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Léonard Pottier

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Depuis la sortie de leur premier album « When I Have Fears », les jeunes Irlandais (James McGovern au chant, Damien Tuit à la guitare, Cathal Roper à la guitare, Gabriel Paschal Blake à la basse Blake et Diarmuid Brennan à la batterie) qui forment The Murder Capital n’arrêtent plus de faire leur apparition lors de dates européennes. Déjà leur quatrième en France. Avec des salles de plus en plus grandes et réputées, le groupe ne cesse d’évoluer et de gagner en influence à chacun de ses passages par la capitale française, rendez-vous importants pour les étoiles montantes du rock. Une évolution marquée par une fréquence de venue régulière et un public en continuelle constitution. C’est le Café de la danse auquel les cinq garçons ont décidé de s’attaquer. Une salle magnifique et confortable, qu’ils étaient bien décidés à brutaliser. Car la musique du groupe n’y va pas de main de morte. Bien que sophistiquée, réfléchie et extrêmement construite, son côté sauvage a tendance à prendre le dessus sur tout le reste en live. Ils ont l’habitude d’un public irlandais déchaîné, ils voulaient voir de quoi nous étions capables, nous français, souvent plus modérés dans l’emphase. Pour en savoir un peu plus sur le groupe et leur premier album sorti en août dernier, vous pouvez retrouver l’interview qu’ils nous ont accordés en novembre juste ici.

Après un passage au Nouveau Casino qui aura marqué les esprits, qu’attendions-nous de cette nouvelle date parisienne ? Certainement une proximité public/artistes encore plus étroite étant donné la construction de la salle, qui veut que sa fosse, davantage en largeur qu’en longueur (contrairement au Nouveau Casino) nous donne la sensation de toucher la scène à n’importe quel endroit. L’expérience devait en être supposément plus intense. Avec l’énergie du groupe que l’on commence à bien connaître, fait d’une férocité scénique lié à un charme envoûtant, tout annonçait le meilleur à venir. Pari réussi ?

 

 

Junior Dad, le jeune Irlandais au charme déstabilisant

Avant de les accueillir, un jeune homme se lance dans le vide, seul, simple, touchant. Cette personne, c’est Junior Brother, un Irlandais à la voix étonnante. Accompagné de sa guitare, il ose avec un grand courage une prestation originale, livrant un folk déconcertant avec un arrière-goût de punk. En équilibre constant, Junior Brother joue de sa voix perdue à travers les âges et étonnamment envoutante, quoique parfois inconfortable. Mais l’artiste joue de cet agacement. Il ne semble avoir peur de rien, et nous fait vivre consciemment une épreuve, déstabilisante mais que l’on apprend à aimer, et qui, certainement, nous laissera des traces à l’avenir. Sous cette carapace inoffensive sommeille donc une force secrète. A surveiller de près.

 

Au tour de nos Irlandais préférés

 Prévu à 20h50, les garçons arrivent vers 21h05. Et finissent avant 22h. Un peu court, sachant qu’une ou deux reprises n’auraient fait de mal à personne. Mais le groupe ne semble pas vouloir déroger à l’identité unique de son premier album. Une première œuvre certes incroyablement forte et cohérente, qui n’admet aucune sortie de voie, mais dont l’unicité ne devrait pas refuser sur scène certains apports bienvenus. Sur dix chansons, neuf seulement sont jouées. Les quelques minutes qui précèdent l’entrée du groupe semblent faire partie de la prestation, avec trois morceaux dont les versions enregistrées passent dans la salle à fort volume, mais sans personne sur le devant de la scène. Le public attend, impatient. Une question nous taraude alors : si ces morceaux (d’ailleurs très bons) font partie de l’univers musical du groupe, pourquoi ne pas les avoir joués eux-mêmes ? Loin d’être une trahison à leur identité, cela aurait surement renforcé cette dernière, car les influences ne sont jamais que des influences, et servent à gagner en pertinence et en profondeur. Surtout avec un groupe comme The Murder Capital, qui emprunte à beaucoup d’autres pour créer et renforcer un univers cohésif et très intime. Bon…

 

