cela, l’envers du décors m’a toujours attirée. Qu’est ce qui se dit en off? A quoi ça ressemble de près ? Là où je n’avais pas accès. L’interview permet à l’artiste de parler à son public à travers quelqu’un d’autre, de créer une proximité. Alors pourquoi laisser une distance? Voilà la genèse de cet article dédié à LP, grande artiste s’il en est.
Aujourd’hui âgée de 36 ans, la très talentueuse jeune femme aux allures d’un Bob Dylan des années 60 a percé grâce à son single « Lost In You », si vous êtes passé à côté, vous n’avez simplement pas du faire attention et en l’écoutant, vous verrez qu’en fait non, vous connaissez c’est certain. Au détour de son attitude atypique et d’une voix qu’elle a travaillé à l’opéra, la musicienne a su fédérer une véritable communauté de fans dévoués et présents. Des fans qui veulent être au plus près d’elle, ce que je comprends pour avoir tenter d’escalader des backstages dans une autres vie quand j’avais… euh non, je nierai avoir dit ça, ça n’est jamais arrivé.
Toujours est-il que la chanteuse acceptait de se livrer au jeu des questions/ réponses lors du passage de LP aux Déferlantes 2017.
Pour ma part, le principe était celui-ci : 10 minutes accordées en présence d’un deuxième média, issu d’une célèbre radio. La journaliste peu certain de son anglais me demande en amont si je peux m’occuper de sa traduction, celle qui passera à l’antenne. Exercice amusant mais jamais testé ( attention cet exercice a été réalisé par un professionnel, merci de ne pas réessayer chez vous). Topo, le temps se trouve sérieusement divisé pour pouvoir poser mes questions. Qu’à cela ne tienne, je choisi les plus pertinentes, les moins posées dans ma longue liste. Dommage, on aurait pu aborder pleins de thèmes tant la vie de la chanteuse est riche.
« J’ai eu 9 vies, comme les chats dans cette industrie. » LP
- Un tableau représentant LP fait par un artiste local
Crédits : Julia Escudero
Voilà donc arrivée l’heure de la rencontre. L’espace média, situé derrière les scènes offre une grande pièce et un beau canapé en forme de lèvres rouges pour réaliser les rencontres. C’est là qu’arrive à 17 heures 30 notre star. Elle est accompagnée par l’attachée de presse/ traductrice du festival. Les journalistes sont nombreux à se presser autour d’elle. Quelques consignes, LP est sympa, elle veut connaître le prénom de chaque journaliste, créer une proximité, il faut lui faire valider les images que l’on prend d’elle, enfin dans les faits à la cool quand même, juste une toute petite vérification pas non plus une interdiction de quoi que se soit, enfin elle est ici sous son nom de scène pas son vrai prénom. Après les interviews filmées, c’est notre tour. C’est une personne douce que je rencontre. Sympa, à l’écoute elle semble sincèrement intéressée par son interlocuteur. Elle prend le temps de demander si tout va bien, est arrivée aujourd’hui mais est en tournée européenne, la chaleur ne lui pose pas de problème, seul le froid la dérange, on pourrait papoter des heures, LP pourrait être une bonne copine mais voilà il faut poser les questions de deux journalistes et le temps passe trop vite. Lorsqu’on lui demande ses premières impressions sur le lieu elle répond : « C’est magnifique, combien de festivals ont une vue comme ça? C’est très impressionnant et je suis honorée d’ouvrir pour Sting. » La seconde question posée par la radio a pour but de faire découvrir la chanteuse à un public qui ne la connaît pas encore- si au début tu t’es dis qui est LP? celle là est pour toi- en lui disant qu’elle est assez mystérieuse et en lui demandant qui est-elle, la chanteuse rit sincèrement « Je suis une chanteuse et une auteure compositeur. J’ai eu une longue traversée dans cette industrie puisque j’ai commencé en tant qu’artiste et j’ai écrit beaucoup de morceaux et puis certains ont été utilisés par d’autres artistes, je suis alors devenue un auteur et je pensais que je serai toujours un auteur. J’ai tellement écrit que j’ai fini par écrire pour moi-même et c’est là que je suis devenue une artiste. J’ai beaucoup donné pour le devenir mais ça a presque failli se terminer il y a quelques années. Et puis j’ai eu une autre chance. J’ai eu 9 vies, comme les chats dans cette industrie. »
