Alors que le 24ème festival de Gérardmer a fermé les portes qu’il avait tenu ouvertes du 25 au 29 janvier 2016, l’équipe de Pop&Shot a fait un saut là bas pour sentir le pouls du plus fameux festival de cinéma de genre de l’Hexagone… On y était.
Il y a quelque chose de particulier quand on arpente les allées de Gérardmer… D’un coup, on se reconnecte aux souvenirs adolescentins de VHS « interdites » estampillées Gérardmer voire son illustre ancêtre Avoriaz… Quelques années ont passés, les kilos en trop ont peut être pris karmiquement la place des cheveux mais en voyant le panneau d’entrée de la ville, on ne peut que se dire « On y est »! Les paysages de neige et de chalets qu’on croirait tout droit sortis de Rocky IV des contes de notre enfance nous ont bien bercés et rendus assez béats ceux qui ne sont pas habitués aux sports d’hiver régulièrement. C’est en mettant les pieds dans de la neige, tenant assez bien, qu’une partie de l’équipe de Pop&Shot débarque dans la petite ville vosgienne pour la première des six séances : Clown. Le visionnage de la bande annonce du film aura tellement enthousiasmé les rédacteurs de Poppy qu’une séance improvisée aura été organisée en dernière minute… C’est dire!
Et le résultat est à la hauteur c’est le moins qu’on puisse dire! La production d’Eli Roth, là ou elle rate le coche du conte pavillonnaire critique (comme ou pas comme un Knock Knock? Ceci est une autre histoire….) réussit le pari d’être un bon vieux film de genre. Solide. Avec ses qualités, d’interprétation comme de filmage qui ne sont pas à négliger (notamment dans l’aire de jeux pour enfants ou lors du final), le long métrage de Jon Watts ( Cop Car, autre bête de festivals ou bien encore le futur SpiderMan par Marvel Studios) assure la mise en bouche comme un chef. Il est à signaler un tabou brisé à l’écran, à savoir le meurtre d’un enfant et un final sanguinolent au crédit du film. On vient voir du film de genre : on est servis. Ni plus, ne crions pas au chef d’oeuvre, même si le film se situe clairement dans la moitié haute du panier de ce que le genre peut nous offrir dernièrement, mais surtout Ni moins, car s’il n’est pas parfait, le film n’en demeure pas moins bourré mais alors bourré de qualités…
Vient enfin la journée du samedi! La ville reste bercée par les hauts parleurs déversant la bande son que passe la radio principale sponsor du festival et l’on rejoint la queue fournie devant le MCL. Au programme » Orgueil, Préjugés et Zombies« ! Tout un programme en effet… Si le film a pu être visible par des moyens plus ou moins détournés et dans une qualité plus qu’aléatoire, le fait d’être projeté en VOSTFR permet de sauver le film, le décalage entre les dialogues récités au mot près du livre de Jane Austen se heurtant à un film de zombies charclés en costume (!) par des protagonistes maîtrisant les arts martiaux du Japon ou de Chine (!!!) fait pleinement son oeuvre. On ne se sent pas plus intelligent en sortant de la séance, mais on se sent relativement léger. Dans la queue pour le film d’après, les spectateurs, parlant entre eux ne se vont pas s’y tromper. c’est ainsi qu’on entendra fleurir des » Ouais, c’est les vrais dialogues du bouquin et de l’adaptation BBC c’est à dire long et chiant comme la mort« .Bon film ou pas alors? Le film a fait son oeuvre de fun et de décontraction. La salle aura aussi noter Charles Dance et Lena Headey à l’écran, protagonistes de la série Game of Thrones, dont l’entrée en scène aura fait réagir les spectateurs… Un pur film de festival.…
Un autre film de festival, qu’on va avoir probablement du mal à trouver ailleurs, c’est Prevenge, film britannique d’Alice Lowe. La pellicule nous narre l’histoire d’un fœtus tueur commandant à sa mère dépressive. Si le film réserve quelques moments assez plaisants en matière d’humour décalé et de moments glauquissimes (DJ Dan…), il finit par se perdre au fur et à mesure que l’on comprend la raison de la quête vengeresse de la future maman. Assez inégal, notamment dans la gestion de son humour (cf la scène avec Gemma Whelan, actrice vue dans…. Game of Thrones! Mais c’est une constante dans le cinéma de genre anglo-saxon contemporain ou quoi?!) et quelconque au final alors que le pitch pouvait potentiellement accoucher (hoho) de quelque chose de mieux.
