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A défaut d’avoir pu organiser une édition classique du prisé festival parisien Rock en Seine, les organisateurs se sont débrouillés pour permettre à ceux à qui le rock avait trop manqué de pouvoir vivre de belles soirées aux côtés des talents émergents du club Avant Seine. Complet en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, l’évènement a même été déplacé dans une salle à plus grande capacité (Le Bridge) que prévu initialement (Le Flow) afin de satisfaire le grand nombre. Nous étions présent pour cette deuxième soirée à la programmation plus que prometteuse.

November Ultra, un show intimiste et poétique

19h30, les lumières s’éteignent, le public parti en quête d’une bière se rapproche de la scène tandis que November Ultra entre sous les applaudissements. La jeune chanteuse salue son audience, émue de cet accueil chaleureux et débute son set seule avec son clavier et sa guitare. Dès les première notes, le public comprend pourquoi November Ultra est un talent émergent: sa sublime voix envoute et enchante le Bridge en un instant. Sa pop douce et personnelle conquit autant que les moments que prend la musicienne pour interagir avec son audience. Elle est très fière et surtout très émue d’être présente ici ce soir. Malgré quelques petits problèmes techniques, November Ultra ne perd pas pied et propose même une interprétation a capella imprévue d’une belle chanson espagnole. Après des derniers remerciements chaleureux et sincères, l’attachante musicienne termine son passage avec son titre far « Soft and Tender » que le public reprend en cœur. November Ultra est si émue qu’elle n’en parvient presque plus à chanter et annonce qu’elle se sent « comme Ariana Grande ». Elle quitte un Bridge conquis et attendri sous un tonnerre d’applaudissements pour laisser la place aux Oracle Sisters.

Une sympathique parenthèse folk avec les Oracle Sisters

Place maintenant au trio franco/finlandais (et autre ?) de folk Oracle Sisters. Les musiciens accompagnés d’une claviériste et d’un bassiste proposent une musique plaisante et rythmée, parfaite pour clôturer les grandes vacances. Des titres ensoleillés se suivent et ravissent une audience attentive qui commence à danser. Le set des Oracle Sisters est ponctué des titres de leurs deux EP (Paris I et Paris II) ainsi que d’une de leurs dernière sortie. Le groupe fait monter la température d’un cran bien que leur performance s’essouffle légèrement en fin de set. Les Oracle Sisters ont été appréciés par l’audience et laissent la scène après 40 min agréables en leur compagnie.

Puis « Sur la Vague » se transforme en tsunami avec Lulu Van Trapp

Il n’y a pas à dire, le groupe de pop-rock Lulu Van Trapp était vraiment très attendu ce soir. Et cela se comprend pleinement. La fosse est déjà plus dense alors que les dernières notes de « Walk Away » des Franz Ferdinand résonnent dans la salle. Les Lulu entrent sur scène et débute leur set par Brazil, une pépite rock 80’s de leur superbe LP I’m not here to save the world. Les premiers pogos se dessinent dans la foule et les titres du groupe sont repris en cœur par une bonne partie de l’audience. Les membres de Lulu Van Trapp ont une prestance scénique exceptionnel à laquelle le public du Bridge est tout à fait réceptif. Les différents morceaux de leur album sont accueillis à bras grands ouverts et les Lulu n’hésitent pas à faire chanter le public sur leur génial single Les mots d’amour. Sur la Vague a très chaud et l’audience est ravie. Les musiciens le sont aussi: Rebecca la chanteuse s’invitent dans les premiers rangs sur l’énergique Lulu et participe avec entrain aux pogos. Le jeu de scène de la frontwoman fait effet mais ses acolytes ne sont pas en manque, tous assurent le show à merveille. Lulu Van Trapp termine son set par la très belle Prom Night qui prend une ampleur bien plus conséquente en live. Le public est survolté et est définitivement tombé sous le charme de cette performance et des musiciens de Lulu Van Trapp. Le Bridge est plus qu’échauffé, il est temps d’accueillir la tête d’affiche de la soirée.