Une puissance toujours sauvage…

 Quoi qu’il en soit, avec un seul album à leur actif, difficile d’allonger ses sets. On ne leur en veut qu’à moitié. Ce qui nous importe réellement, c’est la qualité de leur proposition. Ils ouvrent directement avec leur morceau phare : « More is Less », contrairement au Nouveau Casino où ils avaient opté pour « Slowdance », une phénoménale montée en puissance. Nous avions d’ailleurs regretté de l’entendre si tôt, à un moment où le son n’est pas encore tout à fait réglé et où le public a besoin d’une bonne claque pour s’échauffer. « More is Less » convenait ici d’avantage à une ouverture, commençant le concert sur les chapeaux de roue. Le chanteur descend directement vers nous pour former un cercle au milieu de la fosse. Nous sentons son envie de nous voir s’affronter sous la sueur. Un concert de Murder Capital n’admet pas l’immobilité et fait appel à notre physique. Nous sommes vite emportés dans un tourbillon sonore auquel il semble difficile d’échapper, même pour les plus timides qui se voient soudainement pousser des ailes en entendant le cri perçant du chanteur sur la fin de « More is Less ».

 

… atténuée par un dosage maitrisé

 Néanmoins, le groupe a plusieurs cordes à son arc et réussit comme toujours à doser parfaitement son show, alternant entre brutalité précipitée et spontanée (« Feeling Fades, violence calculée (« For Everything »), et douceur maîtrisée (« On Twisted Ground »). « Love Love Love » détient la particularité en concert d’être d’une intensité apaisante. Les mots d’amour se mélange à des coups de guitare incisifs, et font du sentiment central du rock, de l’art et de la vie une épreuve sonore à multiples facettes.

Le concert poursuit sa route, avec un groupe que l’on sent heureux et épanoui d’avoir réussi à atteindre ce stade. Leurs têtes nous inspirent les meilleurs sentiments, car on y lit l’effort et l’honnêteté d’une démarche. Ce qu’ils nous livrent est pure et sincère : leurs âmes de rockeurs, que l’on devine authentique. Le public, dont la moyenne d’âge semble assez élevée, nous prouve encore une fois que le rock intéresse de moins en moins les jeunes. Quel regret ! Car c’est un véritable moment de partage qui se produit au Café de la danse ce soir-là, un moment destiné à toute personne qui se sent habité en son intérieur par la jouissance du rock. Et quelle plus belle jouissance que celle-ci, spontanée et sincère. Autant intimiste que minimaliste, un concert de The Murder Capital réveille nos désirs enfouis et restés secrets, si bien que la salle transpire de partout quand les dernières notes se font déjà entendre… Trop tôt… Nous ne reviendrons pas dessus.

 

 

Un concert malheureusement non dénué de défauts

 Cependant, quelques reproches sont tout de même à notifier : tout d’abord, une qualité sonore décevante, qui n’aura pas permis de délivrer toute la rage de la prestation. On reste plusieurs fois sur notre faim, dû à un son brouillon et à des instruments que l’on a parfois du mal à identifier voire à entendre… Bof pour un concert de rock. Ensuite, la prestation des garçons semble un peu trop quadrillée, calculée… Peu d’improvisation, aucune expérimentation. Juste l’album, dans un ordre différent, mais l’album quand-même, avec exactement les mêmes notes, les mêmes montées, les mêmes paroles, le même rythme. Zéro surprises. On regrette ainsi le manque de prise de risques, qui refusera au concert toute envolée, chose pourtant immanquable à tout rockeurs qui se respectent…. On se contentera de ça pour l’instant. Mais pour leur prochaine tournée, le groupe a encore des choses à apprendre et à améliorer pour passer de bon à très bon. Pour un jour devenir mémorable… Qui sait ? Personnellement, nous misons sur eux sans hésitations.

 

Retrouvez juste ici l’interview qu’ils nous avaient accordé en novembre dernier !

 

 Le duo que forme Frederico Pellegrini et Eric Pifeteau, deux ex membres du groupe de rock français The Little Rabbits formé à la fin des années 80, n’a rien de conventionnel. Les deux compères explorent depuis 2013 des contrées intimes et secrètes du paysage musical français. Leur musique est à leur image de couple excentrique : animée, moderne et déterminée, elle procure un sentiment de satisfaction intense. C’est en février prochain que sortira leur deuxième album : « AF ». Et autant le dire d’emblée, c’est très probablement le meilleur album français que vous entendrez cette année. Oui, nous ne sommes qu’en janvier, mais il faut bel et bien l’avouer, la claque monumentale qu’est ce nouvel album aura du mal à trouver rude concurrence en face.

