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Ultrasound movieUltrasound, de quoi ça parle ?

En trois lieux différents, des personnages font chacun l’expérience d’étranges événements sans lien les uns avec les autres, à moins que…

Ultrasound, est-ce que c’est bien ?

Dès ses premiers instants, le réalisateur Ron Shroeder prend un malin plaisir à perdre son spectateur tout en ménageant une ambiance aussi dérangeante qu’hypnotisante. En reprenant les codes du fantastique, automobiliste en panne sous la pluie, gentil couple qui accepte de l’accueillir, il se hisse immédiatement dans les esprits un climat digne d’un épisode de « Black Mirror » ou plus anciennement de « La quatrième dimension ». Un sentiment de trouble et de flou vient parfaite ce démarrage hautement intriguant qui ne manquera pas d’amuser clairement un spectateur alors curieux de l’oeuvre qui lui sera par la suite proposé. Le piège qui va se refermer sur nos étranges protagonistes est alors tendu et laissera ensuite le spectateur tout aussi perdu qu’en besoin de comprendre. Il faut dire que le monsieur sait gérer avec brio un suspens tendu où les nombreux questionnements ne manquent pas. La curiosité est piquée à vif et il semble d’abord impossible de comprendre cette intrigue barrée et génialement menée. Qui sont ces personnages ? Que veulent-ils ? Le métrage sera-t-il même cohérent dans son déroulé ?

Il le sera sans aucun manquement d’explication. Tout vient à point à qui sait attendre alors qu’il semble impossible de comprendre les réaction et intention de chaque personnage très joliment écrit. D’abord désireux d’embrumer les esprit, Shroeder expliquera par la suite, soyez en rassuré son propos, éclaircissant tout et en ayant la finesse scénaristique de ne pas en faire un retournement de situation grandiloquent, lourd et grossier. Non tout est si bien construit que ce moment de clairvoyance n’entame en rien le plaisir qu’il est facile de ressentir face à une oeuvre qui se dévore comme un bonbon. Les liens et connexions sont logiques, les explications se distillent doucement mais avec suffisamment d’encrage pour ne pas y perdre pied. Pourtant ce ne sont pas les révélations qui manquent et l’incapacité de savoir en tout instant à quelle sauce le spectateur sera mangé.

Réalisation carré et trip à la « Black Mirror »

Ultrasound ouvertureOutre les qualité de ce méli-mélo emprunt d’empathie pour le sort de ses protagonistes, « Ultrasound » regorge d’immenses qualités de réalisation. Les décors sont soignés et travaillés, la caméra se place comme un témoin en qui on ne peut avoir confiance, chaque scène est minutieusement travaillée. Les plans précis prennent le temps d’exister dans un univers aseptisé où il est bon se perdre et se laisser berner. Le jeu d’acteur lui est sobre et efficace. Breeda Wool passe d’inquiétante à attachante tout comme Bob Stephensen passe d’attachant à intriguant. Mention spéciale à la délicate Celsea Lopez (Cyndi) qui sait immédiatement donner de la candeur à son personnage.

En plus de maintenir son propos tout au long du film, ce dernier s’amuse franchement à brouiller les pistes pour mieux les créer et dévoiler un propos sans concession sur les enjeux scientifiques, technologiques et de l’utilisation qui en est faite dans les temps actuels. Les meilleurs des intentions peuvent toujours cacher les plus sombres révélations.  Sans jamais en faire des tonnes ni se politiser, « Ultrasound » préfère être un divertissement pointu adressé à un public qui saura s’en délecter. A découvrir sans voir la bande-annonce, sans chercher à comprendre de quoi il retourne pour mieux se laisser surprendre, se perdre et être entièrement guidés corps et âmes dans une spirale infernale.

« Ultrasound » a été dévoilé à l’Etrange Festival qui se tient eu Forum des Images à Paris du 8 au 19 septembre 2021. Un évènement à ne pas manquer en cette rentrée.


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Affiche américaine d’A couteaux tirés


Dans le cadre du Club 300 d’Allociné était projeté au Forum des Images, A couteaux tirés, le dernier film de Rian Johnson, le metteur en scène de Looper et des Derniers Jedi. Au programme, une enquête façon  » Agatha Christie » convoquant un casting hollywoodien mirifique ( Daniel Craig, Chris Evans, Jamie Lee Curtis…). Un film plus « sage » pour celui qui a défrayé la chronique il y a deux ans avec le controversé Episode VIII de la saga Star Wars? Critique ( sans spoiler).