 

MNNQNS et son punk rock clôturent avec brio cette deuxième soirée de Sur la Vague

Le groupe français n’est plus a présenté. La preuve, certains membres du public portent leur merchandising. Membre du Club Avant Seine il y a quelques années, c’est une chance que nous avons de les avoir pour le clap de fin de cette soirée. Vous l’aurez compris, MNNQNS est très attendu ce soir. Les rockeurs sont à peine rentrés sur scène que les disto et les gros riffs de basse se font déjà entendre. Une petite troupe d’irréductible pogoteur dans les premiers rangs prennent plaisir à danser au rythme des titres du groupe. If only they could, interprétée dès la deuxième position met définitivement le feu à la fosse, et cela ne s’arrêtera d’ailleurs pas. Les musiciens sont habitués à la scène et proposent une performance des plus punk. Lorsque les riffs énervés n’habillent pas le concert des MNNQNS, se sont des interludes noisy/psychés qui viennent élever cette leçon de rock. Sur Idle Threat (composé avec leurs amis des Psychotic Monks) les musiciens sont déchainés mais il faut attendre l’ultime titre de leur set pour qu’Adrian (chant et guitare) traverse la foule pour débuter un voyage déchaîné. Pogos, puis slam pour finir par terre devant la scène tandis qu’un homme du premier rang s’est pris un coup malencontreux du guitariste et que le bassiste s’est hissé en haut des enceintes. Sueur, sang, bière et rock’n’roll ; qu’attendre de plus venant de MNNQNS ?

Une belle réussite pour Sur la Vague et ses talents émergents

Cette soirée fut sans surprise, très réussie. Les talents émergents du club Avant Seine portent bien leurs noms et méritent davantage de visibilité. Ils ont chacun su conquérir une audience en soif de musique et de rock. La soirée organisée par Rock en Seine était un parfait substitut à l’absence du festival parisien et a permis la découverte en live (ou la découverte tout simplement) de musiciens talentueux et de leurs univers. Nous sommes impatients de pouvoir les retrouver à l’occasion d’autres concerts mais aussi de voir ce que Rock en Seine nous propose pour sa prochaine édition, qui sera nous l’espérons aussi bonne qu’étaient les musiciens ce soir.


Traditionnellement, le week-end est toujours plus calme  que les autres jours au Printemps de Bourges. Cette édition 2021 ne déroge pas à la règle. En ce samedi ensoleillé, pas d’Inouïs au programme, le festival donne rendez-vous aux festivaliers à partir de 16h.

Pour les professionnels, un petit espace, le French VIP, résiste et propose quelques showcases tout au long de l’après-midi. À 14h30 c’est donc Alice Animal qui ouvre ce 5e jour de festival. Dans la chronique de son nouvel album Tandem, nous disions « impossible de ne pas penser que la musique d’Alice Animal mérite d’être vécue en live. ». Ce n’étaient pas des paroles en l’air. L’artiste propose au public un beau moment de musique live et une interprétation fidèle de son album. Sa guitare et son look  aident l’audience à s’immerger pleinement dans son univers rock. La voix puissante d’Alice Animal et son énergie débordante sont les ingrédients qui composent la réussite de son show. Il est d’ailleurs difficile de quitter ce concert sans garder en tête des titres comme « Tandem » ou encore celui qui conclura la set-list : « Tes éléphants roses ».

Toujours à l’espace French VIP, un autre concert attend les quelques professionnels et médias présents sur le festival. C’est la jeune chanteuse Ferielle qui vient interpréter ses titres. L’artiste émergeante en est seulement à son deuxième concert et une forme de réserve se dégage de ses premiers instants sur scène.  Pourtant, à mesure que les minutes passent, son épanouissement est visible et elle distille des titres solaires parfaitement adaptés à l’esprit festival. Son dernier morceau, parle d’un sujet qui la touche : ses cheveux. Cette chanson très rythmée et accompagnée d’une chorégraphie, permet d’aborder au travers ce prisme, le sujet du consentement, un message  important à faire passer pour elle.

