Gillian Flynn, depuis que David Fincher s’est attaqué avec le génie qu’on lui connaît a adapter sur grand écran son « Gone Girl », est devenue une auteure à suivre de près. Avec seulement trois romans à son actif, la jeune romancière a su s’imposer comme une figure incontournable de la scène littéraire américaine.

Pour cause, il faut bien se l’avouer « Gone Girl » était à couper le souffle avec son retournement de situation à 360° intervenant à ce moment si imprévisible. La fan du spoiler en moi exulte un peu de ne pas pouvoir en dire plus, mais passons. Toujours est-il que l’adaptation de cette œuvre était, si on évoque le bon sens, le premier véritable thriller vu sur grand écran depuis bien longtemps. Pas besoin pour autant de vanter les mérites de David Fincher qui avait déjà donné les bases il y a de cela bien longtemps avec « Seven ». Cela reviendrait à courir dans une maison où toutes les portes seraient ouvertes pour se jeter sur ces dernières en hurlant « j’enfoonnnnceeee la porrttte ».

Toujours est-il qu’en librairie c’est bien avec un grand bandeau « Par l’auteur de  » Gone Girl » » que le livre est vendu. De quoi mettre l’eau à la bouche de lecteurs désireux de se faire retourner le cerveaux. Et en pratique en a-t-on pour les 7 euros demandés pour la petite nouvelle ?

« Maison hantée ou pas ? Personnages dangereux ou manipulations ? Ce sont à ces questions que l’auteur répond pendant 60 pages »

C’est avec un style très fluide que Gillian Flynn s’adresse à son lecteur. Notre narratrice nous invite dès les premières lignes dans le monde merveilleux de la branlette professionnelle. Si le sujet semble trash avec cette introduction sans concession, la nouvelle, elle change rapidement de décor. Notre arnaqueuse professionnelle, centrera son histoire sur sa reconversion en tant que « fausse médium » et la visite d’une cliente pas comme les autres. Cette dernière, dont l’arrivée dans le vie de notre héroïne sonne comme un nouveau départ, est aux prises à de gros tourments avec son beau-fils et sa nouvelle maison. Maison hantée ou pas ? Personnages dangereux ou manipulations ? Ce sont à ces questions que l’auteur répond pendant 60 pages. Avec aisance, la nouvelle transporte dans un univers entre paranormal et rationnel. Habitué à « Gone Girl », on se raccroche à d’éventuels retournements de situations, attendant avec ardeur de savoir où l’histoire compte-t-elle aller. S’il est dommage que certains développements se fassent avec trop de rapidité, format de nouvelle oblige, s’il est vrai qu’on aurait aimé prendre plus de temps à les découvrir, le sujet lui est des mieux traités. Et même s’il évoque les ruses d’un certain Edgar-Allan-Poe, la nouvelle a d’ailleurs remporté le prix Edgat-Allan-Poe, et n’a donc rien de l’originalité de l’histoire qui a valu la gloire à son auteur, l’histoire prend bien. Au fur et à mesure de pistes en fausses pistes, il est ce que l’on peut qualifier de très agréable divertissement. Difficile donc de le lâcher une fois la lecture entreprise. Pour un format si court, il est également important de souligner la faculté qu’a Madame Flynn à faire découvrir ses personnages et à les comprendre. La narratrice, est à titre d’exemple, particulièrement bien développée. C’est l’un des piliers d’une œuvre à caractère angoissant. Comment pourrait-on avoir peur si l’on se fout des personnages ? (Oui bonjour messieurs les scénaristes de films d’horreur, si vous pouviez mettre un post-it à ce sujet sur vos écrans hein?). Une caractéristique de l’œuvre mise en évidence grâce à la capacité de notre héroïne à comprendre les gens.

Faux semblants ou pas ? Il faut attendre la deuxième partie de l’histoire pour que ces thématiques se mettent en place.

Dans la nouvelle « Brume », Stephen King critiquait les fins trop ouvertes en s’en permettant quand même une. Une idée qu’Hollywood avait transformé en fin glaciale mais ceci est un autre débat. Ici, de nombreuses questions resteront en suspens. Ceux qui sont frustrés par cette perspective feraient mieux de préférer un autre ouvrage à ce « Nous allons mourir ce soir », les autres sont invités à débattre de ce final dans les commentaires ci-dessous. Allez, open spoilers.

 

« Nous allons mourir ce soir »- Gillian Flynn. Editions Sonatine, 2016

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