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Crédit photo : Louis Comar

Comme le temps passe vite. Quinze années nous séparent de la sortie de « Inside In / Inside Out ».  Déjà. De quoi se demander ce qui a bien pu se passer entre temps. Pour la bande de Luke Pritchard, beaucoup de choses, des albums, une vie de bébés rockeurs et aujourd’hui des bébés tout court, dont un premier pour le leader de la formation. Surtout l’année dernière, un nouvel opus bien plus lumineux qu’à l’accoutumée : « 10 Tracks to Echo in the Dark ». L’occasion donc de s’offrir une tournée pour célébrer tout ça. Parmi les dates programmées, une parisienne à l’Olympia reportée d’un an pour un motif que l’on connait maintenant trop bien : le Covid. Retour sur un moment de douce nostalgie dans un papier qui manque profondément d’objectivité, quand on aime après tout c’est pour la vie.

Ce samedi 18 février, l’Olympia est complet et prêt s’infuser une belle dose de souvenirs par les oreilles qui viendra toucher droit au cœur. Pour cause, la soirée promet d’être belle et de passer, comme les années, nous le disions plus haut, bien trop vite. Les lumières s’éteignent, la salle est emplie de bienveillance et notre chanteur débarque en solo sur l’inoubliable « Seaside ». Une ballade en entrée pour un groupe de rock ? Choix osé et rare puisque les copains ont tendance à préféré le gros singles qui claquent pour dire bonjour. Mais voilà un choix judicieux, déjà parce qu’il permet à l’Olympia de commencer à chanter en chœur dès les toutes premières notes de la soirée. Aussi et surtout parce qu’il est également le tout premier morceau à figurer sur l’épique premier jet de notre formation chouchoute. Seul armé d’une guitare et de son tee-shirt blanc, sourire aux lèvres, Pritchard sait qu’il parle à une assistance conquise et acquise à sa cause. L’instant permet un retour en arrière, ses boucles brunes dans les yeux rappellent bien des souvenirs. Mais où sont donc nos perfectos et nos slims ? D’ailleurs le groupe compte bien, comme il l’expliquera, donner la part belle à son album culte. Et pour se faire le voilà qui y consacre la première partie de son set, en jouant dans l’ordre les sept premiers titres qui le composent.

L’installation scénique est simple mais belle, les lumières propres, les musiciens habitués à se produire ensemble. « See the World » se pose logiquement en seconde position. Plus dansant évidemment, plus rock, aussi plus représentatif d’une certaine époque britannique qui avait bien touchée la France et était représentée chez nous par les BB Brunes. Les Kooks étaient d’ailleurs parmi les plus talentueux de ces déambulations musicales qui sentaient autant les premières cigarettes que les premières bières, les Ray Ban, les amours foudroyants et le rock lancinant. Au milieu de ces paroles connues, difficile de ne pas pardonner les erreurs, les moments moins justes du chant de Luke Pritchard par exemple qui ponctuent la soirée. « Ooh La », l’un des titres les plus connus du combo vient donc se placer rapidement dans le set. La foule chante plus fort que le meneur qui s’approprie l’entièreté de son espace scénique avec une confiance palpable, l’habitant d’un bout à l’autre. Chacun.e évoque un joli manteau et le monde comme un endroit qui mâche et recrache les jolies filles. Le frontman reste avare en paroles, il s’adressera à la foule certes, mais relativement peu pour mieux laisser places à ses compositions.

The Kooks - Olympia Paris 2023

Connexion vers le futur

Avant de faire un saut dans le temps pour mieux se concentrer sur son dernier né, le groupe s’offre un crochet par « She Moves in Her Own Way ». Sommes-nous nous aussi venu.es au show pour se raconter notre journée ?  Plutôt, notre passage de l’adolescence à l’âge adulte. Le titre est étiré en live et son dernier refrain est interprété encore une fois, de façon à en profiter plus longuement. L’introduction idéale en sommes. The Kooks a toujours eu un rock propre, une promenade portée par une voix qu’on connait maintenant par cœur, qui fait autant partie d’un référentiel commun et d’une histoire personnelle que l’odeur des gâteaux d’une grand-mère. La foule ondule donc doucement, sans débordement, la fête est douce. A priori avec l’âge adulte la bière a toujours le goût de l’Heineken, elle n’en a juste plus le prix (mais ça c’est de la faute de la salle).

