Voilà un artiste qui a su se retrouver sous les lumières des projecteurs en seulement quelques battements de cils.  Sombr n’a que 20 ans et pourtant, il a remporté, à peine un tout premier album sorti, le prix du meilleur artiste alternatif aux MTV VMA 2025. Probablement l’une des cérémonies qui comptent le plus en matière de musique puisqu’elle met en lumière les noms les plus en vogue du moment pour mieux en révéler d’autres. Lady Gaga y remportait le prix de la meilleure artiste, Sabrina Carpenter y officiait une performance inoubliable plaçant tous les regardes sur la communauté des personnes trans et offrant au passage un savoureux show de drags queen. Les moments importants qui peuplent l’année s’y succèdent. Les remerciements d’Ariana Grande aux personnes gays et bien-sûr la présence du petit nouveau sur lequel il faudra désormais compter : Sombr. Il était temps qu’on vous en parle.

sombr I Barely Know HerSombr : sortir de l’ombre pour toucher le soleil

Le constat est dans appel, les chiffres parlent. S’ils ne sont pas la référence en terme de musique et qu’il vaut toujours mieux s’attarder sur la qualité, ce que nous ferons ensuite, ile ne mentent pas. Sans album à son actif, le New-yorkais s’offrait déjà 50 millions d’auditeurs mensuel sur Spotify. Tik Tok est une force incroyable pour qui saurait s’en servir. Pour autant une fois la machine lancée, Shane Boose, de son véritable nom a su partir à la conquête de toute la planète. Le voilà donc à seulement à la 20 ans à la tête pensante d’un premier album qui s’offre 1,7 milliards de stream. De quoi donner le tournis. Mais d’où vient le petit génie de cette nouvelle pop ? Le musicien a grandi à New-York et a fait son apprentissage dans le même établissement que Timothée Chalamet : LaGuardia High School. Il y apprend la musique classique et rentre chez lui le soir pour se concentrer sur une créativité pop débordante. C’est en 2022 qu’il publie le titre « Caroline ». Un morceau destiné à un ancien amour, le sentiment qui parle au plus grand nombre. La machine s’élance. Dans ce nouveau monde, le public décide d’abord et les labels suivent. Le voilà donc rapidement courtisé par les plus grands. Le coup d’essai se transforme. Loin des ombres, le voilà qui emménage dans la Cité des Anges. En 2023, il publie son premier EP « in another life », les préludes d’un album qui deviendrait culte dès sa sortie. La montée est incroyable : un nouveau titre  » Back to Friends  » se place encore plus haut dans les écoutes. Voilà 10 ans qu’aucun démarrage n’avait été aussi puissant. Première place des charts aux Etats-Unis, top 10 en Europe, toutes les oreilles sont tournées vers le jeune-homme. « undressed » suit et connait le même succès. Malgré sa gestion incomparable des réseaux sociaux, c’est à un grand romantique et l’un des meilleurs compositeurs que tous les temps que Sombr s’identifie. Il rêve d’une comparaison à Jeff Buckley, étoile filante de la planète musique, compositeur inoubliable à qui l’on doit la plus belle reprise d' »Hallelujah » du très sombre Leonard Cohen. Buckley avait, il faut le dire la capacité de rendre lumineux les textes les plus noirs et ses plus douloureuses pensée. Et notre musicien lui aussi beigne dans cette faculté à créer une aura autour de ses création. De là à sortir un opus qui « soit au moins aussi bon que le pire de Jeff Buckley » comme il le souhaitera dans une interview ?

Sombr, « I barely know her », son propre « Grace »?

sombrDans sa courte existence, Jeff Buckey n’aura pu sortir de son vivant qu’un seul album, le très justement intitulé « Grace » tant il confère à l’état de grâce. Décédé par noyade à seulement 30 ans, le musicien a pourtant réussi à marquer de nombreuses générations dont celle de Sombr. Les deux artistes partagent autant des traits à la douceur infinie qu’un début de carrière entre Los Angeles et New-York. C’est également un mois d’août qu’ils sortaient respectivement leur premier album :  en août 1994 pour Buckley et le 22 août 2025 pour Sombr. Ces quelques similitudes forment un tout pour deux carrières pourtant bien différentes. Déjà parce que l’on souhaite à Shane Boose un bien plus longue vie, épanouie que son prédécesseur mais aussi parce que chacun vient à exceller dans son registre. « I Barely know her » s’offre un mélange des genres mais là où l’icône tirait entre folk et rock, notre nouveau petit génie lui va plutôt piocher entre pop et rock.

sombr - undressed (official video)

Dès le premier morceau de l’opus « crushing », Sombr dévoile une précision d’écriture fascinante. Super titre semble composé à l’instinct et il est pourtant l’équivalent musical d’un alpha prédateur. Tout a été pensé chez lui pour attirer et conquérir son public sans lui laisser la moindre chance de ne pas tomber sous le charme. En d’autres termes : ses composition tuent (ou dead ça si vous préférez). Les registres s’y croisent et s’y tordent , la pop y est puissant, dansante, évidente et pourtant novatrice. C’est aussi parce que notre homme sait pousser sa voix, l’envoyer dans les aigus, comme un certain The Weeknd ou bien Michael Jackson avant lui. Ces changements de registres vocaux sont autant de capacité de perfection et de faculté à séduire. Il hypnotise alors, l’envie de bouger se fait nécessité à mesure que les titres défilent. Tous y ont la précision d’un mega hit. Sur 10 morceaux, la logique d’écriture est exemplaire et la cohérence maitresse. « 12 to 12 » évidemment est un sommet des compositions pop à faire rougir Harry Styles. Pas étonnant donc qu’il remporte un tel succès. Pourtant notre homme sait changer d’apparence, « I wish knew how to quit you », sait se faire plus rock tout en gardant cette même faculté à créer un refrain intemporel. L’expérience se répètera en boucle et ne sera d’ailleurs pas sans rappeler les inspirations d’un autre groupe à succès : The 1975.  Les deux partagent un univers où le rock se fait douceur, où le tempo est un havre solaire. « Come closer » profite d’une introduction qui va droit au but et entre immédiatement en tête. Est-ce là la qualité d’une génération réseaux sociaux qui sait faire passer son message dès les premières secondes ? La transposition semble évidente puisque le chanteur se positionne dans l’immédiateté musicale. Les titres y sont courts, environ 3 minutes 30 chacun, pour délivrer un message électrisant. Sombr sait ce qu’il veut raconter et connait ses bases musicales. Sa formation classique lui permet de jouer et texturer ses écrits. Rien n’est laissé au hasard et la production particulièrement soignée lui offre une accessibilité immense. « Under the mat » conclut l’essai en un titre chaleureux aux tempos bien sentis. Un feu d’artifice final qui ne laissera pas notre artiste dans un coin sombre. A défaut du même destin on souhaitera à Sombr, la même aura que Buckley. Celle d’un jeune génie qui aura su marquer toute une génération et celles qui suivent.


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