Midnight Mass : de quoi ça parle ?
Une communauté fait face à des événements miraculeux et à de sombres présages après l’arrivée d’un mystérieux prêtre.
Midnight Mass : pourquoi c’est bien ?
Le mois d’octobre est signe de bons présages pour les fans de cinéma de genre. Halloween leur permet en effet de faire le plein de métrages plus ou moins qualitatifs à visionner en masse, histoire de rendre les feuilles qui tombent un peu plus rouges sang et beaucoup moins déprimantes. Le géant du streaming Netflix l’a bien compris, proposant chaque année au cours de ces dates clés plus de rendez-vous pour les amoureux du genre que la Saint-Valentin ne pourrait en offrir. Et, fidèle comme elle peut l’être, elle a fini par s’acoquiner avec Mike Flanagan pour s’assurer d’offrir en plus, une proposition qualitative, devenue, grâce à ses abonnés, promesse de résultats fructueux. Il faut dire que le réalisateur avait habitué à l’excellence avec ses « The hunting of Hill House » et sa suite toute aussi fine « The Hauting of Bly Manor ». Bien qu’inégal avait déjà acquis ses lettres de noblesses avec une petite merveille en guise de coup d’essai et ce, sans budget, « Abstentia » puis l’incroyable prouesse « The Mirror » qui avait de quoi donner le tournis en quelques images. Facile donc de lui pardonner ses quelques sorties de pistes, j’ai nommé « Sans un bruit » et « Ne t’endors pas » qui loin d’être mauvais étaient pourtant quelques crans en dessous du lot.
Quête de Rédemption
Chacun y trouve son compte, d’autant plus que les miracles eux, pleuvent et que la Bible, citée à tout va, devient la justification à chaque action, empêchant par ailleurs les habitants de douter. Et malheur, d’ailleurs à celui qui remettrait en cause la parole divine. Pour construire son récit, Flanagan embrigade dans un premier temps le spectateur dans son discours, l’endoctrine même jusqu’à lui faire perdre la raison. Le fantastique, l’horreur est sous-jacente, non dite, si discrète qu’elle se fait oublier. Ses personnages emblématiques, ceux qui inspirent la confiance comme Erin Green (Kate Siegel déjà vu dans les « Hunting of »), sont eux-mêmes les portes-paroles de cette vision brandie. Notre réalisateur prend alors sont temps, peint son cadre, y ajoute un rythme lent, le saupoudre de dialogues tous plus fascinants les uns que les autres. L’empathie est là et lorsque la nature réelle du propos se dévoile enfin, il devient impossible de ne pas se choquer d’à quel point le croyant peut se laisser aveugler par ses croyances. Pour parfaire son propos, Flanagan oppose ses discours, le prêtre convaincu et convaincant qui parle au nouvel athée Riley, qui oppose des arguments recevables à d’autres argumentaires au court de réunions évoquant le parcours de croix du chemin de la rédemption.
Du Stephen King dans l’âme
Dans le cadre de l’horreur, il est toujours aisé de brandir la carte de Stephen King et d’accorder à chaque auteur la grâce du maître. Pourtant ce qui constitue réellement l’oeuvre du King est bien souvent oublié. Ce n’est jamais tant pourtant sa qualité à créer un mal absolu, non, mais bien sa capacité à dépeindre avec détails et précisions une communauté qui n’aura de cesse de rappeler que le mal absolu est bien humain et se cache parmi les plus écoutés. Ce « Sermons de minuit » n’aura de cesse de rappeler pour des raisons évidentes « Salem » et pourtant ce sont d’autres oeuvres qui en auront le même cheminement de « Dôme » et son sheriff en miroir avec Beverly aux « Tommyknokers » et leur prise de possession du corps et de l’esprit qui seront les plus proches de cette oeuvre. Flanagan crée ses personnages avec la même main que le maître, les rendant si détaillés qu’ils sont attachants dans leurs nombreux défauts. La comparaison ne tombe pas de nul part quand on sait que le monsieur avait brillamment porté sur écran « Doctor Sleep » (la suite de Shining) ou encore « Jessie » une fois de plus pour Netflix. Stephen King racontait que pour que l’horreur fonctionne il fallait aimer ses personnages, Flanagan en a tenu compte rendant chacun de ses apôtres parfaitement bien écrit.
Il y aura aussi pour les connaisseurs, une référence qui ne serait sans rappeler « Carrie », le livre du moins, dans son final aussi grandiose que glaçant. Et certainement aussi, à n’en pas douter dans le personnage de Beverly qui aurait bien du plaisir à discuter avec la maman de Carrie White au court d’une tea party entre extrémistes. L’ombre du King encore et toujours mais cette fois-ci clin d’oeil à sa toute première oeuvre.
Après moi, le chaos
La foi oui d’ailleurs, mais pas toutes les religions aux yeux d’une même communauté. Celle qui nous intéresse est chrétienne et le sherrif musulman est lui mis au banc. Flanagan en profite pour rappeler d’un trait de crayon fin et bien construit que l’Amérique raciste domine toujours, que la tolérance et l’ouverture d’esprit devraient être plurielles, que même là où les similitudes sont nombreuses, il est aisé de pointer les différences pour faire de l’autre un ennemi.
« Midnight mass » se déroule avec lenteur et prend le temps d’installer son intrigue, laissant toujours planer un soupçon d’angoisse sous les bons mots et les belles tirades. Il prend le temps de créer un point de non retour, une apogée sombre qui se dessine inéluctablement avec l’accord général. Son dernier acte saura, lui, satisfaire les férus d’horreur qui jusque là devront simplement s’éprendre d’une atmosphère très bien ficelée. Loin d’être un simple récit horrifique, cette mini- série est un véritable voyage spirituel dénonçant avec sophistication les défauts d’une foi aveugle sans pour autant oublier de rappeler que les croyances sont autant de liens et de besoins pour des humains qui en ont une nécessité absolu. Méfiez-vous des faux prêcheurs, n’hésite-t-elle pas à rappeler comme le fait l’excellent « Brimstone » disponible aussi sur Netlfix et que nous n’auront de cesse de conseiller.
Pour Halloween, pour les beaux jours, pour rappeler que l’horreur est l’un des meilleurs vecteurs de réflexions nourries, que vous soyez fans de genre ou non, regardez « Midnight Mass », offrez lui un esprit critique et ouvert, interrogez-vous, régalez vous en. Prenez et regardez le tous car ceci est l’oeuvre la plus aboutie de Flanagan, livrée pour vous.
Découvrez la bande-annonce de Midnight mass
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