L’âge adulte il est d’ailleurs temps de s’y plonger pleinement. « Connexion » et « Cold Heart » se succèdent rapidement pour montrer l’évolution des Kooks. En perdant ce côté glandeur désabusé, le groupe a largement changé de registre. Ce nouvel opus garde l’âme de compositions passées avec l’envie bien plus présente de créer un banger, de raconter une autre histoire. « Connexion » s’offre d’ailleurs des envolées lyriques sur son refrain chaleureux. Il faut admettre que le tout fonctionne mieux en live que sur album, porté par une euphorie collective.

L’âme des premiers albums plane toujours au dessus de l’Olympia. C’est ainsi que « Konk » se verra quand même offrir quelques titres, l’immanquable « Always where I need to be »  puis le très efficace « Do You Wanna » et sa sensualité qui évoque toujours le fantasme d’un club londonien au sol qui colle et aux open mics de qualité.

Crédit photo : Louis Comar

On ne l’a jamais caché le temps passe trop vite, à toute allure, il laisse sa marque et sa chaleur, l’impression de moments que l’on souhaiterait retenir mais qui fuient. Voilà donc venu le temps du rappel. L’occasion pour le groupe de s’offrir une petite reprise de David Bowie, « Rebel Rebel » avec l’aide de sa première partie : Stone. Un classique efficace avant de finir sur l’incontournable et évident « Naive ». Et si la naïveté de l’an 2006 n’est plus de rigueur en 2023, qu’il fut bon s’y vautrer quelques heures ce soir.


Luke Pritchard

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Duo – crédits photo : Josh Kern

Luke Pritchard, vous le connaissez déjà puisqu’il s’agit du chanteur du célèbre groupe de rock britannique The Kooks. Marié à la sublime et talentueuse Ellie Rose, le musicien décide en 2020 de se lancer dans un tout nouveau projet en couple cette fois, baptisé DUO. Le 18 décembre ces amoureux fous dévoilaient leur premier album, une ode poétique et rock à la pop française à la cinématique encrée, aux guitares élégantes et à la sensualité à fleur de peau. Un jeu de séduction en musique magnifique, coup de coeur d’une fin d’année qui avait besoin de faire rêver. C’est sur Zoom, au réveil avec un thé chaud dans la main que le charmant couple a donné rendez-vous à l’équipe de PopnShot, deux ans après une rencontre parisienne avec le leader des Kooks. Un moment pour parler de musique, d’industrie musicale et de ses abus de pouvoir, de culture, de crise du Covid, d’amour et de scène française. Interview.

PopnShot : Bonjour, comment ça va ce matin ?

Luke Pritchard: Très bien et vous, c’est une belle matinée froide ici à Londres et à Paris ?

PopnShot : TouT va bien, nous n’avons plus besoin d’utiliser d’attestations de déplacement pour sortir en ce moment c’est déjà un début …

Luke Pritchard: Des attestations ? Vous avez un rationnement avec un nombre d’attestations limitées par jour c’est ça ?

PopnShot : Non pas du tout, on jure juste sur l’honneur qu’on sort pour une bonne raison.

Luke Pritchard et Ellie Rose: Vraiment ? (rires)

PopnShot : Mais revenons plutôt à l’actualité qui nous intéresse aujourd’hui, celle de la sortie de votre tout premier album. « Duo » est sorti en deux temps, un premier Ep, puis un second et enfin l’album constitué de ces deux entités. Comment le décririez-vous ?

Ellie Rose : Nous voulions créer une histoire d’amour en trois partie. le premier Ep regroupe les premiers morceaux que nous avons écrit. Globalement lorsque nous nous sommes rencontrés. le second a été écrit un peu plus tard alors que l’album lui a été fini durant le premier confinement.Ce sont les trois étapes de notre relation amoureuse.

PopnShot : Comment ça marche de travailler en couple ? Est-ce que vous vous compléter sur la création ?

