C’était en 2021, la série du moment. Certes pas au point de « Stranger Things » mais tout de même, ça parlait beaucoup de « The Sandman » sur Netflix. Elle avait cette image de série pointue, issue d’une bande-dessinée, du type qui s’adresse à un public d’experts. Tu vois ces shows que tu ne peux pas comprendre si tu n’en as pas toutes les références, trop écrite pour être mainstream. Lancée dans une envie de savoir, dans la conviction de passer un bon moment, un peu sombre, j’ai tenté à toute hâte. Peut-être même avec l’envie d’en parler après avec une certaine fierté et dissimuler ainsi que j’avais pu aller au bout de « Riverdale » et que je garde un certain amour pour les mauvais films et mauvaises séries, pour le plaisir de visionnages sans prise de tête. Bon voilà donc que je tentais avec espoir « The Sandman ». La saison 1 était un moment aussi oubliable que prétentieux. Blindée d’effets visuels à gros coûts pour en mettre plein la vue et mieux endormir l’esprit. En la matière Dream, le personnage principal aux quinze noms, joue bien son rôle tant il est facile de piquer du nez en regardant épisode après épisode son triste spectacle. N’empêche l’arrivée de la saison 2 piquait la curiosité, on pouvait réessayer, après tout seuls les imbéciles ne changent pas d’avis. Verdict donc.
The Sandman saison 2 : pince moi que je me réveille
Autant ne pas seulement vous gâcher une série et le faire pour plusieurs, désolée d’avance. Quand la réalisation veut faire croire à la qualité d’un métrage, il utilise sur ses images un filtre bleu et orange. Les couleurs vont bien ensemble et ça donne donc le sentiment de regarder un film qualitatif pondu par un génie. The Sandman applique en sa saison 2, diffusée sur Netflix, cette règle à la lettre. Tout le temps. Tout y est plus bicolore qu’un Malabar bi-goût. Donc déjà hein c’est bien on peut pas argumenter que ce n’est pas beau, c’est très joli, puisque forcé par des filtres. On peut quand même reconnaître à l’équipe de réalisation sa capacité à créer de beaux décors et à travailler chaque plan comme une photographie artistique. Jusqu’au trop plein, jusqu’à en oublier le scénario. Pour le coté artistique d’ailleurs, chaque personnage va ainsi être sur-stylé, sur-joué, en continue. A commencer par Dream, le grand maître des rêves, l’infini super puissant joué par Tom Sturridge. Non content d’être le personnage le plus antipathique de l’histoire de cinéma (pas désagréable comme un personnage de méchant juste insipide et déplaisant) son interprète s’évertue à lui donner un air grave en continu. Dans les faits, Dream à une duck face un peu déprimée pendant deux saisons, quelques soient les circonstances. C’est le seul personnage qui ne lâche pas un sourire. C’est aussi parce qu’il est torturé. L’infinité c’est pas évident. D’autant plus dans une série qui donne des dates de manière complètement aléatoires.
des épisodes infiniment longs

Ainsi cette fois-ci, on découvre la famille d’Infinis, celle de Dream : Désire, Délire, Destruction,le Destin, la Mort et les autres. Elle se réunit parce que Destin a une vision, quelque chose de grave va arriver. Et quand une série tv réunit une fratrie, la même règle s’applique toujours : les frères et sœurs se parlent continuellement mal. C’était vrai par exemple pour « Vampire Diaries », pardonnez l’exemple, mais quand on est dans un ton sérieux, avec des gens à la duck face torturé on envoie chier de façon verbeuse sa fratrie. Et, c’est, sans originalité le cas ici évidemment. Cette prédiction n’intéresse personne, parce que tu existes depuis le début des temps mais t’as toujours pas appris à écouter les autres. Par contre cette réunion permet à Dream de se rappeler de son grand amour, la belle et pauvre Nada au destin tragique. Vous vous souvenez que dans la saison 1, 100 années de l’absence du protagoniste avaient causé un certain chaos ? Eh bien 100 ans c’est un petit chiffre. Et on est pas là pour faire dans la dentelle. Du coup, son grand amour qui l’a repoussé parce que le fait d’être ensemble une nuit avait causé la mort de tout son peuple et qu’elle craignait les conséquences d’une plus longue histoire, a décidé de se la péter en matière de durée. En effet Dream l’a envoyée en enfer depuis 10 000 ans pour se venger de ce rejet. Normal, le mec la drague en rêve et supporte pas qu’elle se choque, elle reine des premiers hommes, de la mort de la totalité des personnes qui l’entourent parce que la règle est qu’on ne date pas avec un infini. Ça s’explique à coup de « If you wish » pour parler bien … Not all men but Dream beaucoup quand même aussi.
