Coups de coeur ! Avec l’automne qui s’est déjà bien trop vite installé, voilà que débarque le temps des amours qui s’invitent pour ne plus jamais repartir. Cette année 2021, ceux-là sont britannique et français, folk et chanson, rock et pop. Une chose est certaine, ils ont tout autant de couleurs à offrir que les feuilles restantes sur les arbres. A écouter en boucle et à découvrir sur scène.
Luca Wilding : la grâce de Jeff Buckley
C’est en écoutant Leonard Cohen que le britannique Luca Wilding se découvre une envie de devenir auteur-compositeur. Celui qui n’avait pas touché d’instrument dans sa jeunesse est alors touché par la grâce du maître canadien. C’est donc sans surprise que notre prodige anglais marche sur les pas d’un autre compositeur tout aussi brillant : Jeff Buckley. Il lui emprunte, outre ses références musicales, sa légèreté, sa beauté, son sens de la mélodie et sa douceur. Au court de ses compositions, Luca Wilding , invite avec simplicité à marcher sur l’eau. Sa voix aérienne et envolée se pose avec la douceur d’une berceuse, masse les âmes et convoque l’intime. Pour les porter, à pas de velours, il ajoute une guitare sèche qui sublime la grande pureté de ses compositions. A la vie, celui qui a grandi entre Devon et Londres ressemble étrangement à un certain Roger Hodgson jeune. Il lui emprunte tout autant son immense talent que ses cheveux longs. Luca Wilding évoque bien des références qui touchent au céleste comme son immense « Nobody Game »qui a le raffinement folk de « What he wrote » de Laura Marling. Loin de simplement emprunter à tous, le musicien s’offre un univers onirique bien à lui qu’il défendra très prochainement sur son EP « To » dont la sortie est prévue pour le 27 novembre. De passage à Paris au Pop Up du Label le 18 octobre 2021, le talentueux Monsieur Wilding en a profité pour prouver que sa folk aérienne bouleverse autant en concert que sur album. L’apogée de ce moment passé en sa compagnie dans un cocon, était, il va s’en dire l’interprétation d' »Heartachers » qu’il vous faudra écouter d’urgence pour toucher à la perfection et à la délicatesse de la blancheur de la neige à venir.
Oete : l’oiseau rare
Retenez bien ce nom, Oete, il y a fort à parier qu’il fera bientôt partie de ces artistes que public et médias s’arrachent. En attendant de retrouver cet indomptable troubadour en haut de toutes les affiches, qu’il est bon profiter de sa confidentialité pour se repaître de la beauté de son répertoire et de sa candeur. Le pOETE de 22 ans dévoilait en septembre un single alliant la grâce du meilleur de la chanson française, conjuguant au plus que parfait la douceur avec la rythmique dansante et intitulé « La tête pleine ». Difficile de l’écouter sans en sortir la tête emplie de ses notes qui s’immiscent dans les esprits et les coeurs. Ses premiers pas virevoltants y inspirent la fraîcheur des débuts et la détermination des plus grands. Le jeune homme a le sens de l’introduction qui happe, du refrain qui frappe fort et surtout la juste mesure de la voix qui transperce. Avec son timbre grave reconnaissable entre tous, il dépeint les sommets de l’amour. Ce nouvel essai réussi fait suite à l’immense « HPV », son premier jet dévoilé. Depuis ce colibri s’élève note après note alors que son premier opus se fait déjà douloureusement attendre. Si le suspens parait insoutenable, il est aisé de se délecter de son univers en live. En concert, l’oiseau rare promet un moment aussi jovial qu’hypnotisant. Impossible de détourner les yeux d’une scène qu’il envahi intégralement, recouvre de ses merveilles disposées comme des cadeaux. « Pour faire le portrait d’un oiseau, il faut d’abord peindre une cage avec la porte ouverte » écrivait Prévert, bien inspiré alors que ces quelques mots n’ont de cesse d’évoquer Oete qui chante dans son répertoire à couper le souffle sa liberté chérie. « Ne pas se décourager, attendre, attendre s’il le faut la vitesse ou la lenteur de l’arrivée de l’oiseau.. » ajoutait-il alors qu’il semblait que le paysage musicale français attendait sans le savoir avec une patience silencieuse l’arrivée de notre prodige. « S’il chante c’est bon signe » serait-on tenter de conclure. Signe du moins que la chanson française a de beaux jours devant elle qui se dévoileront encore un peu plus le 23 novembre à la Dame de Canton à Paris. Ne le loupez pas.
