Le Yoyo, Paris, le 24 mars 2017. Dehors, il fait tiède, le genre de temps qui promet un retour rapide du soleil, juste à temps pour voir l’heure d’été pointer le bout de son nez. Devant la salle parisienne du Palais de Tokyo, un queue de fans de musique se presse. Les Nuits Claires, le festival du célèbre journal Marie-Claire va bientôt commencer.
A peine les premières marches de la salle de concert descendues, le public est plongé dans l’ambiance de cet événement particulier: une pochette de la marque Les Petites est offerte à chaque festivalier. Couleur mordorée, intérieur fleurie, l’objet est complètement dans l’air du temps.
Dans la salle, les festivaliers d’un soir sont divisibles en deux catégories: les fashionistas à la pointe de la mode avec des tenues parfaitement travaillées et les rockeurs je m’en foutistes, fans de l’enfant rebelle qu’est Pete Doherty. A peine le temps de prendre une barbe à papa bleue offerte et une photo sur le photomaton installé pour l’occas, que hop, il est l’heure du premier concert.
C’est donc à nos chouchous d’Holy Oysters d’ouvrir les festivités (en disant chouchous ça sent bon la belle impartialité journalistique comme ça). Le combo aux riffs psychédéliques a pour l’occasion greffé au cou de chacun de ses membres un totem en forme de losange.
Côté scène, le set est particulièrement carré. Doucement mais surement, le groupe prend de la hauteur. De morceaux plus calmes, peut-être parfois un brin plus plat, on arrive doucement à entrer dans une véritable transe musicale. les guitares deviennent plus rock, la pop s’affirme tout comme la voix de Max, le charismatique chanteur. Ce dernier rodé prend régulièrement de communiquer avec la foule. Les remerciements s’enchaînent, tout comme cette certitude d’être ravis d’être là, juste avant Pete Doherty. On pense à Led Zeppelin, rien que ça, sur certains riffs et on se laisse bercer dans le nuage enivrant qu’est Holy Oysters. Sans alcool mais en musique la fête est plus folle ( enfin… tout est relatif tout ça). Toujours est-il que si notre groupe n’a pas encore atteint sa maturité musicale complète, ses premiers pas sont d’une qualité folle qui ne peut que laisser rêveur quant à lui suite de leur carrière.
Le temps passe à une allure folle puisqu’il est presque 22 heures et que le que le visage de Pete Doherty s’affiche sur l’écran géant du Yoyo.
Quelques minutes plus tard, une jeune fille monte sur scène. Pour nous dire que le rockeur ne pointera pas le bout de son nez? Que neni, Pete a mûri, un peu comme, paix à son âme, Lemmy Kilmister, qui était passé à la vodka au lieu du whisky puisqu’il « prenait soin de sa santé ». Dans le Yoyo, toujours est-il que quelques minutes avant le début du live qui nous réuni, on chante « joyeux anniversaire » et tout le monde joue le jeu.
C’est vêtu d’un manteau noir et d’un chapeau que le super bad boy assagie débarque sur scène. Pas de temps à perdre, le musicien lance les hostilités avec son excellent single « I don’t love anyone ». Entouré de musiciens chevronnés, l’artiste assure immédiatement. Avec un chant bien plus juste que du temps scénique des Libertines, Doherty enchaîne les titres avec une présence captivante.
Il remplace quelques mots de ses morceaux par Marie-Claire et offre rapidement un moment si caractéristique de ses lives: le partage de micro yeux dans les yeux avec son guitariste. Félin, séducteur, le rockeur, le vrai et de loin le plus fashion de la salle – où la concurrence en matière de bon goût vestimentaire est énorme tant on a envie de jouer au Shazam vestimentaire toutes les deux minutes (confessions d’une accros au shopping bonjour). C’est donc vêtu d’un slim noir, d’une veste à fleur ouverte et sans rien en dessous à l’exception d’une cravate non nouée que notre rockeur prend de l’ampleur en live. Plus les titres avancent et plus le Yoyo se détend. La jeune fille jouant des cymbales a lâché ses chaussures, c’est peut-être un détail pour vous, mais côté scène ça sent bon la liberté. On fait ce qu’on veut zut. Tiens on a qu’à reprendre Oasis, on s’approche de la foule, on se déhanche dans tous les sens et c’est foutrement bon. Le final de ce bordel magnifique? L’une des plus belle leçon de rock scénique que l’on puisse recevoir. Doherty balance son traditionnel « Fuck forever » et avec lui l’anarchie la plus totale. le voilà qui se roule sur le dos de son guitariste plié au sol, les voilà qui s’emmêlent dans les fils des instruments.
La chanteur se roule sur la sol, sa troupe s’approche au maximum de la foule. On balance tout ce qui traine sur scène au public. Tout? Le batteur donne son verre à un membre du premier rang, Pete balance sa guitare encore branchée. La foule se bat pour l’objet et c’est un roadies qui saute pour récupérer l’objet. les musiciens se câlinent puis tous, star du rock incluses se jettent dans la foule. Ils en sortent. Un agent de la sécurité cherche à prête main forte à ceux qui slament encore, le chanteur le pousse dans la foule. Rock’n’roll on vous dit!
Encore plus, toujours plus, ça ne peut pas s’arrêter comme ça. Pourtant si, les lumières se rallument, c’est un festival après tout et il est temps de passer au DJ set qui conclura la soirée avec ce goût fort de liberté dans la bouche.