Vient ensuite Under The Shadow, coproduction internationale de Babak Anvari se situant dans le Téhéran de la guerre Iran-Irak des années 80. Si le contexte et le cadre nous dépayse quelque peu, il ne faut pas se fier à ce stratagème, malgré d’évidentes bonnes volontés comme ce djinn faisant onduler son voile, le film se perd en chemin, ne sachant pas vraiment sur quel aspect axer son film : drame familial? reconstitution historique d’une époque révolue de l’histoire de l’Iran? Film de possession/démon? . A trop vouloir courir plusieurs lièvres , il finit par ne plus savoir quoi raconter et le dernier tiers qui se décide enfin à faire monter un peu tout en pression n’effacera pas le reste : le film est une déception! La faute à des personnages ayant d’accord un potentiel mais qui n’est jamais abouti. Mais peut être est ce une spécificité Pop&Shot, le film ayant eu le prix ex aequo du Jury !!!! Les goûts et les couleurs…. En effet, n’aura t-on pas entendu dans la file d’attente pour SPLIT » Alors ça a un rythme très particulier (en sous titre ça veut dire chiant comme la mort), mais au moins c’est original et culturellement, c’est enrichissant et c’est nouveau, notamment au niveau du contexte ».
Après ça venait le clou du spectacle, celui que l’on désirait le plus au monde , peut être après Grave, mais vu que l’on n’a pas pu voir Grave, nous passerons cette anecdote sous silence… SPLIT! On vous en parle très bien là . Mais force est de constater que Shyamalan, pour la première fois depuis belle lurette, ne déçoit pas et nous livre un film maîtrisé de bout en bout. Et la petite surprise finale donne des frissons de geeks comme rarement vus ces derniers temps alors que l’on commence à être aseptisés de ce coté là par les productions à la chaîne des Marvel/DC Films…
Vient ensuite le dernier film pour la Team Pop&Shot dans ce festival de Gérardmer : The Girl With All The Gifts. Film britannique de Colm McCarthy au casting de bonne facture ( Glenn Close, Gemma Arterton et Paddy Considine entre autres), nous avons à faire à un post apocalypse lorgnant fortement pour son background sur la perle vidéoludique The Last Of Us, que ce soit sur l’origine de la menace ou sur les décors… Mais pas d’esprit chagrin en cette fin de festival et parlons simplement du film. Une première demi-heure de haute volée nous présentant un cadre assez peu vu ces derniers temps nous laisse espérer un film de très haute tenue. Sans aller jusque là, en se montrant décevant sur la toute fin, en étant pas clair finalement sur ce qu’on a voulu nous raconter… Un bon film à coup sur. Un grand film assurément non. Mais un film au potentiel gâché ça c’est sur….
C’est néanmoins, le cœur léger que l’on finit par sortir de la salle en se disant que l’on a eu un certain privilège de pouvoir assister à cette 24ème édition du Festival de Gérardmer. On gardera en mémoire pendant longtemps ces films, bons ou moins bons, aboutis ou moins aboutis, ces décors de neige féeriques ou bien encore le fameux lac glacé sur lesquels les gens viennent patiner. On peut même se dire que pour une fois, en essayant de mettre de coté les rêveries adolescentines, ce festival en valait la peine. Mais surtout, qu’on a carrément hâte de pouvoir assister à l’édition du quart de siècle l’an prochain! Vivement les neiges qui tiennent ou ne tiennent pas, les marrons chauds, le paysage hivernal sorti tout droit de notre imaginaire, les magasins avec des figurines bizarroïdes… Rendez Vous en 2018 les Vosges et Gérardmer!!!
Pour rappel, le palmarès complet de cette 24ème édition du Festival de film fantastique de Gérardmer c’est ici même