 Fidèle à leur style unique, qu’ils ont su faire évoluer pour aujourd’hui atteindre des sommets, French Cowboy and the One nous invite à un périple musical pour le moins qu’on puisse dire intense. Dès le premier morceau, on y ressent une impeccable maîtrise. La production est d’abord ce qui saute aux oreilles. Rugueuse et électrique, elle donne tout son sens à d’excellentes compositions, aussi bien envoutantes qu’éprouvantes. Les sonorités utilisées, pour certaines déjà connues, sont ici revisitées selon une vision charnelle. La musique s’en prend à nous, elle nous rentre dedans, elle s’empare de nos corps, tantôt elle nous caresse avec vivacité (QVVDM ou DANSER) et tantôt elle nous plaque au sol sans concessions (Excel). L’urgence de la vie se joue dans nos oreilles (« embrasse-moi vite »), et le morceau VIVRE en est d’ailleurs le plus bel exemple. Cela donne lieu à une expérience agitée.

 

Des inspirations notables

 Certains motifs sonores récurrents sont repris au profit de grands morceaux, et les incombe de transmettre à travers eux une certaine histoire de la musique, aussi bien rock qu’électro. C’est ainsi que l’on retrouve des échos de plusieurs groupes ou artistes : on peut y entendre Kraftwerk mélangé à du Brian Johestown Massacre en passant par du Suicide. Les paroles ainsi que la manière de chanter peuvent parfois rappeler Philippe Katerine, Bashung ou Jean-Louis Murat, mais à faibles réminiscences. Car il existe une véritable identité propre qui appartient à ce duo : un phrasé généralement sec et abrupt, peu chanté, une voix provocatrice qui éveille nos désirs, ainsi qu’une constante proposition instrumentale. Tout cela donne naissance à des morceaux riches et passionnels, qui gagnent en intensité dès lors qu’ils parviennent à nous envahir.

 

Une œuvre complète et constante

 L’album prend sens dans son intégralité, et ne baisse jamais de niveau. Lorsque l’on écoute des excellents premiers morceaux d’un album, quel qu’il soit, on a toujours peur d’être déçu par la suite, que le reste ne soit pas aussi bon et que l’album disparaisse aussi vite qu’il est apparu. « AF » est loin de cela. Le groupe place d’ailleurs selon moi les meilleurs morceaux en seconde partie (QVVDM atteint des sommets, et TASAIME propose une terrible ligne de basse répétitive qui nous colle à la gorge). La répétition est un des points clés du groupe, qui en joue pour imposer sa force créative, entêtante et endiablée. L’ambiance parfois apocalyptique, mélangée à la sensualité des paroles et des sonorités, permet de créer une atmosphère oppressante, de laquelle on parvient difficilement à se détacher !

 

Une perle rare

Les œuvres musicales françaises comme celle-ci sont rares, et démontrent toute l’ingéniosité d’artistes malheureusement trop peu reconnus. « AF » est un appel sincère à la création et à l’élévation musicale. On y ressent tout le travail qu’il a fallu fournir pour arriver à ce splendide résultat final. Que ce soit au niveau de la production assez fascinante ou des compositions de haut niveau (EMBRASSE, VIVRE, AVANT, DANSER…), l’album est précis, concis et direct, à l’image des titres de ses chansons, presque tous composés d’un seul mot. La pochette, amusante, est la couverture trompeuse d’un secret bien gardé. Dès lors que vous trouvez la clé, il faut avoir la tête vide et être prêt à la surprise. J’espère que vous le serez en février.

 

Préparez-vous bien

Tout est dit, ce nouvel album est une perle rare, qui mélange les styles avec brio, et qui invente le sien grâce à un talent irréfutable. Et qu’est-ce que ça fait du bien ! « AF » constitue donc l’apogée d’un groupe qui, même s’il n’est pas aussi productif qu’on le voudrait, poursuit son épopée musicale sans jamais perdre le sens ni la pertinence de leur art.

 

Tracklist :

01 – DISCO FLASH
02 – EMBRASSE
03 – SERRER
04 – VIVRE
05 – AVANT
06 – IN UTERO
07 – QVVDM
08 – EVEL
09 – PAC
10 – TASAIME
11 – DANSER

 

En ce début année 2020, alors que les futures floraisons artistiques attendent patiemment (du moins, on l’espère !), il est venu le moment des découvertes. Un nouveau cycle galvanise les espérances. Il nous tarde d’écouter ce que 2020 aura à nous proposer. Mais pas si vite, car 2019 n’a pas dit son dernier mot. Plusieurs projets vous sont peut-être passés sous le nez, et c’est le bon moment pour se rattraper !

