Pièce onirique et imparfaite, Le Conte d’Hiver comporte en son sein une tragédie de trois actes et une comédie de deux actes. Jeu d’illusions, de rêve et d’un récit portant un féminicide, la jeune Compagnie Quand il fera nuit se saisit de cette matière théâtrale féconde. Première mise en scène du duo et de cette troupe émergente sorties du CNSAD , ce Conte d’Hiver interprété depuis la traduction de Koltès a les défauts et qualités d’une première création. Mais suivons le mot de Shakespeare : « Préparez vous avoir la vie avec autant de naturel que le sommeil imite la mort. »
joyeux théâtre le conte d’hiver
La joie du collectif et du texte shakespearien sont largement communicatifs dans cette mise en scène pleine de fougue. Cette scène de music-hall où Autolycus, sorte de voyou troubadour, devient une rockstar plus qu’un barde, a de quoi largement conquérir les esprits. La scénographie simple et efficace porte une proposition où chaque personnage trouve sa profondeur chez de jeunes comédien.ne.s doué.e.s. La fantasmagorie et le plaisir du théâtre sont de mises.
« l’hérétique, c’est celui qui met le feu, pas celle qui brûle. »
Interrogés par la mise en scène d’une pièce contant notamment un féminicide, les metteureuses en scène s’emparent de ce problème. Léonte, jaloux maladif provoque la mort d’Hermione, sa femme qu’il accuse d’adultère. La mise en scène centralise la pensée de ce féminicide dans le traitement du personnage de Léonte. Habilement traité, cette idée aurait gagné à être étendue plus notablement. La problématique patriarcale tend à s’estomper dans la proposition en dépit de tentatives plus ou moins abouties. Cet usage hasardeux de la vidéo pour le procès d’Hermione est plus accessoire que pertinent dans l’optique de cette lecture contemporaine.

Imperfection shakespearienne
Cette première mise en scène est donc prometteuse. Quelques directions de mise en scène mériteraient d’être édulcorées et précisées mais le bilan est positif. L’effort de lire Shakespeare avec un regard contemporain est celui que le barde de Stradford aurait lui-même prôné, et il est tout à fait louable. Les quelques imperfections de cette première création se font le miroir de cette pièce inégale mais merveilleuse qu’est Le Conte d’Hiver. À découvrir au Théâtre 13 de Paris jusqu’au 10 octobre.
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