Chappell Roan
crédits : Louis Comar

Hot ? Go ! Lorsque les portes de Rock en Seine s’ouvrent ce 20 août, la course pour obtenir le premier rang du concert de Chappell Roan est effrénée. La star américaine offrait ici sa seule date en France après une annulation d’un Bataclan moins d’un an plus tôt. De la petite salle parisienne à un parc de Saint Cloud plein à craquer, il n’y aurait donc qu’un pas. Sur le chemin, des décorations florales, la fameuse fontaine siglée des lettres du festival et la sensation d’un retour à la maison après un an d’absence. Où est passée l’année écoulée d’ailleurs ? Avant d’avoir le temps de se plonger dans les souvenirs des dernières saisons,  nous voilà propulsé.es dans un bain de lives 100% féminins où les belles surprises se succèdent pour mieux préparer le  la venue de la très attendue princesse du Midwest. Un moment grandiose, qu’on vous propose de décrytper ensemble.

Chappell Roan : Le sacre du papillon monarque 

Chappell Roan
crédits : Louis Comar

Oh… Chappell. On t’attendait. Depuis l’annulation de ton concert au Bataclan en septembre dernier, ton ascension a pris des allures de météore. Révélation de l’année aux Grammy, tu redessines les contours de la célébrité : tu reprends ton image, tu t’arroges le droit d’exister malgré les diktats de la notoriété, tu imposes ton souffle libre, tes tenues folles, ton droit d’aimer. Redoutée par quelques-uns, chérie par une multitude, tu offres à la pop un vent de fraîcheur qui n’est pas sans rappeler l’ouragan Gaga de 2009.

Mais l’heure n’est pas à la comparaison de deux femmes talentueuses. Gaga poursuit son règne, une couronne forgée depuis quinze ans, et toi, Chappell, tu t’élances enfin. Telle un papillon monarque sorti de sa chrysalide après presque dix ans de carrière, ton envol est fier, majestueux, et amplement mérité.

Chappell Roan
crédits : Louis Comar

Il est 21h45 quand la princesse du Midwest déploie ses ailes… enfin, 21h55, mais on ne lui en tiendra pas rigueur : le retard, ça arrive aux meilleur·es. Et puis, elle apparaît. La scène s’ouvre comme un livre de conte : en château de conte de fées, les écrans projettent un ciel étoilé, des galaxies, des pégases. Dans le public, un cri fuse : « C’est Disneyland, en fait ! » (ok, j’avoue c’était moi).

Le show s’ouvre sur « Super Graphic Ultra Modern Girl« . Le décor est planté. En costume inspiré de son papillon totémique, sceptre à la main, Chappell surgit telle la reine-mère d’une nuée de Belle-Dames prêtes à tout embraser. Ce soir, Chappell “The Giver“ Roan se donne tout entière et son public parisien lui rend la pareille. Surtout, que surprise de la cheffe ? Elle chante tous les morceaux de son excellent premier album The Rise and Fall of a Midwest Princess, en plus de ses tout aussi excellents « The Subway », « The Giver » et bien sûr, « Good Luck, Babe »!

Chappell Roan rock en seine
crédits : Louis Comar

Ce concert, c’est 1h30 de plaisir du début à la fin. Aucun creux, aucune latence. Tout est réglé à la minute près. On pourrait déplorer le manque de spontanéité auquel certains gros shows à l’américaine nous ont désormais habitué.es, mais parfois, d’en avoir plein la vue, ça fait du bien. Parfois, se laisser éblouir, se noyer dans la démesure, c’est nécessaire.

Chappell Roan
crédits : Louis Comar

L’art est connexion. Il entraîne, déstabilise, resserre les liens, et tourbillonne en nous. Il nous fait hurler, pleurer, danser et tout lâcher. C’est pour ça qu’on vient là, qu’on se retrouve sous la pluie, les chaussures boueuses et le bas du dos qui craque à force de se tordre dans tous les sens. C’est pour ça qu’on se regarde dans les yeux et on se découvre pousser des ailes qu’on ne pensait pas avoir. C’est ce que nous a offert Chappell ce soir. Enfin, ça et une reprise de “Barracuda“ de Heart.

Chappell Roan
crédits : Louis Comar

Ce moment d’extase s’achève sur “Pink Pony Club“ et là, on lâche tout : Pyrotechniques, paillettes, étoiles, quelques litres de sueur. Les yeux encore exorbités par tout ce qu’on vient de voir, on rit, on tremble, on brûle et on se dit : “J’en veux encore, encore, encore, encore !“ Merci Chappell.

Luvcat ouvre le bal  chappell roan

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Luvcat -Rock en Seine 2025 – Crédit Photo @Pénélope Bonneau Rouis

Le bal des monstres s’ouvre à 17h, et c’est Luvcat qui donne le ton. La Liverpuldienne a déjà tout d’une grande : bercée par l’atmosphère feutrée des cabarets et des chapiteaux, elle entraîne le public dans ses ballades macabres, où se mêlent gothique et romantisme.