Trois EP qui valent le détour

 Laissez-nous donc vous présenter trois projets d’artistes français déjà un peu expérimentés dans le domaine (ce n’est à chacun pas leur première fois), tous sortis fin 2019. Ces EPs (case quasi-obligatoire pour les artistes qui souhaitent gagner en reconnaissance), abordent chacun un style différent, et ont tous les trois la particularité de le faire avec maîtrise et talent. Ces projets annoncent le meilleur pour les artistes qui les portent et les défendent fièrement, et autant dire qu’ils ont de quoi !

1. Sous la lune / Elodie Milo

EP, Sous la Lune, Elodie Milo, 2019

 Douce et singulière, la voix d’Elodie Milo revient nous envoûter avec un troisième EP bluffant. Elle libère ici tout son imaginaire à travers des compositions recherchées, à la limite des genres, mélangeant chanson française, folk et rock. Les rythmiques insufflent à cet EP un sentiment de liberté. C’est une marche enchantée, où le point d’arrivée est défini mais à travers laquelle on aime se perdre, prendre des détours, contempler le paysage qui se dessine progressivement, naviguer vers des horizons éparpillés. On se plaît à y découvrir une impressionnante atmosphère de calme et de rêverie, où chaque morceau apporte sa part de mystère. Le tout s’enchaîne parfaitement, il n’y a pas de chanson en dessous d’une autre. Elodie Milo nous guide sans jamais lâcher notre main. Elle parvient à créer un projet solide du début à la fin, fait de propositions aussi riches que réussies. Mon coup de cœur revient à « Semilia de Luna », un morceau chanté en espagnol, brillamment construit, dont l’élévation finale, toujours en retenue et légèreté, démontre la sensibilité créatrice d’une artiste ayant trouvé la beauté et l’émotion.

 

2. Ten Thousand Feet and Rising / The Gentlemen of Leisure

EP, Ten Thousand feet and rising, The gentlemen of leisure, 2019

 Un groupe de rock comme on les aime, français qui plus est ! Le nouvel EP de The Gentlemen of Leisure (leur premier datait d’il y a plusieurs années maintenant) combine toute la puissance d’un groupe qui a déjà trouvé une identité propre, bien qu’habité par beaucoup d’influences. Mais de cela, ils en font leur force. Leur musique fait surgir dans nos esprits plusieurs images connues, mais qu’ils ont le pouvoir de modeler à leur sauce. Le meilleur exemple est d’ailleurs la magnifique reprise du morceau culte « Tainted Love », ici animée d’une fougue propre au rock. On pourrait presque penser que c’est un morceau original du groupe tant ils parviennent à la convertir à leur style (contrairement à Marilyn Manson par exemple qui gardait les sonorités de la première version). La chanson titre placée en ouverture de l’album nous revigore d’un coup sec, avec son riff implacable et son refrain simple mais terriblement efficace. Cette ouverture, porte d’entrée vers un plaisir immédiat orchestré par un rythme entraînant, est à l’image du reste de l’EP : le groupe ne fait pas les choses à moitié, et excelle dans leur tentative. « Ears » est tout aussi séduisante, coup de poing instantané. La dernière chanson vient calmer le jeu, éteindre les flammes laissés par les morceaux précédents. Mais les braises perdurent, et la douceur de ce « Ever Fallen in Love » a de quoi garder notre cœur pendant encore quelques minutes. Une magnifique clôture, tout aussi mémorable que les autres morceaux. The Gentlemen of Leisure a donc la qualité certaine de faire du rock, du vrai, et de le faire avec un indéniable talent.

 

3. Hello Again / Adam Wood

EP, Hello Again, Adam Wood, 2019

 Il est déjà un peu connu dans le milieu, suite à deux précédents albums en 2012 et 2014, et il a décidé de revenir aujourd’hui avec un court projet de 4 titres seulement. Mais quels titres ! Portés par une fabuleux désir d’élévation, ces quatre chansons démontrent bel et bien tout le talent d’Adam Wood, qui utilise sa voix charismatique pour défendre des textes se mariant parfaitement aux sublimes compositions. On retrouve dans cet EP quelque chose de l’ordre de la nature, sans doute grâce au vert de la couverture allié à ce titre évocateur « The Great Escape ». Mais plus que cela encore, on ressent à travers la musique une tentative réussie d’honnêteté, qui donne lumière au projet. Le ton est clair : « I’d rather be dead », sur fond de blues moderne, constitue ce que l’artiste sait faire de mieux : une musique élégante et de caractère, qui apaise nos esprits avant de décoller. Les instruments résonnent avec douceur, en accord avec un style étrangement épuré. Parallèlement, la voix du chanteur nous transporte. Libéré par la musique, Adam Wood se révèle sous une nouvelle facette plaisante, dont les morceaux lui permettent d’affirmer son besoin de se redéfinir par la création artistique. Construit à partir d’une colonne vertébrale solide, ce court projet aura de quoi surprendre par sa cohésion. « Hello Again » donne envie de plonger tête baissée tout nu dans une rivière secrète au milieu du monde.

