Déjà 20 ans d’écoulés depuis que Biffy Clyro posait ses premiers accords et donnait le ton d’une carrière plus que prolifique.  Les plus américains des écossais, du moins en ce qui concerne leurs compositions, reviennent en 2025 avec l’un de leurs albums les plus personnels : « Futique ». Reflet de la dernière fois qu’on fait une action, sans en être conscient, l’album va jouer sur toutes les strates de rock que sait créer la formation. On en parle.

Biffy Clyro : se redéfinir

Biffy Clyro FutiqueDix albums, voilà un nombre qui se célèbre et se savoure. Les dizaines ne sont jamais anodines, encore moins dans une carrière musicale. Le groupe des frères Johnston et de Simon Neil a su maintenir son équilibre : se renouveler, avancer mais aussi se créer un univers propre. Et voilà qui fait mouche au milieu d’un public d’adeptes.

Alors ce « Futique » ? On ne parlera évidemment pas du très cliché album de la maturité, expression usée qui ne veut plus rien dire. A-t-elle déjà voulu dire quoique se soit d’ailleurs ? La maturité en terme de créativité ressemblerait à un vaste ennui, loin de la fougue qui permet aux artistes de se définir dans leurs premiers jets. Ici on pourrait pourtant parler d’une forme d’album bilan qui ferait suite au plus contesté « The Myth of the Happily Ever After « . Biffy Clyro va y puiser toute la pluralité de son large répertoire pour en offrir un condensé, titre après titre. Chaque morceau pourrait être le reflet renouvelé de ceux que l’on retrouve dans sa vaste discographie. Et c’est d’autant plus intéressant que la formation vienne à parler de souvenir  sur cet opus puisque c’est bien la mémoire qui vient être titillée lors de son écoute.

Le rock alternatif est un courant bien particulier, il faut l’admettre. Parce qu’il est de ceux qui crée des communautés distinctes. Il est vecteur de passions folles et vient souvent trouver ses origines dans l’adolescence. C’est par lui qu’on commence à aimer la musique et bien plus que cela c’est notre éducateur de sentiments. Parce que ses accords n’ont de cesse de bouger, varier, que les douleurs et les amours s’y crient. Et c’est ainsi qu’il garde sa place auprès des cœurs.

« Futique », donc, ce serait le futur antique. Comme la dernière fois que vous êtes sorti.es avec vos potes du lycée après les cours par exemple. La dernière fois qu’on vit un moment sans le savoir. C’est une expérience qu’on vit tous mais que nos mémoires laissent de côté pour lui préférer un amas global, peuplé de météos changeantes. Et finalement en un clin d’œil, Biffy Clyro va chercher à créer un album intemporel, forme de montagne russe émotionnelle.

Atteindre les sommets, descendre dans les vallées

Comme le veulent les compositions du groupe, chaque titre va se vivre comme une promenade en montagne, profitant d’un début qui ne laisse en rien présager de la fin. C’est sûrement difficile de pleinement se renouveler dans le genre. On les dit proches musicalement de Foo fighters, mais ils le sont aussi d’une scène rock des années 2000 qui criait sa liberté. Là où Biffy Clyro sait toujours convaincre ses adeptes et même s’offrir un Olympia en 2026 c’est dans sa capacité à avancer sans jamais perdre de son esthétique. On le voit notamment sur le morceau « True Believer », gros single de l’album  en quatrième position sur l’opus. Les montées en puissance sur les refrains, les jeux de guitares vigoureux et changeants, la petite touche particulière qui vient à entrer immédiatement en tête. S’ils ne se revendiquent pas du courant émo aux cotés duquel il co-existe depuis ses débuts, il va à chercher dans les mêmes intentions. A savoir que le groupe place l’émotion au centre de ses préoccupations. On se promène sur ses titres comme sur une montagne, on souffle dans la vallée mais le cœur s’accélère dans les pentes pour mieux arriver au sommet.  Sur le single, les dernières notes qui concluent le morceau sont une rupture ralentie, comme un frein brusque pour reprendre sa respiration. Cette méthode n’est pas  sans évoquer les constructions des titres de Bayside, pépite emo pour experts des années 2000. D’ailleurs toutes les compositions sont à l’opposé des scène écossaises dont ils viennent. L’introduction de « Shot one », par exemple, évoque largement le « SOS »‘ de Good Charlotte sorti sur « Chronicles of Life and death », il y a déjà 20 ans. Mais où est passé le temps ?

