Du 20 au 27 juin 2023, le Champs-Elysées Film Festival reprend ses quartiers sur la plus belle avenue du Monde. Comme chaque année, l’évènement est synonyme de mise en avant du cinéma indépendant français et américain. Découvertes, rétrospectives mais aussi showcases en rooftop attendent les festivaliers. Cette année le festival a choisi de mettre le Girl Power au cœur de ses préoccupations à travers une série de projections ciblées. C’est aussi pour nous l’occasion de se questionner. Comment ce pouvoir féminin s’exprime-t-il au gré des œuvres projetées ? S’y exprime-t-il toujours ? On en parle.
Pouvoir et Images
En clôture « Le syndrome des amours passées » de Raphaël Balboni et Ann Sirot place la femme dans un tout autre rôle : celui de la mère en devenir. On y parle d’un couple qui n’arrive pas à avoir d’enfants jusqu’à ce qu’un médecin leur propose un protocole qui devrait tout arranger : recoucher avec toutes les personnes avec lesquelles ils ont eu des relations intimes pour débloquer le syndrome qui les empêche de procréer. Le métrage use de procédés graphiques notamment pendant les scènes de sexe pour sublimer son travail. Il mise aussi et surtout sur l’humour pour créer des situations fantaisistes et marquer son propos. Les protagonistes sont donc un couple hétérosexuel. Au sein de celui-ci, Sandra, tient une place de choix. C’est elle qui a eu le plus de partenaires, elle la séductrice à revers de ce que l’on peut souvent voir dans le cinéma qui fait passer l’homme pour le tombeur. Au delà de ça, le métrage interroge sur le statut de celle qui veut devenir mère. Comment faire table-rase du passé ? Comment ne pas s’oublier dans un processus de couple et de désir d’être parents ? Sandra est un personnage fort et sensible, elle est ouverte sur sa sexualité, à l’aise. Elle est le pilier de sa relation. La question de l’avortement y est aussi posée avec légèreté. Le pouvoir féminin ici, c’est celui que vivent beaucoup de femmes, celui d’être et d’avoir été en dehors de son couple et de cette personne qu’il faudra laisser exister en prenant un nouveau rôle : celui de mère.
courts métrages
Série
Cela fait des années qu’Iris Brey collabore avec le Champs-Élysées Film Festival. Cette année, c’est en tant que réalisatrice qu’elle franchit les portes du cinéma Balzac. Avec sa première série/réalisation, Iris Brey se veut progressiste et politique. Celle qui est connue pour ses études sur la représentation du corps féminin dans les médias propose avec Split, une vision féministe et féminine du désir. La série suit l’histoire d’amour de deux femmes, l’une ouvertement lesbienne, l’autre en couple avec un homme.
Iris Brey pose un regard critique sur la place de la femme au sein de la vision hétéronormée et souhaite apporter des nouveautés. En effet, dans Split, on voit la première scène de squirt à la télé française. Si la série n’a pas encore trouvé de diffuseur, cette simple scène pourrait bien causer à la série de basculer en -16 ans et d’être projetée à des horaires nocturnes. Il suffirait de couper la scène et on en parle plus bien sûr… mais comme le dit Iris Brey dans le documentaire Sex is Comedy d’Edith Chapin : « Ça me coûte politiquement de modifier mon œuvre ».
Showcases : le pouvoir par la musique
L’ouverture du fameux rooftop et sa vue imprenable sur l’Arc de Triomphe a d’office été l’occasion de mettre les bases. La femme sera mise en lumière cette année. Et elle sera plurielle. Ce 21 juin, soir de la fête de la musique alors que les rues sont envahies de fêtards et de DJ sets, sur les hauteurs, les coupes se trinquent et le pop-corn coule à flot. Là, Emilie Simon prend le micro. Sa simple entrée sur scène fait taire toute l’assistance. La douceur comme emprise, les notes pour instaurer le silence. De noir vêtue, la chanteuse pose ses textes en piano voix. Avec simplicité certes mais surtout avec une vulnérabilité qui frappe fort. Le moment est quasi religieux et permet de faire un tour de ses titres dont le classique « Le Vieil Amant ». Quelques paroles oubliées ne l’empêche pas de captiver les foules. Une main de fer dans un gant de velours, aidé par une expertise dans la maîtrise de son timbre atypique.
Léonie Pernet, elle aussi enivre sur le rooftop sur Publicis au court d’un DJ set bien senti. La musicienne à a prestance indéniable prend les festivaliers par la main et les invite à danser sur ses titres bien choisis. La musique est sûrement le pouvoir suprême. Léonie Pernet s’offre un tour dans le répertoire des musicien.nes qu’elle apprécie puis finit par ses propres compositions. Elle sortait l’an dernier l’un des plus beaux albums de l’album. Il aurait bien dommage de se priver de son « Cirque des consolations ».
Texto co-écrit pat Pénélope Bonneau Rouis, Adrien Comar, Julia Escudero
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