A vous de jouer !

Voilà donc les 3 EPs à écouter absolument pour bien entamer cette nouvelle année. D’ailleurs, il est dit que si vous ne les écoutez pas, vous passerez une année de malheur musicale. A vous de voir !

    2019 se termine à peine que nous avons déjà établi notre liste des meilleurs albums de l’année. Il a fallut en choisir 25 parmi de nombreuses pépites, et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette fin de décennie n’aura pas été égoïste. Avec l’arrivée de nouveaux groupes et artistes aux ambitions fortes et ceux dont la réputation n’est plus à refaire, cette année aura été riche en matière musicale, et cela pour notre plus grand plaisir.  La scène irlandaise a frappé fort en 2019 et trouve une place conséquente dans ce classement, sans oublier les artistes français toujours présents dans divers styles: rap, éléctro, rock… Ce top des albums de l’année a pour objectif de vous faire découvrir les oeuvres qui nous ont marqué durant tout le long de l’année, et ne se présente pas comme une liste purement objective et exhaustive. Laissez-vous porter par ces multiples et différents univers musicaux qui parsèment la liste, en espérant que cette dernière puisse vous ouvrir des portes sur des horizons encore inexplorés ! On se retrouve très bientôt pour le top albums de la décennie.

25. THE TALKIES / Girl Band

 

  Un réservoir inépuisable d’expérimentations en tout genre. Girl Band, jeune groupe irlandais, ressort mature de ce nouvel album aux compositions pour le moins étranges. La voix saturée du chanteur donne le ton : The Talkies transpire de rage et d’énergie. On crie de partout, on fait de la musique un détonateur imprévisible, et on expérimente avec des morceaux sans queue ni tête. C’est un peu brouillon, et on ne voit pas très bien où le groupe veut en venir, mais on se laisse très vite porté par ce brouillard mystérieux. Car après plusieurs écoutes, The Talkies se révèle enfin, et autant dire qu’on ne regrette pas d’avoir usé de notre patience. C’est un album sombre, violent et imprévisible, un voyage à travers des esprits torturés, dont la musique met au jour un dysfonctionnement d’ensemble. Fuck les règles, on fait ce qu’on veut. Une œuvre angoissante, à la limite de la claustrophobie.

 

24. WHY YOU SO CRAZY / The Dandy Warhols

  Toujours propres à eux-mêmes, les Dandy Warhols poursuivent leur avancée musicale avec une identité unique et admirable. Ils explorent et expérimentent toujours, avec un talent moins éclatant qu’en début de millénaire, mais tout de même empreint de sincérité et de conviction. Why You So Crazy nous prouve qu’ils sont toujours présents, dans une recherche sonore nouvelle et une perception autre, et qu’ils continuent d’y croire et de nous livrer des morceaux recherchés et uniques en leur genre.

 

23. RHEOLOGIE / Nedelko

  Tout jeune rappeur français, Nedelko impressionne par la qualité de ses textes et l’originalité de ses morceaux. En collaboration avec Oster Lapwass, beatmaker/producteur bourré de talent, le rappeur nous offre une œuvre complète qui n’est pas prête de se laisser saisir aussi facilement. Un grand album aux compositions élaborées.

 

22. FLAMAGRA / Flying Lotus

  Avec ses sonorités venues tout droit de l’espace et ses compositions toujours aussi étranges, Flying Lotus frappe un coup fort avec ce nouveau projet. Le défi de proposer des morceaux expérimentaux sans réelle base est osé, mais fonctionne toujours aussi bien grâce au talent indéniable de l’artiste et à ses nombreuses collaborations. Il faut dire que la production irréprochable n’est pas sans nous déplaire !