On l’avait déjà remarquée en octobre dernier, lorsqu’elle assurait la première partie de The Last Dinner Party. Preuve que le rock d’aujourd’hui commence enfin à se conjuguer au féminin. Accord de proximité ou de surnombre ? Cela reste à trancher.

Vêtue d’une robe blanche à volants, de collants résille et de talons, elle ensorcelle une foule qui connaît déjà ses textes par cœur. Le sommet de son set arrive avec Matador, son tout premier single, dévoilé début 2024.

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Luvcat -Rock en Seine 2025 – Crédit Photo @Pénélope Bonneau Rouis

Suki Waterhouse : les fleurs de l’indie de pop chappell roan

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Suki Waterhouse – Rock en Seine 2025 – Crédit Photo @Pénélope Bonneau Rouis

Il n’aura pas fallu longtemps pour que Suki Waterhouse passe du conseil indie qu’on se transmet entre connaisseurs aux plus grandes scènes. En 2022, la londonienne publiait un premier album addictif : « I can’t let go ». Les fans de pop mélancolique s’y retrouvaient hanté.es par des notes qu’on ne pouvait laisser partir. Loin d’être une inconnue, la musicienne avait déjà fait ses preuves au cinéma. Impossible de ne pas souligner le plaisir de la retrouver aux crédits d’ « Orgueil et préjugés et zombies », après tout, on aime les zombies ici. C’est pourtant une atmosphère toute autre qui attend les festivaliers de la Grande Scène.

La chanteuse profite d’une belle esthétique 70’s. Une sorte de rêve guimauve, qui ferait de Penny Lane d’ « Almost Famous » la maîtresse de scène. Un beau retournement de situation pour qui connaîtrait le film, pas groupie, groupe vedette. Entourée de bulles géantes pastels et d’écrans aux filtres solaires, Suki Waterhouse est hypnotisante, renonçant aux petites cases dans lesquelles on enferme les artistes habituellement. L’indie pop, en cette appellation sublime, renferme la possibilité de varier les facettes et les plaisirs. Ainsi notre chanteuse pousse la voix autant qu’elle pose ses notes chaleureuses, se raconte avec douceur puis sur des rythmes endiablés. »OMG » est d’ailleurs l’occasion d’emporter la foule dans un tourbillon hors du temps et de l’espace. La voilà qui évoque sa présence à Londres et l’actualité musicale qui nous a fait vibrer tout l’été : la reformation d’Oasis. On la vit un peu avec elle ce soir alors qu’elle s’offre une cover du culte « Don’t look back in anger ». Tout le festival chante en coeur. Ici, on mettra nos vies dans les mains non pas de groupes de rock mais de reines de la pop. En commençant par Suki, jusqu’à son ultime titre : « Good Looking ».

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Suki Waterhouse – Rock en Seine 2025 – Crédit Photo @Pénélope Bonneau Rouis

Sofia Isella : the future is female (and Sofia) chappell roan

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Sofia Isella – Rock en Seine 2025 – Crédit Photo @Pénélope Bonneau Rouis

Nouvelle année, nouvelle scène. C’est donc sur la scène Horizon, la seule à tourner ce soir en dehors de la Grande Scène que l’on découvre la performance de Sofia Isella. Si premières scènes, la chanteuse s’est déjà fait une sacrée réputation via Tiktok. Un filon en or pour la découverte musicale, incontrôlable pour le milieu qui doit aujourd’hui compter dessus pour repérer ses talents. Couverte de boue, la musicienne féministe dévoile une vision artistique complète dès ses toutes premières notes sur le titre « Hot Gum ».

Seule face à la pluie, ses gestuels, sauvages, violentes, révoltées se vivent comme un cri militant pour l’autonomisation de la femme. Puissante, elle y prend les pleins pouvoirs osant les mélanges des genres. De sa pop hantée, aux accents gothiques, ressort l’âme de ce qu’Ethel Cain sait parfaitement évoquer. D’ailleurs ici et en aparté, le clash Ethel vs Lana déchire la rédaction. Dans le paysage Sofia, loin de la pop mélancolique, lui préfère les rythmiques endiablée, celles d’une guerrière et martèle à coup de batterie ses messages. « Tout le monde soutient les femmes jusqu’à ce qu’elle fasse mieux que vous » chante la musicienne sur le titre « Everybody supports woman » grand absent de la setlist ce soir. Elle fait pourtant bien mieux que la plupart de la scène actuelle que se soit sous nos yeux ou en studio. La pluie s’intensifie, nos émotion tout autant. « The Doll People » permet au set de s’offrir une montée en puissance redoutable. En bout de course, la musicienne s’offre un bain de foule et le vit comme un exutoire. Un tout dernier titre résonne alors comme une promesse qu’on ne pourra contredire : « I looked the future in the eyes, It’s Mine ».

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Sofia Isella – Rock en Seine 2025 – Crédit Photo @Pénélope Bonneau Rouis

Texte : Pénélope Bonneau Rouis et Julia Escudero


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