La résidence : de quoi ça parle ?
Cordelia Cupp, une détective excentrique, arrive sur les lieux afin de résoudre un meurtre survenu lors d’un dîner d’État . Au cours de l’enquête, des conflits interpersonnels entre 157 membres du personnel de la résidence commencent à éclater.
La Résidence : Sherlock à Shondaland
De Sherlock Holmes à Hercule Poirot, nous étions fort habitué.es à des détectives aux méthodes particulières et aux stéréotypes nombreux. Tous ces hommes blancs au grain de folie assumée résolvaient pour notre plus grand plaisir – et soyons sérieux il l’a toujours été, grand – des enquêtes insolvables. Tout en se jouant des mêmes astuces, de l’enquêteur génie aux méthodes farfelues, Shonda Rhimes (évidemment la mère d' »How to get away with murder » et « Grey’s anatomie » ) a enfin pris les devants pour nous offrir une nouvelle version de ce même schéma en la personne d’une enquêtrice enfin tout aussi farfelue que ses comparses et toute aussi brillante : Cordelia Cupp (magistrale Uzo Aduba). Cordelia a beaucoup de traits communs avec nos enquêteurs masculins favoris : des excentricités à l’envie de travailler en solo, elle a même son propre Watson qu’elle traine sans envie : Edwin Park (Randall Park). Pour autant, elle a ses propres traits de personnalité, d’une façon bien à elle de réaliser les interrogatoires à un amour infini pour les oiseaux, elle est aussi attachante qu’amusante et donne instantanément envie de la suivre dans toutes ses aventures. Si le débat autour d’une James Bond féminine avait fait beaucoup de bruit, notre « Sherlock » féminine, qui plus est une femme noire, est parfaitement jouissive et ne pourra que faire taire les mauvaises langues.
Voilà donc que cette fois, la productrice nous permet de pousser les portes de la Maison Blanche pour y résoudre une enquête complexe, prendre un bon bain d’humour et chercher à débusquer un dangereux assassin ! S’il est toujours si bon se retrouver à Shondaland, c’est aussi parce qu’on y brise les codes tout en sachant toujours en jouer. » Les Chroniques de Bridgerton », n’en déplaise à certain.es portait sur écran une belle et puissante reine d’Angleterre, une femme noire qui était loin d’être la seule au milieu de sa cours. Et ce qui est encore plus beau à Shondaland c’est que ce type d’uchronie n’est jamais le centre de notre histoire. Ainsi à la Maison Blanche, point de tyran extrêmement dangereux à la mèche orange. En leur place, rencontrez les Morgan : le président donc et son époux, Elliott. Et là encore ce changement qui dirait beaucoup sur la plan politique n’est jamais un sujet de notre histoire.
Il permet néanmoins d’introduire d’autres uchronies mine de rien, du type un attentat qui aurait précédemment touché Washington, tout en admettant qu’on se place dans notre monde et époque où tout serait identique et un peu différent.
Une fois ce cadre posé, nous voilà prêt.es à vivre une des parties de Cluedo les plus plaisantes que le petit écran ait pu nous offrir récemment. Parce qu’a Shondland on sait tout aussi bien gérer la caméra que le scénario, le faire avancer et amuser et « La Résidence » n’échappe pas a la règle. Mais qui a bien pu tuer A.B. Wynter ?
Cluedo géant made in netflix
L’avantage de prendre pour cadre une aussi grande demeure c’est qu’il agrandit considérablement le plateau de jeu. Ainsi les étages et les pièces se multiplient tout autant que les invités et le personnel. La liste de suspects de « La Résidence’ est haute en couleur. En tête de liste : Kylie Minogue qui interprète avec humour son propre rôle mais aussi son propre titre. On retrouve aussi Hugh Jackman et son visage caché, arlésienne hilarante et jamais suspect. Et puis, il y a les autres. Derrière les plus grands se cachent toujours les plus petits. Le personnel et ses griefs, alors que le concierge en chef a été tué. Serait-ce un suicide ? Non la théorie ne tient pas. Et quand le plus probable est éliminé reste à écumer les théories les plus impensables ! On prend alors un plaisir fou à passer en revu une palette de personnages, à découvrir le haut du panier qui jure à tour de bras, à trouver autant de mobiles que de fausses pistes et surtout à toujours à observer Cordelia, dans toutes ses métaphores atours des oiseaux. Il ne faut pas se le cacher les amateurs d’ « A couteaux tirés » et » Glass Onion » seront les premiers à voltiger de joie en regardant « La Résidence ». Le même ton, les mêmes codes humoristiques et le même regard sur la lutte des classes y ont leur place. Pour autant les fans de « Sherlock » de Steven Moffat et ceux de la version avec Robert Dowey Jr prendront le même plaisir à suivre ce spectacle. L’occasion étant là, profitons en pour rappeler que « Sherlock » était une série magnifique et brillante à l’exception de sa fin ridicule, médiocre, une espèce de mauvaise réplique de « Saw » qui fait tâche dans de si belles saisons. On ne peut qu’espérer plusieurs saisons à « La Résidence » et une bien meilleure écriture jusqu’à la fin. Et pour le coup, il y a peu de doutes sur le sujet. Comme tout show qui cherche à résoudre un meurtre, il serait délicat de trop en dire au risque de gâcher nombre d’indices croustillants qui seront révélés à mesure que l’intrigue avance. On pourra néanmoins saluer la présence à l’écran de Giancarlo Esposido (A.B Wynter lui-même), et son élégance dans chacun de ses rôles (incroyable dans « The Boys » évidemment). Il avait dû prendre la relève suite au décès soudain du regretté Andre Braugher (Brooklyn 99) d’abord choisi pour le rôle et décédé pendant le tournage. Une grande perte pour le monde des séries et du cinéma à qui le film est dédié.
Divertissement aussi plaisant qu’addictif, jeu aux nombreux pions, « The Residence » est aussi plaisant qu’une belle journée dans un parc d’attraction. Netflix nous offre ainsi un très bon moment qui se binge watch et permet de laisser de côté tous ses tracas le temps d’un visionnage qui ne prend jamais son spectateur pour un idiot. Pour palier au vide que laissera la fin de la série chez vous, vous pourrez aussi en profiter pour visionner la série « Inside Man » sur la même plateforme de streaming. Mais d’ici là, voltigez jusqu’a « La Résidence », vous nous remercierez plus tard comme disait un autre grand détective : Adrien Monk.
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