 

21. LES ETOILES VAGABONDES (EXPANSION) / Nekfeu

  Le coup de poing du rap français de 2019. Nekfeu revient plus fort que jamais avec ce double album aussi riche qu’impressionnant. Accompagné d’un film retraçant sa création, Les Etoiles Vagabondes (expansion) témoigne de la complexité ainsi que de l’inventivité d’un véritable artiste. Impossible de passer à côté.

 

20. CONFESSIONS / Philippe Katerine

  Toujours aussi déjanté, Katerine fait de Confessions son tiroir à conneries. Et quelles conneries ! Extrêmement bien écrites et composées, ces confessions, uniques en leur genre, rappelle que Katerine est avant tout un artiste de qualité et qu’il n’est pas seulement là pour la blague. Au contraire ! Sa musique témoigne d’un indéniable talent et d’une incroyable intelligence. Chapeau bas l’artiste.

 

19. SOCIAL CLUES / Cage the Elephant

   Encore plus mature et évolué que leur précédent projet, Social Clues hisse le groupe américain parmi les plus doués de sa génération. Les morceaux de ce nouvel album sont une plongée à l’intérieur d’une pop moderne, terriblement efficace et actuelle ! On ne peut qu’en redemander.

 

18. DOGREL / Fontaines D.C.

 Premier album pour les irlandais de Fontaines DC. Autant dire qu’ils ne sont pas passés par quatre chemins. Dans la lignée du post-punk, Dogrel nous dévoile tout le talent de la nouvelle scène irlandaise émergente. Concis et puissant, ce rock tâche est tellement jouissif qu’il vous fera au pire oublier un instant cette société de merde et, au mieux, vous remontera encore plus envers cette dernière ! A vous de voir.

 

17. FATHER OF THE BRIDE / Vampire Weekend

   Après de nombreuses années d’absence, il était temps pour l’un des groupes les plus influents de sa génération de revenir en force. C’est chose faite avec Father of the Bride, double album aux multiples facettes. On y retrouve l’énergie endiablée du groupe américain, la recherche sonore toujours aussi pointue, et le génie de composition qui parcoure l’oeuvre dans son entièreté. Avec un style unique en son genre, et un chanteur à la voix folle de charisme, Vampire Weekend a une fois de plus su nous séduire, et pas qu’à moitié !

 

16. ZAM / Franckie and the Witch Fingers

  Survitaminée ! C’est ce terme en particulier qui nous saute à l’esprit pour décrire la musique de Franckie and the Witch Fingers, un jeune groupe indépendant américain. Leur rock garage ne s’essouffle jamais et nous prend toujours par surprises grâce à un rythme effréné et des mélodies entêtantes. Un véritable réacteur en fusion ! A découvrir d’urgence.

 

15. THIRST / SebastiAn

 

   Après plusieurs années d’absence, SebastiAn, une des forces de l’éléctro française, a décidé de revenir en cette fin de décennie. Nous avions très peur du résultat, mais l’artiste nous a vivement réconforté avec une œuvre impressionnante. Plus que satisfaits, nous avons même été surpris, tant Thrist s’aventure sur des terrains inexplorés. Plus que moderne, ce nouvel album s’adresse aux pulsions qui sommeillent en nous. Avec des sonorités recherchées et tout un tas d’invités, SebastiAn livre un album complet et copieux, duquel vous ressortirez légèrement déboussolé. Pour autant, ne vous inquiétez pas : même si vous risquez de vous faire violenter comme sur la pochette, l’album a pour but de vous réveiller pour la décennie qui arrive à grands pas.

 

14. NOT WAVING, BUT DROWNING / Loyle Carner

Douceur et sérénité. Loyle Carner fait de son album un instant hors du temps, se frottant aux nuages. Mais ne vous détrompez pas, Not Waving, but drowning n’a rien d’ennuyeux. Bien au contraire, cet ambitieux projet démontre le savoir-faire de l’artiste, qui alterne entre douceur d’une voix entêtante et énergie dévorante de compositions maitrisées. A la limite du slam et du rap, Lolyle Carner nous berce autant qu’il nous réveille pour l’année entière.

 

13. INFEST THE RATS’ NEST / King Gizzard and the Lizzard Wizard

 

  THERE’S NO PLANET B !!! En plus d’éveiller les consciences écologiques, King Gizzard poursuit son exploration des genres. Il s’attaque cette fois-ci au métal ! Qui l’eut-cru ? Et en plus de cela, il le fait de façon évidemment grandiose et parfaitement maitrisé. Encore plus fort et véritable qu’un groupe de métal ! Le groupe fait une fois de plus preuve d’un talent monstre et met en PLS tous ses compères. Pile d’électricité, Infest the Rats’ Nest a tout pour démolir les murs de votre habitation. Ecoutez-le, et vous ne ressortirez pas intact.