Molly Burman : relève pop made in UK
Le Royaume-Unis a toujours eu un sens inné de la pop. L’inventant, la sublimant, déterminant ses codes pour mieux les brouiller et surtout leur donnant ses lettres de noblesse. Sur cette scène plurielle, la part de féminité est importante et variée. Pourtant une certaine aura dansante et qualitative se dégage d’artistes qui ont su frapper fort : Kate Nash ou encore Lily Allen sont de celles-là. Et un peu plus tard, sur leurs traces, voilà que débarque la boule d’énergie Molly Burman. Originaire d’une famille de très grands musiciens ( sa mère était chanteuse pour Shane macGowan, son père a joué aux coté de Paul Cook des Sex Pistols dans Chiefs of Relief), la musicienne suit leur traces tout en se construisant son propre univers. A seulement 19 ans seulement, elle s’impose de par ses notes sucrées, ses accords bien construits et son sens aiguisé du refrain. Repérée par le label Pias, signe de qualité s’il en est, elle chante son quotidien en liant une âme féministe à la dérision propre à nos voisins Outre-Manche. Renouant avec une certaine époque des années 2000, convoquant l’esprit adolescent tout en y alliant une touche de modernité, la chanteuse appelle avec sa voix calibrée et son accent qui fait plaisir aux oreilles à la suivre titre après titre. Ce décalage rétro-moderne pourrait bien devenir la bande originale de « Sex Education » tant la talentueuse Molly Burman en porte l’âme. Accessible et pointue, elle signait à l’occasion du retour des Pias Nite post Covid, une performance touchante et colorée où l’humour flirtait avec l’âme du bal et le professionnalisme aiguisé. Naïveté et danse y font si bon ménage. Une découverte à suivre de près.
Ottis Coeur : cross my heart
Un single et son clip en poche pour « Je marche derrière toi » et voilà qu’Ottis Coeur est déjà au centre de toutes les attentions. Il faut dire que le duo sait tordre les codes pour mieux les reconstruire. Loin de suivre les idées reçues, le tourbillon déchaîné emprunte à Brigitte sa symbiose et sa symétrie musicale, cassant cet esprit chanson pour créer un chant des sirènes rock où les rythmiques dominent. Alors que le premier EP de la formation verra le jour fin novembre 2021, les copines ont déjà su s’attirer les ferveurs des plus grands en figurant à la sacro-sainte liste des Inouïs du Printemps de Bourges 2021. Qualités vous dites ? Le pluriel est effectivement de mise. Outre leur sens du single instantané et leur capacité à créer des hymnes au delà des morceaux, Ottis Coeur sait aussi transmettre ses messages. Dans leur titre « Coeur à Corps », le groupe offre un vibrant dialogue à elles-mêmes évoquant le corps, cet allié que la société traite comme un ennemi dès qu’il ne répond pas aux critères de beautés qu’elle a injustement fixé. Spontanée, la joyeuse troupe offre une performance rétro-moderne où la fougue des années 90 devient l’écho d’une nouvelle génération qui frappe fort. La formation porte bien son nom tant elle touche les coeurs, parle à la tête, somme les jambes de danser. Leur sincérité fait mouche, leurs titres sentent bon les bulles de chew-gum acidulées aux couleurs pastels, qui collent au corps lorsqu’elles explosent. Impossible ici, de se détacher de leurs notes une fois qu’elles s’invitent dans les esprits. Tant mieux, puisque le duo devient addictif en quelques accords seulement. Vous voilà prévenus.
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