Elle était plus qu’attendue, cette nouvelle saison de Mercredi sur Netflix. Depuis que Tim Burton avait décidé de mettre en avant les histoires de la fille Adams dans l’école de Nevemore, l’émulsion avait largement gagné le public. L’occasion de faire de Jenna Ortega une super star et d’inspirer toute la planète réseaux sociaux à coup de répliques cinglantes et de cheveux colorés à la Enid (Emma Myers). Si les deux jeunes protagonistes sont aujourd’hui placées au rang d’égéries, c’est aussi parce que Burton est sa clique ont choisi de créer un show entièrement féminin qui se concentre sur toutes les générations de femmes de Hester Flump à Morticia, Mercredi et ses amies. Un choix qui permet à la famille Addams et ses adorés malheurs de prendre des nuances sombres de modernité sans jamais appuyer avec lourdeur sur ce postulat. Retour sur une saison 2 portée par des femmes et des illustrations plurielles de la maternité. Attention spoilers.
Valeurs, mot féminin mercredi
La saison 2 de Mercredi reprend évidemment où on l’avait laissée. On y retrouve le Poudlard de la série, Nevermore. Contrairement à Harry Potter, qui semble être une source d’inspiration pour le contexte de la série, une école et ses marginaux, nos étudiants semblent ne presque jamais aller en cours. Ils préfèrent ainsi consacrer leur temps à la résolution de mystères. Seulement voilà, là où la saison 1 se concentrer principalement sur le personnage de Jenna Ortega, cette nouvelle salve d’épisodes, choisit de réunir toute la famille Addams au complet pour préférer se concentrer sur leurs liens. Des liens pluriels dirions-nous ? Pas vraiment, ces nouvelles aventures, un peu à l’image de celles de Sabrina, elles aussi diffusées sur Netflix, vont faire des garçons tant de la famille que de l’entourage de Mercredi, des personnages secondaires. Seul Pugsley s’offrira le luxe d’une intrigue; sans jamais chercher à creuser la psychologie du jeune garçon. Qu’importe en réalité, tant les références, trames et dialogues viennent mettre en lumière la complexité de rapports mère/ fille voir amicaux entre rivalité et sororité.
Tout commence fort mal pour Mercredi alors que sa mère Morticia (Catherine Zeta Jones, dont le retour est un plaisir) est invitée à vivre sur le campus pour aider à préparer les gala de l’école. Tout ça ne sera en réalité que stratagème mais qu’importe. La saison entière va ainsi pouvoir s’appuyer sur la rivalité des deux femmes Addams, la mère qui protège de sa façon à elle, la fille en quête de liberté voulant autant défier sa mère que tirer son approbation. A cela s’ajoute la grand-mère Hester Flump (Joanna Lumley) et son propre rapport à sa fille, ses dynamiques avec Mercredi. Côté amies Enid et Agnès viennent offrir à Mercredi deux miroirs féminins : celui de la meilleure amie haute en couleurs mais qui ne veut pas vivre dans l’ombre de la protagoniste, Agnès, la fan, celle qui cherche à entrer dans les moules. Et malgré tous les traits de marginaux des personnages, leur pluralité va venir créer un spectre d’identification plurielle. On ajoutera Bianca, la sirène de l’établissement dont l’intrigue parallèle permettra au développement d’un personnage à part. En 1993, sortait le films « Les valeurs de la Famille Addams », en 2025, mine de rien, voilà que ces valeurs se font bien plus limpides.
mercredi : Noirceur et maternités
Mais s’il fallait se focaliser sur un point pour résumer cette saison, qui contre toute attente a par ailleurs moins cartonné au grand jeu des chiffres que la précédente, c’est bien les rôles variés de la maternité et surtout de la transmission et du modèle féminin, qui viennent la nourrir.
Avant de se concentrer sur l’évidence et d’en parler un peu plus loin, les rapports où le rôle de mère est clairement établi, il serait intéressant de se pencher sur l’épisode 6 : « Chacun son malheur ». Après de nombreux épisodes durant lesquels, le tandem Mercredi / Enid s’écharpe dans une incompréhension totale, les voilà qui intervertissent leurs corps. La faute au personnage de Lady Gaga dont la minute 30 d’apparition à l’écran après des mois de teasing laissera tout le monde sur sa faim (surtout nous, on veut plus de Gaga merci). Et cette relation, même si elle n’est pas réellement mère / fille en a tous les ressorts. Déjà et simplement parce que l’épisode s’appuie clairement sur Freaky Friday, le film qui faisait de Jamie Lee Curtis et Lindsay Lohan un duo mère/ fille qui échangeaient leurs corps pour mieux se comprendre, et dont la suite est d’ailleurs sortie cette année. Ensuite parce qu’elle va s’inscrire comme une métaphore de la relation de Mercredi avec sa mère. Mercredi souhaite protéger Enid, de ses visions, parce qu’elle la juge faible, Enid veut s’émanciper. Entre les deux jeunes-filles ce rapport inégal, n’en déplaise à Mercredi, repose sur un amour mutuel. Et l’amour est toujours complexe. Dans la lignée de cet épisode, la rapport s’inversera aussi, mais n’est-ce pas le cas des rapports aux mères qui s’occupent de leurs filles avant que l’âge ne requiert l’inverse ? Et comme le veut l’amour maternel, mais aussi l’amour amical, Enid finira par se sacrifier pour sauver son amie.
