Le 6 septembre 2017, les amateurs de cinéma louffoque étaient invités à se rassembler pour la grand messe annuelle qui leur est destinée: l’Étrange Festival avec Mayhem en ouverture.
Chaque année, depuis 23 ans, l’événement rassemble au Forum des Images des Halles de Paris public et professionnels pour une bonne dose de rires, de frissons et de what the fuck?
Cette année, le festival a par ailleurs choisi de mettre la Catalogne à l’honneur et d’offrir une carte blanche à Jaume Balaguero ( le papa de « Rec », « La Secte sans nom », « Malveillance »…). L’occasion de se frotter aux étranges goûts du cinéaste ( dont « La Grande bouffe » si si vraiment) sur grand écran.
Toujours est-il que pour son opening, loin de l’Espagne, le festival lui a préféré « Mayhem » de Joe Lynch – de qui ça? du mec à qui le monde doit « Détour Mortel 2 » à quiconque répondra que c’est pas non plus un chef d’oeuvre, je répondrai ceci: un nanar affirmé vaut mieux que bien des films qui se prennent pour … Ceci vaut aussi pour les gens. Et cette scène d’ouverture était juste géniale alors un peu de respect. Bref cessons de digresser et revenons en à notre soirée.
La salle 500 est pleine, nombreux sont ceux à s’être déplacés surement comme moi d’ailleurs sans avoir cherché à vraiment savoir ce qu’ils allaient voir préférant faire confiance les yeux fermés à l’équipe de l’Étrange festival.
19 heures: remerciements, hommages: hop hop on ouvre le festival. Première partie de soirée: un court-métrage ouvre les hostilités. Intitulé « La mort père et fils » de Denis Walgenwitz, le film en stop motion dépeint les déboires du fils de la Mort qui ne veut pas reprendre l’affaire familiale. Un joli moment savamment orchestré qui ne manque pas de faire sourire la salle avec bienveillance.
S’ensuit directement après, le fameux « Mayhem ».
Au commencement était le pitch, voici donc de quoi parle l’oeuvre sus évoquée: un virus très particulier sévit dans le monde et détruit toute inhibition chez ceux qui en sont infectés. Bien qu’il ne soit pas mortel, il peut pousser les infectés au meurtre. Dereck Cho ( Steven Yeun, le Glenn de The Walking Dead), avocat ambitieux travaillant dans une énorme entreprise se fait licencier un beau matin suite à un coup monté. La journée s’annonce déjà au plus mal pour lui quand au moment de quitter les locaux de l’entreprise, le voilà mis en quarantaine avec ses anciens collaborateurs. L’occasion de plaider sa cause une dernière fois avec des arguments de poids.
A la sortie de la séance de « Mayhem » nous a été demandé de noter cette oeuvre en compétition de 1 à 10, je lui ai mis un grand 10 fièrement. Non pourtant « Mayhem » n’est pas un chef oeuvre, il ne révolutionne pas le genre, le cinéma, l’univers, son message est simple et le film n’a pas pour but de vous faire réfléchir sur le réel but de l’existence. Ceci dit bordel, ce qu’il peut être bon. Entre un « Kill Bill » et un jeu vidéo à plusieurs niveaux, le métrage complètement barré ne manque pas de faire rire, sourire à de nombreuses reprises. Preuve en a été donné à de multiples reprises dans la salle. La violence est présente, le sang en quantité mais l’oeuvre ne tombe jamais dans le gore. Fidèle à lui-même, très joliment réalisé, « Mayhem » est un excellent divertissement. D’aucuns diront surement que divertissement est un gros mot mais je ne le pense pas une seule seconde. On retrouve l’esprit barré d’un « Severance » et contrairement à mes craintes au vu des points communs du pitch, on est bien loin d’un « Belko experiment » – même si ce dernier a de très grandes qualités, ne les lui enlevons pas. Ici la privation totale d’empathie de nos protagonistes est jouissive. Souvent dans le cinéma d’épouvante, on se sent à la fois coupables et enclin à hurler devant son écran des « allez tue le!!! ».
Là pas de remords, le contexte est dingue, alors pas besoin de jouer sur le sentiment de culpabilité, vous pouvez sautiller sur vos fauteuils et crier pépouze, à l’aise. Les personnages qui plus est sont complètement caricaturaux, ils pourraient presque être tirés de dessins animés mais ceux pour adultes. Leurs défauts, leurs caractères sont de ce fait parfaitement écrits. « Mayhem » ce grand délire vous rendra forcément euphorique, vous amusera, vous fera sauter partout. Non vous n’aurez pas peur (et? on est ici à mis chemin entre l’action l’horreur et la comédie). Vous n’en ressortirez pas grandit non plus ( encore une fois et?). Vous en ressortirez avec la pêche et l’impression d’avoir un peu lâché prise face au quotidien réglé et rangé dans lequel on doit sans cesse refouler nos pulsions. Nos envies de gueuler, crier, taper du pied, baiser, frapper, insulter, se coller des pots-its sur le visage ou encore… ce qui pourrait bien vous passer par la tête. Pendant 88 minutes plus de codes sociaux, juste le chaos, un énorme et jouissif chaos à vivre sur grand écran.
Pour ne pas spoiler, il sera difficile d’en dire beaucoup plus….
Un petit bonus pour vous convaincre? La cocaïne peut se transformer en arme redoutable…
A noter également les performances jouissives des acteurs du métrage, Steven Brand, Lucy Chappell ou encore Kerry Fox.
Pour ceux qui souhaitent le découvrir sur grand écran, le film sera diffusé une seconde fois à l’Étrange Festival le 13 septembre à 15h 45.
Nos trois suggestions de séances pour l’Étrange Festival :
Game of Death
de Sébastien Landry, Laurence Morais-Lagacé
Sept jeunes passent des vacances ponctuées d’ennui, de sexe, d’alcool et de produits licencieux. Soudain, ils découvrent un vieux jeu de société intitulé Game of Death et décident de se lancer dans une partie. Mais en connaissent-ils vraiment les règles ?
Cold Skin
de Xavier Gens
Au lendemain de la Grande Guerre, un officier météorologique de l’armée est envoyé sur une île isolée en Antarctique, dont le seul habitant est un vieux gardien de phare russe. La nuit venue, ils sont attaqués par des mystérieuses créatures marines.
Replace
de Norbert Keil
Kyra découvre un beau matin que son corps dont elle prend tant soin se recouvre de plus en plus de peaux mortes. Malgré tous ses efforts, rien ne semble stopper le phénomène, jusqu’au jour où elle découvre qu’elle peut régénérer sa peau à partir de celles d’autres personnes…