(Interview vidéo) – Terrifier 3 de Damien Leone n’a rien d’un film grand public. Il n’est pas non plus mainstream. Il est extrêmement gore, violent, jusqu’au boutiste, référencé … et pourtant. Le troisième volet de la franchise qui met en scène Art le Clown a déjoué tous les pronostics. Suite à un buzz monstrueux le voilà donc premier du box office et détruisant au passage un clown pourtant bien plus connu qu’Art : le Joker. Finalement Vicky au visage déformé a bien plus de succès aux côtés de son clown démoniaque que la pauvre Harley Queen (Lady Gaga tout de même) chantant au bras de Joaquim Phoenix. Il faut dire que le couple de Terrifier 3 personnifie à lui seul l’idée de folie à deux. Et c’est sûrement cette folie, en plus d’un buzz TikTok inattendu qui font de ce film indé sans aucune prétention un objet à voir absolument. Film après film Damien Leone, son réalisateur fou furieux, n’a de cesse de démontrer son amour dingue du genre horrifique. Pour ses Terrifier, il emprunte aux couleurs des slashers de l’âge d’or des années 80 et pousse les vices et éviscérations à leur apogée. Prends note, s’il te plait Ty West, la trilogie X avait tout ce qu’il fallait pour jouer des clin d’oeil à la belle et jusqu’au boutiste époque, mais sa timide réalisation, ses hors champs et sa pudeur n’auront jamais eu l’impact attendu. Ici on en est loin, le film ose tout, toujours avec humour, recul, à coup de meurtres hyper violents mais non réalistes.
Douche sanguine pour majeurs seulement
Le bain de sang dure deux heures durant lesquelles il n’existera absolument aucune limite. D’ailleurs c’est bien pour ça que le film se verra attribuer une interdiction aux moins de 18 ans lors de sa sortie en salles. Une décision hautement contestée par le distributeur, Shadows, qui y voit une forme de censure d’un cinéma toujours décrié, souvent incompris. Une telle interdiction n’avait d’ailleurs pas été appliquée depuis le sortie de Saw 3 (celui dans lequel on peine à se rappeler ce qui se passe tellement la franchise a tourné au grand guignol dès son second opus) et même l’immense Martyrs de Pascal Laugier y avait échappé de très peu. Un film pourtant bien plus réaliste et dérangeant que l’immense montagne russe que peut être Terrifier 3. C’est peut-être cette censure qui aura fini par jouer en faveur du métrage de Leone, le sortant de son carcan de film indépendant adressé au public averti pour mieux devenir le film que l’on teste pour se prouver ses limites, pour savoir si on est capable de le regarder en intégralité. Et c’est sûrement ce jeu enfantin qui rend un métrage comme celui-ci si excellent dans son propre registre puisque toujours conscient de son statut, toujours aussi drôle que son dérangé protagoniste.
Le boogeyman ultime n’existe pas … ho wait
Art le clown y garde son côté Charlie Chaplin horrifique comme nous le confiait Olga Turka (production designer et costumes) au court d’une interview partagée aux côtés de Lauren Vega (interprète de Sienna). Notre nouvelle final girl, dont le nom sera sans nul doute aussi connue prochainement que ceux de Sidney Prescott ou encore Laurie Strode, donne un pendant angélique idéal au clown diabolique. L’actrice prend d’ailleurs le temps de parler de toutes celles qui lui ont succéder, Laurie, Sidney, Mia Allen (Evil Dead version 2013) ou encore les plus délurées des scream queens du cinéma de Rob Zombie. D’ailleurs si Terrifier s’offre un esprit cinématographique qui joue bien dans la cours de ce dernier, il pourrait tout autant être comparé à la franchise Paranormal Activity. Lui aussi, film indépendant à micro budget, créé avec le crowd founding, lui aussi porté par un buzz et une promesse de terreur supérieure, lui aussi grimpant de façon complètement incongrue dans le box office. Si on peut souhaiter un pareil succès à Leone, il faudra aussi lui souhaiter de garder longtemps son esprit ravagé et sa volonté à se la jouer indé hors studio pour ne jamais avoir à se plier, chercher à faire plaisir ou à se censurer. On en redemande des scène de purées, de corps découpés par les fesses, de tripes d’enfants à l’air libre, de torture avec rats ou de cryogénisation ( hello le clin d’oeil à Jason X). C’est aussi de tout cela dont on parle au cours d’un échange passionnant avec nos deux acolytes propulsées sur le devant de la scène. Des projets de suite pour le réalisateur qui sait déjà où et comment son oeuvre devra s’achever, de clin d’oeil de l’art dans l’art (et d’Art), de boogeymen mythiques, de final girls et de féminisme, de retour aux slashers à l’ancienne (la nostalgie du vintage ici est aussi dégoutante que fascinante) , de maquillage et de litres d’hémoglobine. Pour tout savoir, vous pouvez regarder la vidéo ci-dessous. Mais surtout, si vous avez le coeur bien accroché, courrez le voir au cinéma (plus vite que si Art vous courrait après). Certes, c’est toujours étrange de voir le grand public s’emparer d’un phénomène que l’on pensait adresser à un lot d’experts, mais quel plaisir de voir qu’on peut donner de la force au cinéma de genre et prouver aux salles que l’horreur n’est pas un sous genre et mérite une place centrale sur grand écran !
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