A couteaux tirés : De quoi ça parle ?

La famille Thrombrey au grand complet.
A couteaux tirés

Célèbre auteur de polars, Harlan Thrombey ( Christopher Plummer) est retrouvé mort dans sa somptueuse propriété, le soir de ses 85 ans. L’esprit affûté et la mine débonnaire, le détective Benoit Blanc ( Daniel Craig) est alors engagé par un commanditaire anonyme afin d’élucider l’affaire. Mais entre la famille d’Harlan (comportant rien de moins que Jamie Lee Curtis, Don Johnson, Chris Evans, Michael Shannon, Toni Collette, Katherine Langford et Jaeden Martell) qui s’entre-déchire et son personnel qui lui reste dévoué, Blanc plonge dans les méandres d’une enquête mouvementée, mêlant mensonges et fausses pistes, où les rebondissements s’enchaînent à un rythme effréné jusqu’à la toute dernière minute.

A couteaux tirés : Est ce que c’est bien ?

Image extraite d’A couteaux tirés, de Rian Johnson

Après le tumulte né de la réception de « son » épisode de la saga Star Wars, on avait plus trop entendu parler de Rian Johnson. Le réalisateur américain qui avait gagné en visibilité avec le sympathique et rondement mené Looper en 2012 revient avec un film d’enquête sur un meurtre commis dans une maison bourgeoise. Faux semblants. Famille richissime se déchirant l’héritage familiale. Suspects multiples avec chacun de bons mobiles. Cadre luxueux. A couteaux tirés a tout d’un Cluedo de luxe. Un simple divertissement ? Un bonbon sucré pour faire passer la pilule amère (selon certains) des Derniers Jedi? Pas seulement…

Car, encore une fois, Rian Johnson prend un malin plaisir à jouer avec les attentes du spectateur. Sans spoiler quoi que ce soit, car comme l’a si bien dit Johnson dans sa présentation du film, « don’t tell your friends who done it, because it’s a whodunit« , le film a cette qualité rare qu’il ne ressemble pas à ce que la présentation laisse entendre. Ainsi, le personnage principal du film n’est-il pas Daniel Craig, le détective Benoit Blanc, ersatz d’Hercule Poirot dont nous suivrions l’enquête pas à pas pour découvrir qui est le meurtrier d’Harlan Thrombey. Le cœur du donut  de l’intrigue d’A couteaux tirés est dans le cheminement du personnage de Marta, incarné par Ana de Armas, qui confirme le potentiel aperçu dans Knock Knock, mais qui est, de prime abord la moins « connue » du casting pléthorique du film. Ainsi, même les personnages secondaires des plus jeunes membres de la famille Thrombey sont incarnés par Katherine Langford ( inoubliable Hannah Baker de 13 reasons why) et Jaeden Martell ( le Bill Denbrough enfant dans la nouvelle saga Ça ).

Ponctué de nombreux rebondissements, baladant le spectateur de statu quo en statu quo en le prenant constamment à contre-pied et usant savamment de l’humour ( on ne « sort » jamais de l’intrigue pour autant), A couteaux tirés est une franche réussite. En détournant les codes du « whodunit » pour mieux les sublimer, le film surprend agréablement par sa finesse et son aspect plaisant.  De plus, Rian Johnson, se faisant plaisir, réussit à glisser deux-trois piques à l’Amérique de 2019 clivée irrémédiablement entre Démocrates et Républicains pour mieux renvoyer toute cette famille richissime dos à dos concernant l’hypocrisie de leur rapport de classe envers l’extérieur. Enfin, une dernière petite flèche du Parthe glissée sur la vacuité de s’attacher autant à la notion d’héritage, comme un message adressée aux nombreux haters lui étant tombé (injustement) dessus après l’Episode VIII achève de nous convaincre d’avoir passé un excellent moment avec un thriller drôle, rythmé, plaisant et excellemment interprété. Un agréable moment proposé par Rian Johnson avec sa partie de Cluedo de luxe !