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vous êtes pas contents ? Triplé !

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      Grand petit retour cette semaine du rappeur français Benjamin Epps qui nous dévoile son deuxième EP Vous êtes pas contents ? Triplé ! Pas de premier album officiel, il faudra attendre encore un peu, mais un nouveau projet assurément bien foutu, venu placer la barre encore plus haut que le précédent. De quoi miser de grands espoirs sur l’autoproclamé meilleur rappeur de sa génération.

Cover « Vous êtes pas contents ? Triplé ! »

Une première tentative déjà exemplaire pour Benjamin EPPS

    On le découvrait l’année dernière avec son premier EP Fantôme avec chauffeur, qui laissait entendre une voix éloignée de tout ce que le rap accouche à l’heure actuelle. Puis une fois passée cette belle surprise, on s’était laissés prendre par l’ensemble. Instrus carrées allant à l’essentiel (signées Le Chroniqueur Sale) dans une ambiance hyper old-school bien appréciée, celle-ci ressentie comme un vent frais, drôle d’ironie. Maitrise d’un flow acerbe également. Epps ne sortait pas de nulle part. Derrière, il transportait une histoire. Celle du rap américain des années 90/2000, ingérée, digérée, puis libérée avec tact et intelligence dans des titres surprenants.

 

Un deuxième essai qui va droit au but

    Vous êtes pas contents ? Triplé !, titre emprunté à Kyllian MBappé qui avait lâché cette phrase dans une interview en 2018 à propos de sa position dans l’équipe de l’AS Monaco (on vous laisse aller chercher par vous-même), confirme tout ce qu’on pensait déjà d’Epps. Plus loin encore, cet EP place le rappeur à un niveau qui force le respect. Loin d’être une copie de son premier projet, celui-ci marque une avancée notable. Plus gros, plus ambitieux, tout aussi cohérent et cela au sein d’un univers pourtant bien démarqué du précédent.

Benjamin Epps dans le clip « Vous êtes pas contents ? C’est pareil » par THE NEW VISION

    Eppsito (son surnom) lâche les fauves. Lui seul les dompte, puisqu’aucun featuring n’apparaît sur ce nouvel EP.  100% Epps. Les prods sur lesquelles il pose ont plus de poigne, avec un côté rétro toujours présent, mais cette fois-ci moins appuyé et un peu plus modernisé. Cela dans l’idée de proposer un rap non pas tellement nostalgique, mais tourné vers une démarche d’emprunt à destinée d’une matière neuve. Le rappeur ne cache pas ses obsessions, et joue avec elles intelligemment. Apparaît ainsi King Jay-Z sur « Encore », Nas au niveau du titre et de l’instru de la deuxième track « Drillmatic »,  et d’autres influences davantage enracinées… Ce socle subtilement présent lui permet de se situer dans un espace singulier, et de laisser apparaître sa touche bien personnelle. Cette touche, c’est toujours sa voix et sa manière de la poser, dont il a déjà une parfaite maitrise, sonnant à la fois comme un caprice enfantin et une rébellion mâture. L’inverse fonctionne aussi : une rébellion enfantine et un caprice mature. Il y a dedans autant d’invectives que de douceur latente, comme en prouve le génial morceau « Marathon ». On y ressent une menace planante dans un rêve tranquille.

    Le reste est presque tout aussi bon, et particulièrement « Drillmatic », notre coup de cœur. Mais nous ne sommes pas surpris, puisque son Colors sorti le mois dernier annonçait déjà la couleur. Benjamin Epps révélait à l’époque le dernier morceau de ce nouveau projet, « Ce que le pips demande » et on y sentait déjà le désir de taper un grand coup, et de dynamiser le talent qu’on lui connaissait déjà. Mission réussie. Son premier album sera grand. C’est une garantie.


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