Luke Pritchard: Parfois oui. C’est quelque chose que je recommanderai à n’importe qui de travailler avec son partenaire.

Ellie Rose: moi pas (rires).

Luke Pritchard : Il y a des hauts et des bas mais la musique est une expérience psychique de haut niveau donc quand on travaille là-dessus ensemble ça vous rapproche. Evidement on a des moments plus compliqués mais dans l’ensemble on s’est beaucoup amusés.

PopnShot : Si vous deviez vous décrire mutuellement avec un morceau de n’importe quel artiste, lequel choisiriez-vous ?

Luke Pritchard : « I’ll be seeing you » ( de Françoise Hardy et Iggy Pop Ndlr) parce que c’est un standard et un classique du jazz.

Ellie  Rose: Et j’aime Velvet Underground « I’ll be your Mirror ».

On a voulu parlé de ces hommes terrifiants de l’industrie musical et leur dire de partir.

PopnShot : Pour cet album vous vous êtes inspirés de la musique française des années 60. Pourquoi cette période artistique vous a-t-elle cette importance pour vous ?

Ellie Rose : Le pourquoi est une bonne question. Je pense que nous aimons l’aspect théâtral et décadent de cette période. On écoute beaucoup de Françoise Hardy, de Jane et Serge … Je pense aussi que la musique est très liée avec les films et que la pop française des années 60 a une belle esthétique qui fait rêver.

Luke Pritchard : Les arrangements y sont décadents et luxueux mais ils sont amusants, invitent au jeu. C’est une chose que nous aimons tous les deux dans cette scène. On s’est aussi inspirés de la scène française moderne qui a beaucoup de niveaux d’écriture.

Ellie Rose : Oui, les français le font mieux!

PopnShot : Vous avez un morceau intitulé « Lolita, no ». En France, la chanteuse Alizée chantait un morceau qui s’appelait aussi « Moi…Lolita » et comme France Gall quand elle chantait «Les sucettes à l’anis », elles étaient de très jeunes-filles qui ne comprenaient pas le caractère sexuelle des paroles qu’elles chantaient. Musicale on a souvent joué sur ce paradoxe sensualité, naïveté. Est-ce également une forme qui vous intéresse ?

Ellie Rose : La chanson d’Alizée est en fait l’une de mes chansons préférées (Luke la chantonne Ndrl). Le clip c’est un peu comme emmener sa petite soeur en boite et c’est tellement cool. Mais notre titre à nous est moins une histoire de candeur sexualisée puisque je ne suis plus une adolescente et aussi parce que c’est une histoire inversée. C’est d’ailleurs pour cette raison que Luke dit « Lolita, no ». C’est l’opposée de ce type d’histoires.

PopnShot: Cette fois c’est la femme qui domine …

Ellie Rose : Exactement, c’est moi qui prend le dessus et qui rejette Luke.

on a été maltraités par certaines personnes et ça nous fait du bien de pouvoir sortir au grand jour et d’en parler en musique.

PopnShot : Est-ce que ça fait écho aux mouvements féministes actuels ?

Ellie Rose : Honnêtement ça parle de l’industrie musicale. J’ai grandit dans cette industrie, j’y suis depuis que je suis très jeune. Et quand on s’est rencontrés avec Luke nous étions à l’opposé. Si j’entrais dans une pièce les choses se seraient passées très différemment que lorsque Luke entrait dans une pièce remplie de professionnels de la musique. On a voulu parlé de ces hommes terrifiants de l’industrie musical et leur dire de partir.

DUO
pochette d’album de « DUO »

PopnShot : La première chanson de l’album « Don’t Judge » est supposé être un doigt d’honneur aux personnes qui jugent, qui critiquent, c’est également l’ouverture de l’album. Que pouvez-vous nous dire sur ce titre ?

Luke Pritchard : Les paroles de celle-ci ont été écrites par Ellie. Et c’est un peu dans le même esprit. Lorsque l’on s’est connu notre couple n’a pas vraiment été soutenu par les gens autour de nous, on se sentait exclus. Cette chanson peut parler à beaucoup de monde, ça peut parler d’un coming out homosexuel par exemple. Ce titre est un mantra qui dit aux gens de se mêler de leurs affaires.