 

12. GHOSTEEN / Nick Cave

 

   Nick Cave nous ensorcèle et fait de nous ses pantins. Rien n’est plus bouleversant que la voix d’un père parlant de son fils décédé. Encore plus quand celle-ci appartient à Nick Cave. Quelle puissance et quel courage se dégagent de cet album. Ghosteen révèle un artiste particulièrement solide sur ses appuis, bien que meurtri par un drame. Les morceaux qui l’accompagnent impressionnent par leur justesse et leur continuel souffle de rage et de lutte. Un grand moment de musique et d’émotions.

 

11. PHILANTROPIQUES / Guts

 

   Le beatmaker et producteur français Guts se lance dans la musique africaine ! Et autant dire que ça a de la gueule. Plus que ça même, Philantropiques est un véritable coup de génie. Entre rythmes répétitifs et mélodies africaines terriblement efficaces, cet album vous donnera envie de faire la fête toute l’année ! Un bijou de l’année 2019, qui n’est pas prêt de perdre de son dynamisme et de sa positivité. Un calmant pour l’esprit.

 

10. ANIMA / Thom Yorke

 

  Quelle joie que de retrouver Thom Yorke plus créatif que jamais. Son nouvel album Anima est bouleversant de grâce et de précision. Grâce à une super production et un attrait pour la répétition et les sonorités aériennes, Thom Yorke propose une œuvre en rapport avec son temps, venant adoucir nos esprits souvent trop chargés, et nous transporter sur un nuage où il ne serait pas dérangeant de fumer à sa guise et de se prélasser toute la journée. Une musique qui accompagne donc nos désirs de fuite et d’échappée. On en voudrait plus chaque année.

 

9. JE SUIS AFRICAIN / Rachid Taha

 

   On se méfie généralement des albums posthumes. La peur d’être déçu, la peur d’écouter quelque chose de non totalement désiré par l’artiste décédé… Je suis africain va vous réconcilier avec cela ! Le rock des grands ne meurt jamais… Rachid Taha en faisait partie, il était un des meilleurs artistes de son époque. Il était l’incarnation d’un rock sincère et dynamique. Un an après sa mort sort cet album qu’il avait terminé en 2018. Une véritable claque. Le rockeur alterne entre chant français et chant arabe, dans un mélange des genres totalement maitrisé. Les morceaux sont terriblement efficaces et le sentiment de joie et de vie qui se dégage de cette œuvre est incomparable à quoi que ce soit. La musique moderne de Rachid Taha n’est pas prête de s’essouffler, et tend à perdurer encore très longtemps. Je Suis Africain fait partie des grands albums de cette année 2019.

 

8. FACE STABBER / Oh Sees

 

   Un album à vous en faire perdre la tête. Que de guitares, que de mélodies, que de bonheur ! Oh Sees, toujours aussi prolifique, livre son chef-d’œuvre de l’année habituel. Cette fois-ci, c’est un double et il s’appelle Face Stabber. Le groupe garage indépendant américain nous retourne dans tous les sens possibles et nous laisse obligatoirement désorientés. Les sons viennent de partout, les rythmiques font de nous des machines et les compositions nous rendent à moitié maboules. Cette folie musicale porte un nom : Oh Sees, et croyez-nous, ils ne sont pas prêts de s’arrêter là.

 

7. WHEN I HAVE FEARS / The Murder Capital

 

   En voilà un groupe à l’avenir prometteur ! Ils font partie de la nouvelle scène irlandaise émergente et, plus que quiconque, défendent un rock de caractère. When I Have Fears est un bijou de composition et de montées en puissance. Il n’a pas fallu longtemps aux cinq amis de The Murder Capital pour montrer à quel point leur musique s’imposait comme une évidence. Essentielle, cette œuvre de haut niveau, complète, élégante et variée, vient se place en tête de liste, et autant dire que c’est amplement mérité.