Quelques chut! S’élèvent dans la salle de presse alors que certaines personnes autours parlent. Rien de bien déstabilisant. LP s’excuse d’avoir répondu longuement, elle sait qu’il faut encore traduire, elle sourit avec bienveillance, donnant envie que les 10 minutes se transforment en heure et d’aller creuser chacun de ses souvenirs, de connaître les rouages de cette industrie, ce parcours. Et pourquoi ce 4ème album a-t-il pris tant de temps à paraître ? « Mes 3 précédents opus été très indés et c’est un business très politique. Je ne ressemble ni ne sonne comme les artistes ordinaires. J’avais besoin d’être poussée et cette fois ça a été le cas.» En parlant en français pour traduire, avec l’envie de bien coller à ce qu’elle dit, LP voit que je réfléchis quelques secondes en milieu de phrase « et euh.. » Pas besoin de connaître la langue, toujours à l’écoute la voilà qui demande si elle peut aider en répétant quelque chose. Tout va bien, on peut poursuivre.
« C’est incroyable toutes les opportunités qui existent via les réseaux sociaux. »
Avec l’une de mes questions cette fois et une petite aparté avec la chanteuse, c’est bizarre de ne pas seulement te parler en anglais, c’est différent des discussions fluides que j’ai normalement en interview. « Ne t’inquiète pas. » Il est donc l’heure de parler de l’influence des réseaux sociaux et de Youtube sur la carrière d’une chanteuse qui a commencée avant qu’ils n’existent et qui a reçu un petit coup de boost via un message Instagram. « C’est un point intéressant. Ma copine est aussi une artiste et je vois à travers les réseaux sociaux à quel point sa carrière est différente de la mienne. Je ne changerai rien à ma vie puisque c’est ma vie et que finalement tout s’est merveilleusement bien passé et j’ai appris beaucoup de choses grâce à la manière dont tout ça s’est passé. Mais c’est incroyable toutes les opportunités qui existent via les réseaux sociaux. Vous me demandiez pourquoi on a pas entendu parler des mes albums avant mais c’est aussi parce que les réseaux sociaux n’étaient pas aussi forts avant. Il y a maintenant beaucoup plus de manières pour que quelqu’un entende parler de vous beaucoup plus vite maintenant. C’est une bonne chose. Chaque ère à ses challenges. Les réseaux sociaux en font partie et sont très utiles. Parfois, ils font pourtant peur mais je dois gérer avec ça. »
L’interview passe à tout vitesse face à la douceur de la chanteuse. Il est déjà l’heure des dernières questions. L’occasion de demander où se trouvait LP, dix ans auparavant alors que le festival dans lequel nous nous trouvons à lui-même 10 ans : « Ho mon Dieu! J’étais en train de faire un album mais je peux dire que tout n’allait pas bien en ce qui concernait mes affaires. Mon père venait de mourir et j’étais un peu perdue. Ce business y a été fort avec moi pour être sincère. Pas plus qu’avec quelqu’un d’autre mais il était difficile d’accorder ce qui se passait dans l’industrie de la musique et ce que je voulais faire artistiquement. J’avais l’impression qu’à chaque fois que je tentais quelque chose artistiquement quelqu’un débarquait pour dire ‘c’est bien, tentons ça’ et qu’ensuite, c’est une entreprise, donc ils essayaient de me prendre mes créations. Donc j’apprécie d’autant plus où j’en suis maintenant. Mais il y a 10 ans, c’est aussi le moment où j’ai découvert que j’étais une auteur/ compositeur décente, j’étais très prolifique et c’est le côté positif de cette période. J’étais un véritable auteur et je me battais pour la première fois contre l’aspect business de ce métier, c’est là que j’étais. »
Les aurevoirs sont rapides mais chaleureux, il faut laisser place à la prochaine interview. Et attendre de découvrir le monument LP en live.
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