Tag

Pulp

Browsing

Voilà maintenant 30 ans que sortait « Different class », album fédérateur à la britpop incontournable signé Pulp. Ses morceaux, on les connait tous.tes. Surtout l’incroyable « Common People », titre à l’élégance et l’étrangeté joliment british. On y enviait les personnes normales, célébrant la moyenne avec une beauté dandy. Oasis et Blur n’avaient qu’à bien se tenir ! Certes, de réputation, les deux groupes gagnaient alors la bataille des charts. Mais dans la durée, dans la capacité à créer un hymne qui ferait à jamais danser en soirée, Jarvis Cocker et sa bande remportaient le match. Gardant dans les mémoires collectives un statut à part, entre perfection que confère l’indé et partage qu’ont ces titres dont on connait les paroles par coeur. Un secret connu de tous.tes en somme. En 1998, l’outsider « This is hardcore » voit le jour, avant-dernier né de l’ère Pulp. Bijou plus confidentiel, il est vite suivi par « We Love Life » en 2001 avant un grand silence qui allait durer 24 ans. Silence, oui et non d’ailleurs. Sans Pulp, son frontman continuait de vivre dans et en marge des lumières de la musique. Un groupe JARV IS, quelques albums solos aussi et même une apparition musicale dans « The French Dispach », pour reprendre des classiques français pour les belles caméras de Wes Anderson. Mais point de Pulp. Voilà qui manquait clairement. Enfin, il y a deux ans, les retrouvailles avec le public laissaient présager le meilleur. C’est finalement la route qui permet à nos pulpeux musiciens de composer à nouveau. Sur scène, la troupe teste de nouveaux sons. Nous sommes en 2023, le groupe salue son public et s’amuse autant à reprendre vie qu’à créer un album emprunt de vie. Voilà que nait « More ». Vous en voulez plus ?Pulp album More

Pulp, more alive then ever

Ce sont 11 titres qui composent ce nouveau « More ». Si « Different class » aimait à faire les yeux doux aux marginaux, ce nouveau jet lui, joue sur le ressenti et l’immédiat. D’ailleurs ce sont des compilations d’émotions et de notes d’instinct  qui viennent prendre le la sur les compositions. Les pré-sentiments peuplent et hantent les morceaux. Mais peut-on vraiment se surprendre de l’impulsivité d’un musicien qui a failli perdre la vie en en tombant d’une fenêtre pour imiter Spider Man dans le but de séduire celle qu’il convoitait ? Et cette dernière, elle se ressent aussi dans l’ordre des titres de « More ». On démarre fort, on passe par la douceur, on danse de nouveau, l’album est un tourbillon, une suite d’émotions qui arrivent comme elles viennent. La logique parfois n’a pas de place, on se laisse porter, comme dans l’esprit rebelle d’un dandy qui vient nous dire ce qu’il souhaite, en se fichant du reste. Les déambulations, elles commencent fort sur « Spike Island » sorte de ballade pop à la « Common People », taillée, cadrée, au refrain accrocheur. 24 ans se sont écoulés et pourtant une poignée de secondes semblent séparer l’album culte de ce nouveau morceau. Le refrain est déjà entré dans les têtes, la bonne humeur a pris le dessus. Cette célébration de la vie, elle se retrouve dans « Grows Up », troisième opus de la galette qui suit « Tina » et ses bridges aussi dramatiques que ses rythmiques sont maitrisées. « La vie est trop courte pour boire du mauvais vin », nous chante le groupe, la vie est trop courte tout court si 24 années peuvent s’écouler si vite. D’ailleurs c’est encore sur des rythmes appuyés que marche ce morceau. Le chant saccadé fait monter la tension crescendo, jusqu’à ce qu’un refrain endiablé permette de lâcher un tourbillon de sentiments. Un brin sombre ce titres, cette nouvelle preuve qu’il est possible d’être pop et pointu. Pulp, ces êtres à part…

Pulp Jarvis Cocker
@ Tom Jackson

Pulp: more light, more shadows

Et si l’ombre de la mort régnait sur cet opus ? Et si c’était elle qui avait rappelé à notre combo qu’il fallait à nouveau créer ? En 2023, le groupe perdait en effet son bassiste originel Steve Mackey. Voilà qui pouvait donner l’impulsion de ce « More » et qui explique sûrement les pensées plus ombragées qui viennent peupler les partitions de notre opus. Les originaires de Sheffield, comme Arctic Monkeys à qui ils empruntent le producteur James Ford pour cet album, aiment à y jouer en demie-teinte. Le tout prend une tournure carrément mélancolique sur « Farmers Market », qui se joue du bout des doigts. Une alternance entre ombres et lumière domine l’écoute et Cocker chuchote à l’oreille de son auditeur alors porté par les notes du piano. Il y a quelque chose de cartoonesque dans  les compositions de ce Pulp, une imagerie qui se dégage de chaque titre. L’utilisation des cordes et de la batterie y est pour beaucoup. Le chant aussi, son phrasé, à la Baxter Dury  qui se fait complètement obsédant sur « My Sex ».  La suite permet à Pulp de sortir un nouveau single « Got to have love » et à Jarvis Cocker de parler d’amour alors que le mot lui écorchait les lèvres jusqu’à ses 40 ans. Cette fois, ce même terme lui permet un des titres les plus hauts en couleurs de l’album. Une célébration dansante d’une britpop qui casses ses codes et se permet d’aller piocher du côté du disco. La dernière ligne droit avant l’arrivée se vit comme une course effrénée, l’envie d’en dire beaucoup en un minimum de titres. Des hyper-titres en somme qui passent en revu tous les ressentis, la joie et les questions se mélangent,  à fleur de peau, alors que la voix s’envole. On y repasse sans crier gare par une tristesse masquée  (« Partial Eclipse » dont le titre est plus qu’évocateur) et il ne reste à Pulp que deux essais pour redonner un peu de pulpe à notre quotidien. Avec des vrais morceaux de partitions dedans, on joue d’un rythme saccadé sur « Hymn of the north », les mots ‘just one thing » se répètent en boucle. La meilleure façon de marquer l’obsession en musique. Il fallait donc finir sur un coucher de soleil et donc « A Sunset ». Album universel qui personnifie les angoisse, retour aux sources réussi, « More » est l’histoire du temps qui passe, de l’amour, de la vie, de la parentalité, des ressentis qu’on laisse enfin exister. Opus instinctif qui devient instinctivement culte, il finit porté par des choeurs qui s’invitent sur la pointe des pieds. La chaleur de la voix de Jarvis Cocker, elle console à l’infini. Finalement, nous sommes « More » de ces gens banales – extraordinaires et communs – à ressentir les mêmes palettes d’émotions. Et Pulp, nous donne une fois de plus de la voix.

Pulp - More studio
@ Tom Jackson

caroline band - Photo : Henry Redcliffe

caroline – « Nos morceaux n’existent pas sans le concept de l’enregistrement » (interview)

caroline. Joli prénom pour merveilleux groupe. Court, direct. A l’opposé de leur musique, labyrinthique, complexe.…

Carlos O'Connell de Fontaines D.C. @Pénélope Bonneau Rouis

Fontaines D.C. : « Le rock est devenu un privilège » (Interview)

Difficile ces dernières années de passer à côté du tourbillon Fontaines D.C. Le quintet irlandais…

big thief dragon new warm mountain i believe in you

Big Thief redonne foi au pays des rêves sur : « Dragon new warm mountain I believe in you » (chronique)

Il était une fois un monde dans lequel tout devait aller vite. Les albums devaient…