 

6. IGOR / Tyler, the Creator

 

   La sensation de 2019 ! Tyler, the Creator avait frappé fort avec Flower Boy il y a deux ans de cela, mais est revenu cette année plus puissant que jamais. En affinant son style et en élargissant son champ des possibles, Tyler a fait d’Igor sa pièce maîtresse. Définitivement moins centré sur le rap que ses précédents projets, ce nouvel album n’en est pas moins fascinant, notamment pour la richesse de ses chansons et l’inventivité de son interprète, qui ne cesse de dévoiler des nouvelles facettes de son génie. On remercie Tyler Okonma pour avoir encore prouvé qu’il est l’un des artistes les plus doués et les plus influents de sa décennie.

 

5. SOUTH OF REALITY / The Claypool Lennon Delirium

 

  Belle surprise de l’année, Claypool and the Lennon Delirium signe un album riche à l’atmosphère psychédélique. La production ainsi que la maîtrise de construction des morceaux en font une oeuvre essentielle au rock actuel. Le fils de John Lennon et sa bande nous ont autant séduits qu’impressionnés et méritent donc cette si belle place dans ce classement.

 

4. NO HOME RECORD / Kim Gordon

 

   Acharnée… Du haut de ses 60 ans, Kim Gordon, ex Sonic Youth, largue un premier album stupéfiant de modernité. Il est rare de ressentir un brûlant désir de révolution à l’écoute d’une musique actuelle. Kim Gordon nous offre cette joie. Le capitalisme nous tue, le rock reste bel et bien une échappée. Prenons-la et enfuyons-nous alors qu’il est encore temps. No Home Record nous dicte le chemin, parsemé d’embûches et d’obstacles, à l’image d’une musique saccadée et expérimentale, mais dont le bout nous fait enfin voir la lumière. Merci pour ce moment de vérité Kim Gordon ! Le voilà le rock moderne.

 

3. THREE CHORDS AND THE TRUTH / Van Morrison

 

   Que dire ? Les maîtres restent les mêmes. Comment détrôner Van Morrison, surtout quand celui-ci ne présente aucun signe de faiblesse ? Les chansons de ce nouvel album sont si magiques qu’elles viennent remplir notre âme de bonheur. A la croisée du rock et de la soul, le mythique chanteur irlandais enchaîne sur plus d’une heure, avec le rythme dans la peau et de la manière la plus classe possible, ce qui semble être l’apogée de son art : 14 morceaux finement composés, accompagnés d’une voix à tomber à la renverse. Cette dernière, toujours intacte, et qui a même su gagner en profondeur et gravité avec le temps, a vite fait de nous faire penser que nous tenons là l’album de l’année. Car cet album d’envergure qui redonne pleinement vie au maître est un compétiteur de taille de cette liste. Mais pas si vite ! Certains ont fait encore plus fort !

 

2. FIRST TASTE / Ty Segall

 

   Un album Ty Segall sans guitares qui vous explosent la tronche, ça vaut vraiment le coup ? OH QUE OUI ! First Taste est un ovni musical, démontrant une fois de plus le savoir-faire du jeune californien. Qu’est-ce qu’il est bon d’entendre des prises de risque telle que celle-ci ! Et quand cette dernière est magistralement réussie, on ne peut que sauter au plafond de satisfaction. L’empreinte de Ty Segall est toujours bien présente, mais sous un nouveau jour, à travers des compositions bien plus risquées et originales. L’important est que ça fonctionne. First Taste transgresse toutes les limites et pousse le rock dans ses retranchements. Ty Segall se surpasse et se renouvelle avec brio. Un album hallucinant, dont le temps est nécessaire pour que la démarche soit bien appréhendée et comprise. Mais quand vous l’aurez cerné, croyez-nous, vous n’êtes pas prêt de vous en séparer.

 

1. LOVE HATES WHAT YOU BECOME / Lost Under Heaven

 

   Le voilà le chef-d’œuvre de l’année 2019. Celui qui nous poursuivra sur la décennie suivante. Lost Under Heaven n’en est qu’à son deuxième album, et pourtant ! Le duo américain composé de Ellery Roberts (ex leader de Wu Lyf) et Ebony Hoorn, a déjà fait beaucoup pour la musique. Leur premier projet était grandiose, celui-ci l’est tout autant. Love Hates What You Become confirme l’incroyable force de ce duo hors du commun. Habitées par une colère organique, leurs chansons sont avant tout portées par une voix bouleversante (surement la plus touchante de la décennie), et attestent d’un talent monstre de composition et de production. Une œuvre qui vous retourne dans tous les sens et qui vous donnent envie d’embrasser la rage et les pleurs qu’elle soulève en votre intérieur. Une œuvre rare et saisissante. Notre album de l’année.

 

Rendez-vous en 2020 !