Antoine Leconte est un patron de télé influent et implacable. En véritable requin, il arpente les couloirs, l’œil mauvais pour continuer d’asseoir sa domination sur tout et tout le monde. Jusqu’au jour, ou il se retrouve à l’hôpital… A son réveil, son monde a changé… Critique de K.O, le nouveau de film de Fabrice Gobert ( Les revenants, Simon Werner a disparu).
Les premières minutes nous placent en plein milieu d’un combat de boxe. Bon, pour un film qui s’appelle K.O, rien d’anormal, mais comme on pouvait s’y attendre, tout peut être et n’importe quoi d’autre. Ainsi, dès les premières minutes, la présentation du personnage de manager-winner Antoine Leconte, brillamment interprété par Laurent Lafitte, laisse apparaitre un environnement qui ne demande qu’à se fissurer. Collaborateurs dédaignés, mariage gaché, multiples adultères, comportement suffisant…
L’introduction semble un peu longue, et c’est là l’art de Fabrice Gobert, rien n’est pourtant à négliger. Car, au moment, ou le spectateur va se sentir confortablement installé, le K.O arrive. Une surprise. Hébété, le spectateur adopte pour le coup le point de vue du personnage Laurent Lafitte en découvrant ce monde différent mais similaire. Solange, la femme bafouée et alcoolique ( Chiara Mastroianni à la panel de jeu impressionnante). Boris, le collègue-bras droit grande gueule ( Pio Marmai, dans un rôle ressemblant, au moins un moment, à celui du regretté Jocelyn Quivrin dans 99 francs). L’influente Ingrid ( Clotilde Hesme dont le charisme dévore littéralement la pellicule). L’ambitieuse Dina ( Zita Hanrot qui confirme tout son potentiel depuis Fatima). Tous sont encore présents dans l’univers d’Antoine Leconte mais d’une façon très différente…
K.O apparaît alors comme l’histoire d’un combat. Celui d’un homme, pas forcément plus sympathique dans cette deuxième version de lui même (cf ses liens distants avec sa fille adolescente), qui veut à tout prix retrouver sa vie d’avant. Mais cette vie là a t-elle jamais existé? Fantasme? Réalité? Complot? Cela serait spoiler que de rentrer sur ce terrain là, même si le film joue intelligemment avec le mystère, laissant le spectateur se demande quelle va être l’histoire qui va lui être raconté.
Simon Werner a disparu parlait, entre autres, des projections de différents personnages par rapport à un sujet donné (la disparition de Simon Werner donc). Ici, c’est Fabrice Gobert qui laisse le spectateur se projeter dans l’histoire et le laisse libre de donner sa propre interprétation à ce K.O et la façon dont le personnage principal s’en relève. Brassant des influences allant de La mort aux trousses à Fight Club (au cours d’une intrigue secondaire pas forcément heureuse), de Un jour sans fin à Kafka, Gobert réussi à ne pas se perdre et à livrer un long métrage solide.
K.O ne concourt peut être pas pour le titre de film de l’année mais il reste un thriller aux acquis certains et permet à tout un panel du cinéma français de briller ( Lafitte, Hesme en tète). Il permet aussi d’espérer que le film de genre à la française retrouve de la couleur (comme avec Virtual Revolution?) Enfin, il permet au spectateur de jouer au jeu des interprétations et théories et c’est toujours rafraîchissant, à l’heure ou les propos veulent encore et toujours être plus explicités (n’est ce pas Get Out?).