Album après album #2. Quoi de mieux en cette période si particulière que de dédier son temps libre à la découverte ? Certainement l’une des choses les plus stimulantes de notre existence. Chercher… Découvrir… Ne pas s’accommoder à quelconque confort, mais toujours se trouver dans un état d’esprit d’ouverture au monde, d’élargissement culturel, afin de faire jaillir un sentiment de satisfaction nous donnant l’impression de nous construire en même temps que notre cercle s’élargit. Voilà ce dont nous avons tous besoin, même sans nous en rendre forcément compte. Et quel moment plus adapté que celui que nous vivons en ce moment, confinés, à l’heure où absolument tout est disponible en ligne depuis chez soi !
En cette quatrième semaine de confinement, nous revenons aujourd’hui avec le deuxième volume de notre série Album après Album, qui se propose de vous faire découvrir quelques classiques musicaux, non forcément mondialement connus mais tous habités par une magie indescriptible, un génie à toutes épreuves, une force spectaculaire. Ces albums font partie d’un juste milieu, entre évidence et confidentialité. Somme toute des classiques pour tous ceux qui voudront bien les reconnaître comme tel ! Il n’y a rien de mieux à faire en ce moment que de se laisser gagner par la découverte et la nouveauté. Il se peut évidemment que vous connaissiez déjà ces albums, mais ce n’est pas une excuse pour ne pas s’y replonger ! Posez-vous, mettez votre casque sur les oreilles ou branchez vos enceintes et laissez-vous emporter, transporter, transcender… Ce sont cette semaine deux albums dont nous aimerions vous parler :
album n°1 : CONCERT CHEZ HARRY (Nino Ferrer)
Les versions lives sont d’ailleurs primordiales dans la carrière d’un artiste, parfois même plus intéressantes que les enregistrements studios. Elles permettent de se rendre compte de la capacité d’un chanteur à jouer avec ses morceaux, à les tordre, les malaxer, les étreindre, les embrasser, les lâcher dans la nature… Rien ne pourra jamais être plus authentique qu’un artiste en cohésion totale avec sa musique et son public. C’est le cas sur cet album, où Nino Ferrer interprète ses plus grands morceaux, dont un bon nombre de classiques, d’une épatante justesse, entouré d’un chœur féminin endiablé et de musiciens hors-pair (lui-même en étant un). Le tout dans une orgie musicale aussi intense que jouissive.
L’amour du chanteur pour le jazz se fait ici grandement ressentir dans la manière d’arranger certaines de ses chansons et apporte une touche supplémentaire aux compositions déjà splendides. Avec cette prestation exceptionnelle, Nino Ferrer montre ici à quel point il est un artiste complet, grand chanteur et poète, avant d’être l’amuseur qu’on lui connaît. Concert chez Harry est une démonstration de force devant laquelle il est difficile de ne pas s’agenouiller et qui grave une ultime fois la puissance d’un chanteur et musicien aux morceaux formidables et au talent hors-norme.
2° THRAX (King Crimson)
THRAX signe donc un retour en trombe du groupe avec des morceaux tonitruants, toujours habités d’une force de composition unique, entre évidence et expérimentation. King Crimson impose son savoir-faire dans un album brouillon mais non moins fascinant. Les premiers morceaux vont droit au but en s’inscrivant dans un style particulier que le groupe se plaît à remanier selon leur identité. Guitares distordues, riffs entêtants… Tout y est. Mais à la sauce King Crimson. La suite s’envole vers d’autres horizons et pousse encore plus fort la recherche structurelle des chansons, toujours accompagnées de lourdes guitares pour la plupart. Mais Robert Fripp a plus d’un tour dans son sac et parvient à allier profondeur et gros son. Ainsi, les guitares semblent être gagnées par une certaine volupté qui leur empêche de tomber dans la caricature. Ce n’est jamais vain avec King Crimson.
Dès lors, quelque chose devient flou, imperceptible. Quelque chose nous échappe… On ne sait pas vraiment quoi mais on se laisse prendre. Les compositions semblent être sorties tout droit d’une boîte à puzzle. Ça ne ressemble à rien d’autre et c’est excitant. Pas de structures classiques mis à part sur le génial morceau « Dinosaur » duquel s’échappe un air à la Alice in Chains. Le tout forme un bon ensemble : 15 morceaux aboutis, mêlant recherche sonore, déstructuration et répétitions. Il n’y pas à dire : King Crimson a un cran d’avance sur les autres et même si leur musique semble moins parlante et évidente que certains de la même époque (que nous admirons également en toute transparence), elle transpire ici de son imposante carrure, forme musicale novatrice et inégalée. Leur musique parle moins, mais rugit tout aussi fort (ça n’a pas la puissance d’un In Utero mais tout de même). THRAX est un colosse qui est prêt à vous marcher dessus, une expérience qui vaut pleinement le coup d’être vécue.
Voilà tout pour cette semaine, en espérant que ces albums puissent conquérir votre coeur. Nous vous donnons rendez-vous la semaine prochaine pour une nouvelle sélection d’albums !
By Léonard Pottier
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