Futique : polaroïds et cohérence

Biffy Clyro
Biffy – Amazon Exclusive (c) Eva Pental

Ce nouvel album va surtout chercher à créer une construction cohérente. Déjà de par ses titres. De  » A little love » qui ouvre le bal à coup de grosses guitares à l’amour qui part sur « Goodbye », la passion « It’s Chemical » et la finalité d’un amour tourmenté qui se réconcilie : « Two people in love ».  C’est une histoire à part entière qui nous est racontée. Si on s’intéresse à ses titres, on se doit de s’intéresser également au vocabulaire. Le rock alternatif et cette scène en particulier ne se contente pas de se reconnaitre à coup de looks (même si), de voix costaudes (hello Nickelback), ou de guitares qui aiment à s’intensifier aux cotés de bridges qui invitent à la douceur. Il est emplie de codes, de mots qui se répètent d’artistes en artistes et qui deviennent une sorte de let motiv, un cri du cœur sans jamais en avoir conscience. Ici on retrouve donc les traditionnels : « Hunting » (tout le répertoire de 30 seconds to Mars est obsédé par ce mot), « Believer », « Goodbye » (comme si My Chemical Romance l’avait créé), « Chemical » (qui claque fort en bouche), « Dearest », « Thousand »… Et mine de rien ce vocabulaire permet de créer une communauté qui sera reliée par l’émotion. Il est si difficile parfois d’y poser des mots et si doux d’y poser des notes. Il faut aussi reconnaitre à Biffy Clyro sa faculté à écrire ses refrains. Bien foutus, qui entrent en tête, qui se savourent : « Goodbye », cinquième titre de l’opus en est l’exemple criant. Pour autant, autour de ses havres de paix musicaux, le reste est un tourbillon de montées en puissance. Rien n’est linéaire, tout change à tout instant, l’oreille est captée.

Un album tournée vers le futur ?

La chose la plus triste qu’il m’est jamais été donné de lire expliquait que le souvenir était en réalité un souvenir d’un souvenir. Une image déformée. Le futur n’existant pas encore par définition et étant incertains, le passé le serait alors tout autant. Et pourtant, qu’importe la réalité de ce que produit le cerveau, la musique est un vecteur de souvenirs. Il parait alors évident que chaque note puisse être la photographie d’un instant. Aussi réel que le cliché qui donne sa pochette à l’album.

« Je veux m’assurer que nous avons crée quelque chose de beau que je pourrai écouter dans 10 ans et avoir le sentiment que c’était tout ce que je pouvais donner à ce moment là. » confiait Simon Neil. C’est dans cette optique de perdurer, d’être immuable là où tout bouge, tout change, tout disparait à vous donner le tournis, que se construit le groupe. Et donc qu’encore une fois la cohérence est parfaite entre thème et musique. « A Thousand and one », temps de douceur en fin d’opus se construit dans cette optique. Un seul album pour des milliers de fans, alors que voix et accords se font diablement chaleureux. Tout bon album rock a sa balade qui restera à nos côtés jours et nuits. « Two people in Love » conclut l’essai avec une batterie quasi militaire tant elle est gérée. Instant entre douceur et force, tremblements et sincérité. C’est donc de ça que serait constitué l’avenir ? L’amour toujours et la surprise d’un titre qui change de ton pour monter en force au bout d’une minute 30. Les morceaux de Biffy Clyro sont aussi emprunts de surprises que d’espoir. Si c’est la dernière fois que je conclus cet article, en faisant un, parmi mille, moment « futique », c’est loin d’être la dernière fois que je me ferai happée par l’univers de nos rockeurs écossais !


Sprints, Juillet 2025, Paris - Crédit Photo : Pénélope Bonneau Rouis

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