Ellie Rose : Et puis on a été inspiré par beaucoup de nos rencontres. On rencontrait des gens, on leur décrivait ce qu’on ressentait. J’ai par exemple parlé à un ami gay qui m’a dit ‘je ressens la même chose’. Lui aussi ne veut pas qu’on le juge.

Luke Pritchard: Les paroles que se soient les refrains ou les couplets jouent sur la perception des gens. On leur dit qu’ils devraient s’intéresser plus à leur propre vie. C’est une forme de combat, on a été maltraités par certaines personnes et ça nous fait du bien de pouvoir sortir au grand jour et d’en parler en musique. Mais on a aussi fait cet album pour nous, pour s’amuser.

PopnShot : Vous avez un titre intitulé « The French House » qui est aussi le nom du pub dans lequel vous vous êtes rencontrés. Est-ce que ce titre est particulièrement intime ?

Ellie Rose : Cette chanson parle de chercher sa moitié.

Luke Pritchard : Faire des choses banales devient particulièrement beau quand on est amoureux. Mais oui on s’est rencontré dans ce petit pub qui s’appelle le French House, un endroit très sympa. Ils ne servent que des demis de bière, ce qui est très sophistiqué puisque les pintes deviennent chaudes avant d’avoir pu les boire en entier.

Ellie Rose: On n’a même pas pu y entrer en fait. Le lieu était tellement plein qu’on s’est retrouvé devant. On est resté dehors (rires). Mais la devanture est vraiment jolie, bleue et ancienne.

Luke Pritchard : C’est là que j’imagine que l’on se retrouvera quand on sera morts. C’est morbide (rires). Notre musique a vraiment été inspirée par la scène française donc c’est un beau moment, un clin d’oeil sur l’album.

que le gouvernement aille se faire foutre, les gens veulent de la musique dans leur vie!

PopnShot : Cet album est une grande lettre d’amour. Finalement qu’est-ce que l’amour pour vous ?

Luke Pritchard : C’est aussi difficile à décrire que la vie je pense.  Mais tu sais le reconnaître.

Ellie Rose : C’est quelqu’un qui sort les poubelles pour toi.

Luke Pritchard : C’est le boulot des hommes selon elle.

Ellie Rose : Non ce n’est juste pas mon boulot.

Luke Pritchard : C’est surtout se préoccuper plus d’une personne que de soi-même. Mais c’est très profond, il y a beaucoup de formes d’amour. C’est une question complexe.

PopnShot : La crise du Covid est une véritable catastrophe pour l’industrie culturelle et en particulier musicale en France, comment vivez-vous ça au Royaume-Unis ?

Ellie Rose : Des choses tristes se sont passées cette année, pour nous comme pour tout le monde mais nous avons eu beaucoup de chance parce qu’on vit ensemble, que nous avons fait un album. C’était une chance pour nous comme pour notre entourage puisque nos proches étaient impliqués dans la conception de l’album. Ça nous a tenu occupés et c’est d’autant plus important alors que l’industrie musicale souffre beaucoup. Et pour toi Luke ça t’a permis de faire une pause dans des tes tournées …

Luke Pritchard : C’est un congés sabbatique forcé. C’est très triste de ne pas jouer en live, de ne pas pouvoir écouter de musique en live. On voudrait tourner pour promouvoir notre album mais d’un autre côté on a été tellement entourés. Il y a tant de gens qui ont voulu se joindre à nous, nous aider. L’album s’est conçu comme un patchwork, on avait 4 titres avant le premier confinement. Mais ce confinement nous a forcé à écrire l’album. Malgré tout on aimerait que le gouvernement soit plus présent, nous aide plus. Je ne sais pas si c’est pareil en France mais ici on a un problème profond avec le gouvernement qui n’aide pas les arts. Et c’est un très mauvais message à envoyer aux gens puisqu’ils ne se contentent pas de ne pas aider l’art financièrement, ils disent que l’art ne sert à rien. Moi je pense qu’il compte tellement et que c’est important de se le rappeler … Avec tout ça, qu’ils aillent se faire foutre, les gens veulent de la musique dans leur vie. HAHAHAH


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