C’était très certainement l’un des films les plus attendus de cette année. Le Frankenstein de Guillermo del Toro et sa créature interprétée par Jacob Elordi, la coqueluche actuelle du cinéma mais aussi l’un des acteurs les plus talentueux de sa génération, devait faire un carton. Le mythe allait alors trouver un nouvel essors via la plateforme Netflix. L’œuvre culte de Mary Sheley continue, longtemps après sa mort de faire jaser et de trouver force critique à son récit. Le propos rappelant les faiblesses des hommes et que le grand méchant de toute histoire sera toujours l’être humain froisse et perturbe. Il n’en est pas moins vrai et chacune de ses mises en images ne saurait manquer de mettre en lumière l’incroyable poésie d’un récit qui ne juge pas sur les apparences.
Frankenstein : De quoi ça parle ?
Le réalisateur oscarisé Guillermo del Toro adapte le roman classique de Mary Shelley sur Victor Frankenstein, un scientifique brillant mais égocentrique qui donne vie à une créature lors d’une expérience monstrueuse, menant finalement à la perte du créateur comme de sa tragique création.
Frankenstein : Est ce que c’est bien ?
Depuis sa sortie en ce mois de novembre 2025, Frankenstein de Guillermo del Toro n’a de cesse de faire parler de lui. La presse s’interroge, le gothique serait-il de retour ? Et pourquoi ? Spoiler alert, le registre n’a jamais vraiment quitté nos écrans. Ni son imagerie, ni son romantisme. Mais on peut lui accorder un retour en force auprès du grand public. On l’a notamment vu avec le « Dracula » de Robert Eggers, bien plus horrifique que ce Frankenstein : le registre plaît toujours. L’esthétique envahi nos petits écrans (Mercredi) et même la musique (Lady Gaga de Mayhem à sa tournée, Ethel Cain …)
A moins que le besoin de raconter de nouveau des contes et histoires cultes ne soit au centre de ce renouveau. Simplement lorsque le maître absolu du gothique, Guillermo del Toro s’en mêle, l’affaire ne pouvait que frôler la perfection. Contrairement à son comparse Tim Burton, le réalisateur mexicain a su garder la maitrise de son art sans jamais basculer vers le grotesque. Ce petit tacle à Burton ne saurait remettre en question du très bon dans une filmographie, mais il faudra admettre que certaines de ses œuvres ont fini par jouer la carte de l’auto-caricature.
La capacité de Del Toro à raconter une histoire, et il faut le dire l’immense budget qu’il peut mettre dans des décors, au demeurant sublimes, sont évidemment pour beaucoup dans le succès de son adaptation. Avant de crier au génie et de détailler les nombreuses qualités du métrage disponible sur Netflix, il faudra évoquer une toute autre œuvre. En 2015, Bernard Rose à qui l’on doit le « Candyman » originel (donc pas celui de Jordan Peele) réalisait lui aussi un film inspiré par la créature la plus célèbre du cinéma. Et, puisque le film est resté confidentiel, il est de notre devoir de rappeler qu’avec moins de moyens et une empathie sans pareilles limites, le metteur en scène proposait un film autrement plus sensible que celui aujourd’hui disponible sur Netflix puisqu’il y privilégiait les sentiments à l’image et se focalisait sur l’unique ressenti de la créature.
Del Toro, lui préfère adopter deux points de vues : celui de Victor Frankenstein (Oscar Isaac à la performance habitée), le créateur avant de nous plonger dans la vie d’un être pure, né de la reconstitution de cadavres et qui découvre la cruauté absolue absolue de l’existence, au détour de seules quelques beautés. Une mise en perspective qui n’est pas la même que celle du film originel de 1931, lui-même tiré de la pièce de Peggy Webling en 1927. Dans ces versions, la créature est créée à partir du cerveau d’un criminel, qui est de plus tombé au sol pendant son transport. Voilà qui explique ses agissements parfois violents sous le coup de la peur et de l’incompréhension. Pour mémoire, il noie une petite fille, sans en avoir l’intention.
On dit de ce nouveau film qu’il est une mise en abime des faiblesses des hommes, ceux avec un petit h. Si la chose est vraie, il est surtout une fable puissante sur la paternité et le poids des actes de nos pères.
