Fried Barry, premier long métrage de Ryan Kruger, est présenté en première européenne dans le cadre de la 26ème édition de L’Étrange Festival. Au programme, un « ET sous crack » comme le décrit son réalisateur déambulant dans les rues du Cap. Le prétexte à un miroir déformant de notre société ? Critique.
Fried Barry : De quoi ça parle ?
Au Cap, Barry (Garry Green, habitué jusque là à des rôles de figuration, comme dans Escape Game par exemple ) est un héroïnomane qui, malgré les supplications de sa femme, persiste désespérément dans la même voie. Après une violente dispute et une nouvelle injection, il est enlevé par des extra-terrestres. Un alien ayant pris possession de son corps va en profiter pour déambuler dans la ville et partir à la rencontre de cet amas hétéroclite qu’on appelle l’espèce humaine.
Fried Barry : Est ce que c’est bien ?
A la base, Fried Barry était un court métrage d’une petite dizaine de minutes montrant le fameux Barry, déjà campé par Gary Green, dans une sorte de transe ou la frontière entre bad trip et possession était bien mince. Un parti pris, une promesse pour le long métrage qui, après 57 sélections et 12 prix dans divers festivals, ne pouvait qu’arriver ! Avec plusieurs dizaines de court métrages et clips à son actif, Ryan Kruger signe pour l’occasion son premier long métrage.
Tourné sur une période d’un an et demi, la faute à une absence de moyens, le premier point qui ressort du visionnage de Fried Barry est sa qualité plastique, l’expérience de Kruger dans le filmage étant indéniable. Une autre qualité du film est sa très grande, voire trop grande, générosité. En voyant le verre à moitié plein, ce qu’on peut dire du film est qu’il regorge d’idées et des bonnes pour présenter de multiples péripéties dans lesquelles se trouvent Barry tout au long de son odyssée. Car comme l’explique le réalisateur en interview, ce coté foisonnant du récit est clairement voulu! Mais qui trop embrasse mal étreint et à force, l’un des défauts du film est que l’on peut finir par perdre le fil du récit à force d’intrigues secondaires très vite résolues. Fried Barry est une farce qui sait se faire grave mais avec un propos flou.
Ce qui est dommage, quand on voit la profondeur qu’arrive à prendre le film en dépeignant par exemple les divers interlocuteurs de Barry qui se contrefichent de son absence de réponses ou de réponses stéréotypés, l’alien le possédant ne parlant évidemment pas notre langue. Chacun fait la conversation qu’il a envie de faire sans se préoccuper de son interlocuteur… Il y aurait aussi beaucoup à dire sur cet alien qui, au final, tout au long de son odyssée fait ressortir les vices et étrangetés de chacun de ses interlocuteurs. Bref, le potentiel de Kruger est clairement là et on a hâte de voir ce qu’il nous réserve pour la suite!
Que dire de ce Fried Barry si ce n’est qu’il démontre clairement une énergie de son réalisateur impressionnante qu’il a eu du mal à canaliser mais qui a permis de livrer un premier long métrage généreux et très sympathique ! Et pour ceux l’ayant manqué, son second passage à l’Étrange Festival est prévu le 12/09 à 21h15 !