On en approche de vifs pas, de la fin de cette terrible année forte en émotions et rebondissements. Mais pas si vite ! Avant de plonger la tête baissée dans 2021 qui, pour l’instant, ne s’annonce pas bien meilleure que son aînée, il nous reste des choses à vous faire découvrir. Parmi elles, un album sorti le mois dernier : Lignes Futures. Son créateur répond au nom de Brazzier. C’est le feu me direz-vous. Et pourtant, vous n’avez pas encore entendu son projet !
Qu’est ce qui mérite donc de vous retenir ainsi quelques instants ? La promesse de la découverte d’une œuvre affinée comme un bon comté. Alléchant n’est-ce pas ? Lignes Futures ressemble à beaucoup de choses et vit en même temps à la frange de la norme. Il est le premier projet solo de Max Balquier. Premier premier ? Pas tout à fait, car ce dernier est loin d’être novice dans le milieu. Plusieurs expériences musicales passées lui ont insufflé une force et une rigueur créatrice qui, aujourd’hui, font pleinement leurs preuves. Dès les années 2000, au sortir d’années 90 délirantes en matière rock qui l’auront sans surprises influencé, en particulier la scène indie noise, Max Balquier est d’ores et déjà sensible aux sonorités électro. Il forme alors le groupe FRIGO, qui obtient un certain écho dans le milieu puisqu’ils seront signés par Dernière Bande, le label de notre cher aimé Rodolphe Burger (n’hésitez pas à aller voir notre interview de lui !). Deux albums, plusieurs EP. De quoi se constituer un bien beau bagage, ainsi qu’une bien belle expérience live (plus de 200 concerts). Plus tard en 2015, son penchant vers l’électro se concrétise davantage avec son nouveau groupe You, Vicious !, dans lequel on retrouvera certains membres de Frigo. La guitare, la basse et la batterie soutiennent encore le tout. Mais on sent que bientôt, leur présence ne sera plus que spirituelle. C’est aujourd’hui chose faite avec Lignes Futures. Il aura fallu à Max le mode solo pour pleinement faire vivre son amour des sons électro, garants d’une atmosphère non plus terrestre mais cosmique.
Identité dualiste
L’album fait régner les boucles électro en maître. « L’instinct », parfaite entrée en matière, dans un mélange de flottement mystique et d’urgence lancinante, pose les bases du projet, à savoir un univers futuriste face auquel la pochette, un peu trop propre à notre goût bien qu’en accord avec le thème, garantit de visuellement nous confronter. Max Balquier enveloppe le tout d’une voix nonchalante pour nous livrer ses états d’âmes. Petit à petit, nous nous déracinons à l’écoute de cette musique portée vers un ailleurs que seul l’électro semble pouvoir approcher. De cela naît deux types de réception : l’épanouissement, souple et volatile, ou bien l’effroi, froid et mystérieux. Le mélange des deux est aussi possible. Car l’album de Brazzier est un point de friction. D’une part, il y a la recherche d’un lissage presque protecteur, naviguant parmi les sonorités et le talent de composition, et d’autre part s’y mêle une ambiance désenchantée, flippante tant elle se vêtit d’un caractère grâcieux, qui nous prend à la gorge et qui ne nous lâche pas jusqu’à la dernière chanson. C’est cette dualité, ce mélange entre soin apporté à la musique et peur de la manière dont ce trop parfait finit par sonner, reflet d’un futur monochrome, qui fait l’intérêt de ce projet.
Une œuvre d’anticipation ?
Avec l’idéalisation des univers de science-fiction qui gouverne depuis plusieurs années, Lignes Futures, consciemment ou non, propose une réflexion musicale sur ce monde en devenir loin de faire l’unanimité. Les sonorités utilisées semblent contenir l’image d’un avenir. A vous d’en décider si cette image vous séduit ou, au contraire, vous fout les jetons. Une chose est sûre : c’est avec force et pertinence que Brazzier construit cet ensemble. « Parachute » est peut-être l’exemple le plus parlant, tant le morceau arrive, grâce à ses sonorités, à capter notre attention, au point de nous faire approcher un paradis matrixé.
L’album parvient donc subtilement à rendre compte d’un futur aux prises avec ses contradictions, dont l’appel vers un monde meilleur va de pair avec l’uniformisation des goûts et des esprits. Brazzier semble jouer de cela grâce à une identité sonore façonnée selon cet imaginaire mais qui, au lieu de tomber dans le piège de l’inconsistance, contourne les dangers pour livrer une œuvre intelligente où la sobriété est de mise. S’y déploie dans l’écoute de l’album une tension constante, mise en musique avec justesse de la part de l’artiste.
Décollage imminent
Les compositions sont bonnes, enivrantes et traversées d’une pudeur poétique. Le trio final « Oublions oublions », « Je suis » et le génial « L’équation » rassemblent et résument la diversité d’humeurs et d’émotions que déploient le projet : entre ivresse onirique et enracinement profond, entre amour et désamour, entre contemplation émotionnelle et réveil spirituel… Le tout appuyé par une production léchée.
Max Balquier a ainsi résussi le pari de s’épanouir musicalement en solo, laissant libre cours à ses affections pour l’électro, tout en gardant une base rock qui continue à se faire ressentir. A l’image de la Lune, ces Lignes Futures, tracés d’un avenir mystérieux, vous promettent d’être captivantes.
By Léonard Pottier
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