The Sandman : un grain de sable dans les mythes
Ce qui est surprenant chez The Sandman c’est sa faculté à ne pas choisir. Déjà à ne pas choisir des datations qui ne vont pas dans tous les sens, les milliers d’années se citent à tour de bras, comme si tout le monde voulait avoir le plus gros temps, avec un manque de dosage assez rare pour tout de même se retourner vite fait avant de se rendormir. Mais aussi, la série ne choisit pas sa réalité, tous les mythes qui cohabitent. Le paradis, l’enfer, la mythologie grecque. Les dieux uniques, ceux multiples, l’enfer de Lucifer, les enfers d’Hadès. Dans l’idée pourquoi pas mais dans ce cas là il est important de donner une cohérence au tout. A expliquer un peu le récit. Ce n’est pas le cas ici, donc c’est une bouillie. On ne peut pas tout jeter bien sûr dans la série. On peut apprécier le fait que Lucifer soit une femme, Desir un personnage non binaire (Mason Alexander Park excelle dans le rôle), la beauté du cadre et son image reconnaissable. Mais il serait difficile de passer à côté du fait que cette saison 2 ne sait pas vraiment de quoi elle parle elle-même changeant son enjeu à chaque épisode. De la recherche de cet amour perdu (mais qui ne veut pas en vouloir à Dream, elle ne veut pas qu’il souffre – Pitié, s’il te plait, sois en colère contre ce mec super toxique ma fille), on passe à la clé de l’enfer puis à la quête d’un frère puis à la quête d’un fils sans que tout cela ne s’additionne si bien. Les personnages sont finalement pauvrement écrits, ne donnant jamais l’occasion de pleinement les apprécier. Les dialogues en faux vieil anglais ressemblent à ceux que réciteraient des enfants au cours d’un jeu pour faire semblant de bien parler. Une copie bancale de mots trop répétés. Et c’est épuisant à regarder. Pire tout le monde parle anglais. Tout le temps partout en toute époque. De la Grèce antique à la France de ka Terreur de Robespierre, il n’existe qu’une seule langue pour une infinité d’époques. Et tout ça sur seulement la première partie d’une saison 2 qui va s’étirer longuement. Au moins les scénaristes auront pris le temps de conclure.
The Sandman, le père de l’année
Mais surtout les incohérences et les réactions sont cauchemardesques. Par exemple lorsqu’ils recherchent un mortel qui a, lui aussi au doigt mouillé, plus de 10 000 ans (toujours plus ) meurt d’un accident. Plus de 10 000 ans et le mec a jamais eu d’accident ? Comment ? Sans parler des dialogues improbables avec Orphée, le fils de Dream, celui-même de la mythologie grecque. On a tous préféré le Orphée de Kaos, merci de nous rendre cette série incroyable ! Les dieux de la mythologie étaient difficiles, c’est chose connue. Mais y-a-t-il pire père que l’infini Dream ? Il faudra nous le présenter. Notamment parce que vexé que son fils attristé de la mort de sa femme lui lâche un « Vous n’êtes plus mon père », le voilà qui le laisse à la pire des tortures. en s’en foutant. Le plus gros problème du show reste donc les traits de caractères de son personnage principal. Un être qui se vexe de tout, punit tout le temps, n’aime personne, est injuste sans être jugé. Et le florilège de personnages secondaires, toujours en arrière plan, ne suffit pas donner de l’intérêt pour le monde merveilleux de Duck Face au ton grave à la Batman.
The Sandman signe ici l’arrêt de sa série en deux parties. Le temps de tuer son personnage principale et de tenter un moment d’émotion à travers le personnage de Desir. L’émotion est ce qui aura fait cruellement défaut au show ou plutôt l’émotion bien travaillée, celle à laquelle on croit. C’est pourtant le budget et l’audience trop basse qui aura valu à Dream et sa troupe de perdre leur série. Il faudra trouver un autre conte à dormir debout maintenant, pour se plonger ensuite dans nos rêves bleus et oranges.
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