Voilà qu’arrivent les rôles plus évidents mais tout aussi complexe des véritables mères du show. Morticia Addams prend le double rôle dans cette saison. On y découvre plus en détails ses relations plus que conflictuelles avec sa propre mère, Hester Flump. Evidemment sombre, richissime et ayant fait fortune dans les pompes funèbres, elle devient le mauvais mentor de Mercredi et se place dans l’envie de saboter les aspirations de sa propre fille contre sa petite fille. Il est d’ailleurs intéressant de noter qu’Hester n’a aucun mari mentionné. On verra d’ailleurs en toute fin de saison qu’elle a un rapport bien différent à sa seconde fille : la mystérieuse Ophélie. Côté Mercredi, l’épisode 6 permet d’expliciter son besoin d’acceptation face à une mère imposante et puissante.
Viennent ensuite s’ajouter des nuances de mères : Françoise qui retrouve après des années de captivité Tyler. Comme son fils, elle est une hyde. Contrairement à d’autres personnages, elle cherchera par tous les moyens à ôter à son fils le poids de l’hérédité et l’extraire de son destin de hyde. Sans prendre en compte les aspirations de ce dernier. Elle veut lui éviter son parcours et peine à comprendre sa progéniture dans son unicité. Il y a la figure maternelle par intérêt en la personne de Marilyn Thornhill (Christina Ricci, ancienne Mercredi au cinéma). Celle qui sert aussi de garde fou et qui sera tuée pour laisser échapper les pires démons. La mère absente, celle de Bianca, qui permet l’inversion de rôles puisque c’est la jeune sirène qui tente de sauver sa mère des griffes de la secte dans laquelle elle s’est plongée. Mais aussi le rôle de la mère spirituelle puisque la principale Weems revient sous forme de fantôme autant pour guider et conseiller Mercredi que pour la confronter à ses pires travers. L’obsession de Mercredi à ne pas l’écouter et à ne pas écouter finit par prendre l’apparence d’une morale de fable tant son obstination la pousse dans les pires retranchement. Tout ce qui guide le personnage de Mercredi, tous les conseils viennent des femmes qui l’entourent.
Enfin, si la question relève plus de la filiation que de la maternité à proprement parler : la Chose finit par découvre son histoire et par retrouver son corps, sa véritable famille « biologique ». Se rebellant contre le corps qui est le sien elle en vient à le rejeter pour choisir sa famille d’adoption. Mercredi est avant tout un membre de la famille Addams, il est donc logique que tout soit question de filiation.
mercredi, idole d’Agnes et des autres
Les portraits brossés par le show sont multiples. Les séries télévisés sont par essence, du moins quand ils fonctionnent si bien et s’adressent à un public jeune, sont un haut repère d’identification. Hors les rapports familiaux, il est important pour les adolescent.es de se créer de nouveaux refuges bien à lui/ elle. Et en ce sens, le show va aller plus loin avec le nouveau personnage favori de grand nombre de spectateurs.trices : Agnes. Interprétée par Evie Templeton (âgée de seulement 16 ans), la jeune-fille se positionne comme un miroir de beaucoup d’adolescentes : celle qui va intégrer les codes de ses héroïnes pour chercher à leur ressembler. Suivant et imitant Mercredi, Agnes va tout faire comme elle jusque dans l’attitude et l’habillement. Son personnage est d’autant plus intéressant qu’il renvoie à deux images : le clin d’oeil aux fans qui s’identifient à leurs idoles, cinématographiques, musiciennes ou autres … mais aussi à l’identification à un groupe d’amies. Il est fréquent de voir des jeunes-filles au collège s’habiller comme leurss amies et chercher à faire comme les autres pour entrer dans un moule. La série se fait alors porteuse de message en fin de saison : mieux vaut pour être accepter, apprendre à se connaitre et devenir soit-même. Ainsi, Agnes cesse d’être invisible aux yeux du collectif à devenir sa propre personne. Une fin qui fait attendre la saison 3 avec impatience pour mieux apprendre à connaitre ce fascinant personnage. En espérant que celle-ci permettra à Mercredi de rester l’idole d’une génération et de séduire à nouveau un large public au grés de ses sombres aventures.
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