Il est de ces artistes dont on se dit le nom, comme un secret que l’on partagerait. Parce que leurs albums nous sont si chers, nous touchent tant au cœur, qu’il ne peuvent être dévoilés qu’à nos plus proches amis. C’est le cas de Julia Jacklin, dont l’immense « Crushing » paru en 2019 nous avait mis des papillon dans le ventre. Un crush qui avait finit par se transformer en histoire d’amour avec le temps et l’album « Pre Pleasure » (2022). C’est donc tout naturellement que nous avions accepté le rendez-vous galant qu’elle proposait à La Scala de Paris le 24 septembre 2024. Un date presque en tête à tête puisque la musicienne s’y produisait solo face à un public fou d’amour pour ses mélodie. Une lune de miel ? On vous raconte.

JULIA JACKLIN LA SCALLA 2024
©Kevin Gombert

Aimer à en vivre

Le parfait rendez-vous galant doit prendre place dans un beau lieu. Avec la Scala, théâtre sur deux étages, en position assis, la case est cochée. Les lumières y sont tamisées, en réalité, elles se focalisent sur Julia Jacklin, seule en centre scène avec sa guitare et son ampli. La public y est muet, rivé sur les lèvres de la chanteuse et attendant de découvrir le menu de la soirée. Une set list apaisée issue de son répertoire mais aussi quelques reprises ont été concoctées. L’assistance a déjà le souffle court et voilà que débute « 2 in love to die ».  Seule la voix de notre musicienne vient percer le silence. Le chant des sirènes, impossible à dompter, nous voilà séduit.es. Le romantisme est à son apogée, le temps est calme. Dehors, il a plu à grosses gouttes, l’automne a posé ses valises dans la capitale. Alors pour mieux lui faire face il faut écouter la musique fort.  Le temps de se mettre à l’aise et voilà que « Comfort » débute. On s’y plonge comme dans un nid douillet. Ce rendez-vous démarre fort bien. Et se poursuivra avec la même douceur. « To Perth » permet un moment entre mélancolie et énergie. Le concert de Julia Jacklin défile alors comme un long fil évident, les morceaux s’y enchaînent avec charme et douceur. La guitare s’y fait un accompagnement léger et délicat, alors que la voix, elle prime sur tout. C’est elle qui vient nourrir l’échange de notre rendez-vous. Et les échanges sont riches alors que les morceaux défilent, berceuses enivrantes, si chaleureuse que l’on se croirait au coin d’une cheminée un matin de noël.

Julia Jacklin les ponctue d’interventions, n’hésitant pas à nommer chaque titre qu’elle va interpréter par la suite. Ces annonces sont les seuls instants où le silence est rompu. Les applaudissement venant les accueillir avec envie. Comme tout bon rendez-vous celui-ci est bavard, on apprend notamment que la musicienne prévoit un nouvel opus bientôt (il faut toujours savoir créer l’envie), mais aussi on perçoit des instants d’humour. Elle aussi, aime ses titres nous dit elle, sans rougir de son hardiesse. On la comprend après tout, la fausse modestie n’a pas sa place dans un rendez-vous honnête. Il fait aussi la part belle à des reprises. Après tout, si on peut matcher sur des goûts communs, ne s’aimerait-on pas encore plus follement si on se découvre des points communs ?

Un jour et pour toujours

Fiona Apple est la première incursion dans ce panel d’échanges. Bonne nouvelle, Fiona Apple on l’adore aussi, comme Pitchfork qui plaçait son album en top 1 des meilleurs albums des années 2020. A quand ceux de Julia Jacklin en première position de tous les tops ? Le second, se sera l’occasion de se faire une excursion avec The Strokes. Les indomptables new-yorkais   changent de visage revus par notre chanteuse. Assagis le temps d’un titre, la troupe de Casablancas chante sa jeunesse avec une certaine mélancolie. Sauf que, la mélancolie chez Julia Jacklin a toujours une douceur rassurante, comme une promesse que tout ira pour le mieux.

Pour mieux l’accompagner, la chanteuse invite deux musiciens à la rejoindre le temps de trois titres. D’abord « Good Guy » en compagnie de Lou puis « Catatonia » et « Parting Gift » avec Jacob. Une bonne opportunité de savoir si notre histoire est faite pour durer toute une vie. Il faut en effet aimer les ami.es de l’être aimé.e comme diraient les Spice Girls ! Serait-ce déjà pourtant l’heure de la rupture ? « Don’t know how to keep loving you » résonne dans la salle silencieuse. Le titre sublime de « Crushing », l’un de nos coups de cœur les plus puissants, a toute sa grâce en live. Il faut y réfléchir, « Don »t let the kids win », toujours si triste suit l’instant. Honnête, la musicienne annonce bien à l’avance le nombre de chansons qui lui restent et pourtant, l’instant parait toujours trop court. Un bain de lumière doux flotte sur la salle, permettant à la musicienne de voir nos visages. Le crush s’est bien transformé en amour fou. L’énergie de « Pressure to party » en bout de set ne fera que confirmer les faits. Notre histoire est faite pour durer. Et c’est bien normal alors que la musique de Julia Jacklin, à la beauté éternelle, nous fera nous sentir plus vivants que jamais tout en obligeant nos cœurs à battre à l’unisson.


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