Notre père, toi qui ne m’a rien appris frankenstein
Au commencement Victor Frankenstein était un fils. Dans l’œuvre de Del Toro, seule la femme trouve le salut et la capacité d’empathie. Elle et le futur enfant, la créature. Les figures paternelles sont pourtant celles qui occupent une place centrales et celles qui doivent chercher la rédemption. Leurs échecs à comprendre sont la raison de toutes les violences. Ce ne sera ni la grandiloquence du film, ni les décors et maquillages qui seront les plus fascinants dans ces deux heures et demie de visionnage mais bien cet aspect du scénario qui vaut à lui seul le détour. La mère de Victor donc, tout comme plus tard Elizabeth, la femme de son frère (époustouflante Mia Goth) seront des guides, les personnages dont seule la bonté sera mise en avant. Dans ce récit les pères et toutes leurs représentations manquent à toutes leurs tâches. A commencer par le père de Victor. S’il le pousse à apprendre et donc à devenir adulte, le génie fou qu’il est, c’est aussi son éducation cruelle qui en fera plus tard un père médiocre. Le père, l’image de Dieu, le créateur, dont la seule compréhension de son rôle réside dans la violence. La foi est d’ailleurs évoquée à travers le personnage d’Elizabeth, mais si Dieu lui-même a abandonné ses enfants, que reste-t-il aux mortels ? Le défier serait-il si fou ? Frankenstein, qui revendique son nom dès le début du film reproduira par la suite le schéma dont il était la victime sur sa création, son fils. En se prenant pour Dieu certes, le défiant puisqu’il défit la mort, il oublie son devoir d’amour et de compassion. Et c’est cet incompréhension de son rôle, son manque de patience qui serviront à créer un récit sombre. La véritable dureté de lu métrage ne vient jamais de visions gores. Quelques morceaux de cadavres jonchés sur le sol servent pourtant à créer une petite maison des horreurs en mode maison hantée fantasmée. Mais les réactions des protagonistes masculins sont celles qui enferment, en immense majorité les horreurs.
Victori Frankenstein rejette la créature qu’il a créée, son père rejette Frankenstein. D’autres figures paternelles viennent elles aussi noircir le tableau : l’oncle d’Elizabeth qui ne la protège jamais mais finit par penser à elle comme une monnaie d’échange, le commandant du bateau. Ce dernier est un père/ une forme de Dieu pour son équipage qu’il n’a de cesse à le maltraiter. Heureusement, ce Frankenstein est une longue quête de rédemption pour mieux apprendre à devenir un père.
Où l’âme se situe-t-elle ? frankenstein
Comme le veut la trame initiale du récit, la question essentielle que pose le film est de savoir qui est le monstre ? Lorsque Frankenstein est sur le point de donner vie à sa créature, la question se pose, mais où sera son âme ? A question compliquée, réponse bien plus simple. Si par âme on entend capacité à la bonté, alors celle de la créature rayonne bien plus que celles des humains qui l’entourent. A l’exception d’une figure paternelle, celle du vieil homme aveugle, seul ami de la créature. Puisque lui n’est pas en capacité de juger par les apparences. Ici l’image prime sur beaucoup. C’est ainsi que ce nouveau Frankenstein va mettre un soin tout particulier à ses couleurs. Chacune d’entre elles, comme le détaillera le réalisateur a son importance. Le rouge par exemple évoque la mère et l’enfance. Elle ne sera utilisée dans le film que pour ces séquences et pour habiller Elizabeth. Complexe d’Electre ? Figure unique de la femme qui serait toujours proche de la maternité ? La question se pose. Le vert évidemment vient à évoquer la créature. Si le récit met en garde : on ne doit pas se fier aux apparences, la mise en scène elle va en faire des tonnes pour soigner les siennes. Mais c’est aussi ce que l’on recherche dans le cinéma de son réalisateur.
Les apparences c’est ce qui hante une œuvre grandiose qui ne lésine devant aucun moyen. L’image y est travaillée plan par plan, la photographie incroyable. C’est cette dernière qui lui permet de plonger entièrement le spectateur dans cet univers si particuliers. Celui du conte sombre avec une morale puissante.
Doit-on pour autant comme on a pu le lire de parts et d’autres qualifier le film de chef d’œuvre absolu ? Non, il est loin d’être exempt de défauts. Il manque par moments de finesse, sa conclusion intervient beaucoup trop rapidement surtout comparée à une exposition qui prend énormément son temps. La première partie traîne en longueur, perdant parfois le spectateur. Au détriment de l’histoire autrement plus fascinante de la créature qui aurait pu gagner en plus de développement. Le point d’orgue du film, son propos sur la rédemption est amené de façon trop abrupt. Il n’en demeure pas moins que l’histoire de la créature et sa modernité sans commune mesure méritent d’être constamment remises au goût du jour. En la matière Del Toro signe un film qui vaut intégralement son visionnage et promet de nombreuses heures de réflexion.
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