Que faire quand on est à Blois ? Admirer la Loire ? Déambuler dans les rues ? Visiter un musée ? Visiter un château ? Visiter un… Mais qu’est ce que c’est au fond ? Un musée ? Un centre d’art ? Oui et non à la fois. La Fondation du Doute. Un lieu admirable résiste encore et toujours aux conformistes, aux faiseurs de cases. On y était.
Ben est un artiste qu’on reconnaît pour les mauvaises raisons. Des inscriptions pour trousses de collégiens/lycéens. Ce n’est pas la meilleure des lettres de recommandations quand on commence par arriver la Cour du Doute. Bien sur, en y regardant de plus près, on se laisse séduire par quelques unes des inscriptions. On peut être dubitatif, par rapport au lieu, par rapport à ce qu’on vous a dit du projet mais à un moment donné les doutes… On laisse esquisser un sourire. Et puis sans vraiment s’en rendre compte un des panneaux sur les murs vous touche. Peu importe lequel… Que ce soit « douter c’est créer, créer c’est douter » ou bien encore « Pas d’art sans vérité », il y en aura forcément un. Fluxus a fait son œuvre mais vous ne le savez pas encore… On peut ne pas être sensible à l’art contemporain, mais le café Fluxus est un bon sas de décompression avant de vous projeter dans le musée en tant que tel. Vous avez l’occasion, le temps d’un bon café, de laisser de coté vos préjugés et de vous motiver à l’expérience qui va vous attendre au cours de deux étages d’exposition.
Une version toute personnelle de « La bocca della verità » par Anna Byskov vous plonge d’entrée de jeu dans l’ambiance du mouvement Fluxus. Et cette incipit va donner le ton du reste de l’exposition. Bienvenue dans un autre monde, celui d’un anti-art, ou la facétie se mêle aux réflexions les plus poussées. On trouve de tout, de toutes les époques, au fur et à mesure que l’on arpente les couloirs de l’exposition. De tout les pays, de toutes les époques, ces œuvres finissent pourtant par nous ramener à une époque foisonnante intellectuellement : celle de la fin des années 60 et des années 70. Sans tomber dans l’idéalisme ou la nostalgie de bon aloi, on se rend compte, au détour d’œuvres critiquant par exemple l’interventionnisme US au Viet Nam ou encore l’industrialisation fordienne de l’automobile, qu’il y eut une époque de profonde réflexion sur le monde en général et la place de l’art en particulier….
Un tableau comparatif entre le mouvement Fluxus et l’art de façon « conventionnelle » est là pour nous le rappeler. Même si, encore une fois, en lisant entre les lignes, on ne peut qu’admirer la lucidité de la plupart des membres du mouvement. On vous laisse découvrir pourquoi car en effet, la frontière est ténue entre les deux visions du monde de l’art. Votre sensibilité artistique sera mise à rude épreuve en cours de visite quand vous passerez par l’atelier des cartes postales. En effet, une carte vous est remise à l’entrée du musée et vous comprenez son importance à ce moment là. Crayons, feutres, colle, journaux, tampons. Tout vous est offert pour que vous laissiez votre empreinte, que ce soit pour vous, pour un proche, ou même pour se retrouver sur une des cordes à linges disposés au dessus des têtes.
On continue la parcours, agréablement surpris par un zodiaque des plus….culinaires. En fin de parcours, c’est par le biais de post its que votre créativité, votre imaginaire sera sollicitée. Passons sous silence quelques messages facétieux, immatures ou moqueurs et vous pourrez vous aussi laisser votre marque dans cette exposition de la Fondation du Doute… On peut avoir le rapport que l’on veut envers l’art, et qui plus est l’art contemporain, oubliez « la mierda de artista » et laissez vous prendre par la main par Ben et ses amis du nom de Cage, Di Maggio,etc… Vous voyagerez, vous vous questionnerez, vous douterez, vous critiquerez…. Mais au final, vous profiterez de ce moment et vous ne le regretterez pas. Are you going to Blois ? Non ? Vous devriez…