Au beau milieu de leur tournée européenne pour A Hero’s Death, reportée depuis maintenant deux ans et à quelques jours de la sortie de leur troisième album Skinty Fia, le groupe post-punk dublinois, Fontaines D.C, est passé au Bataclan pour un concert gratuit organisé en dernière minute par France Inter et présenté par Michka Assayas. Le groupe est passé la veille à l’Olympia pour un concert complet de chez complet, avant de se rendre au Supersonic pour un DJ-Set, plus tard dans la même soirée.
Mardi 12 Avril 2022, Fontaines D.C s’est produit au Bataclan, pour un concert « extra-tournée ». En 2019, lors de leur dernier passage dans la capitale, le groupe était déjà passé par la salle mythique, et avait promis à leurs fans français qu’ils feraient toujours en sorte d’y passer.
CONCERT SURPRISE POUR LES FANS FRANÇAIS
À l’intérieur, le public est assez hétérogène en terme d’âge. Il y a un peu de tout. De la vingtaine à la soixantaine. Et quand à 20h15, la salle est encore à moitié vide, qu’aucune queue ne patiente dehors, il y a quelque chose d’étrange, d’irréel. Prémonitoire du concert qui prendra place à peine 45 minutes plus tard.
À 21h et quelque, après une présentation de Michka Assayas que le public présent dans la salle n’entend pas, le groupe arrive sans trop de prétention, ni d’extravagance sur scène. Grian Chatten, le chanteur, en tournant en rond comme un poisson dans un bocal trop petit, salue la salle de sa voix rocailleuse avec un simple « hello… hello », le flegme britannique sans doute.
Le concert débute avec la chanson titre du deuxième album, A Hero’s Death, sorti en été 2020. Au bout d’à peine quelques secondes, un verre vide est lancé sur scène, le groupe ne réagit même pas. Voilà qui pense mettre le ton pour la suite du concert. Finalement, ce sera le seul, jusqu’au final.
À l’exception de quelques chansons supprimées en raison du timing, la setlist est restée la même que celle de la veille. Mais dommage, cette fois-ci, le public n’aura eu ni droit aux énormes ballons gonflables de la veille, ni à la chanson sur laquelle ils avaient été lancés, Too Real, issue du premier album, Dogrel.
La troisième chanson de la setlist, Jackie Down The Line, décrétée comme « pas bien celle-là » par un inconnu rencontré dans la foule juste avant que le concert ne commence s’avérera très bien. Comme quoi, le goût et les couleurs, ça fait parfois tache.
À CHANTEUR TAISEUX, FOULE EXTATIQUE
Ce qui est particulièrement frappant lors de leur performance c’est la gestuelle du chanteur, le silence (formulation ironique dans le contexte) du reste du groupe. Grian Chatten a le genre de gestuelle qui, si l’on a pas été prévenu, peut surprendre. Il tourne en rond, s’agrippe à son micro comme si sa vie en dépendait, tire sur son tee-shirt, traverse la scène et frappe le sol du pied de son micro.
Lors des chansons où un tambourin est de mise, il frappe sur celui-ci comme un enfant taperait sur une bouteille de ketchup presque vide, sans délicatesse mais avec obstination. Sa nonchalance se poursuit jusque dans ses interactions avec le public. Grian, très éloquent au demeurant, ne décrochera qu’à peine quelques mots entre les chansons « yeah » et parfois on a la chance de recevoir un « yeah… yeah. » France Inter sera d’ailleurs rebaptisé « the radio »
Si la communication ne semble pas être leur fort, cela semble être davantage du ressort d’une attitude, d’un style. S’ils avaient lancé des bisous à l’assistance, les larmes aux yeux, il y aurait eu plus facilement de quoi objecter. Mais ce silence quasi complet envers le public est sûrement lié au timing de l’émission car le concert ne durera que 55 minutes. Et puis en plus, ça n’a pas l’air de déranger la foule qui hurle à s’en éclater les poumons. Vers les premiers rangs, les pogo vont de bon train, des cheveux volent, des bras se lèvent, des corps s’entrechoquent, des cordes vocales s’enrayent. Cohue punk sur des airs de James Joyce. Et dans la folie collective, plusieurs personnes, simples citoyens reconvertis en rock star pour la soirée, se jettent dans la foule, pour une partie de stage diving.
UN FINAL BONDISSANT POUR UN GROUPE EN PLEIN ENVOL
Le final est tout aussi électrisant. Boys in the Better Land est d’abord annoncée comme la dernière chanson du set. Le public se déchaîne, une mer humaine et hurlante où les citoyens reconvertis en rock star sont reconvertis, cette fois-ci en poissons-volants ou sauterelles burlesques. Les verres qui avaient cessé de voler depuis la première chanson reprennent leur envol. Même un pull s’est joint à la mascarade. Grian Chatten tourne toujours autant en rond. Finalement, une dernière chanson sera jouée, A Lucid Dream. La foule est toujours aussi en forme, saute toujours autant.
Le départ de la scène est à la hauteur de l’arrivée : nonchalant et sans grande émotion. Un simple geste de la main, qui, au-delà d’être l’ultime reflet de l’identité du groupe, sonne plutôt ici comme une invitation : celle à des retrouvailles qui arriveront bien vite avec la sortie tant attendue de Skinty Fia, que l’on espère être aussi puissant que les deux albums précédents. En attendant vendredi prochain, laissons leur prendre un supersommeil après ces trois concerts parisiens supersolides desquels on est ressortis supersonnés.
écrit par Pénélope Bonneau Rouis
[Interview] Fontaines D.C : « Dans la vie de tous les jours, on est des gars très optimistes »
A l’occasion de leur premier concert depuis le confinement, qui eut lieu mercredi 07 octobre…
Idles, CRAWLER : Parental Advisory Emotional Content
Qui a dit qu’être punk et avoir des sentiments était incompatible ? Avec leur quatrième…
Orla Gartland aux Etoiles de Paris : Envolées indie rock pour les plus prosaïques
Le mercredi 6 avril 2022, la chanteuse, productrice et guitariste irlandaise Orla Gartland a illuminé…