Parce que le Printemps de Bourges ne se déroule pas que sur les bords de l’Auron, c’est au théâtre Jacques Coeur que se déroule la suite des festivités. Dans un cadre somptueux, face à une salle comble, le chanteur français Petit Prince vient défendre ses titres et son nouvel album « Les plus beaux matins ». Sa psyché-pop chantée en français dégage une ambiance lunaire dans le public. La douce voix du musicien fait résonner chacune de ses paroles entre les murs du théâtre. Comme le protagoniste du livre qui lui donnera son nom de scène, Petit Prince, dévoile des morceaux où candeur et naïveté s’additionnent. Pour ses textes, il puise son inspiration dans le quotidien, son chien par exemple à qui il dédiera une ode à fleur de peau sur scène : « Chien chinois ».   Dans un univers bien à lui, l’artiste propose une chanson inédite, « Qui n’est pas encore complètement terminée », avec une message qu’il juge universel . Il décide d’y parler de « son moi du futur », de ce qu’il lui dirait, ce qu’il lui demanderait, il exprime une réelle réflexion sur notre volonté à connaître l’avenir.  Mais peut-être, explique-t-il préfèrerions nous ne pas savoir ? C’est ce qu’il détaillera d’ailleurs dans l’interview qu’il nous a accordé juste après son concert.

Pour terminer cet avant-dernière journée de festival, le Printemps de Bourges a mis à l’affiche le  rap français avec des concerts de Georgio et PLK. Il faut dire que chaque année à Bourges, le samedi, la jeunesse est à l’honneur et la soirée est consacrée aux artistes qu’elle affectionne. Printemps particulier ou pas, la règle est encore respectée cette année. Le show de Georgio au Palais d’Auron a retourné la salle. Littéralement. Le public et l’artiste ont fait fi des règles sanitaires pour vivre un concert comme avant. La foule est compacte, les pogos sont là.  Invités à le faire par le chanteur, le public se rue dans la fosse, les chaises ne leur posent pas de problèmes, elles volent tout simplement au dessus d’une foule qui slam, pogote, danse et crée maintenant des circle pits. Et les chaises s’envolent. Lorsque PLK débarque à son tour sur scène, la salle est transformée.

C’est dans une ambiance survoltée que le jeune rappeur lance les festivités L’artiste a su se fédérer une véritable troupe d’aficionados et déchaîne les passions. La preuve la foule en émoi, portable rivés face à la scène pour diffuser sur ses réseaux sociaux la preuve qu’elle se trouve au fameux concert. D’aucun pourrait douter des qualités musicales du performer, puisque sa composition reste plutôt simpliste, mais personne ne saurait remettre en cause sa capacité à galvaniser une foule. Après des mois de restrictions, il est fascinant de voir une fosse à nouveau vibrer à l’unisson. L’intensité est telle que quelques minutes après le début du concert, il faut l’arrêter pour sortir une personne ayant fait un malaise de l’assistance.  La soirée se termine sur l’un de ses récents titres « Petrouchka » qui est repris en cœur tel un hymne par la jeune audience en sueur. Le respect des gestes barrières n’est pas là, le festival n’aura pas pu lutter contre une jeunesse déchaînée, en manque de vie.

Le dimanche est, sur le papier, plus tranquille. La moyenne d’âge de la salle n’est pas la même non plus. Pour les deux derniers concerts de cette semaine festive, ce sont Alain Souchon et Tryo qui viennent enflammer le Palais d’Auron.

Du haut de ses 77 ans, le chanteur originaire de Casablanca regorge d’énergie et se déhanche pendant les 60 min de concert qui lui sont accordées. Il débute son show avec le célèbre « Allo maman bobo » repris en coeur par la foule, lançant parfaitement les hostilités. Entre quasiment chaque titre, Alain Souchon prend le temps de parler à son public, de lui raconter des anecdotes et de plaisanter sur ses fils Ours et Pierre Souchon. Ses deux enfants le rejoignent d’ailleurs sur scène pour interpréter un titre. Les trois hommes sont particulièrement ravis de partager ce moment ensemble. Même Roseline Bachelot, présente pour le concert, a semblé apprécier le cet instant.

Pour terminer la représentation, l’artiste et ses musiciens jouent le très connu et fédérateur « Foule Sentimentale ». Dès les premières notes la salle se lève et quelques personnes se dirigent vers le devant de la scène, entrainant le reste du public avec eux. C’est donc dans une grande communion que monsieur Alain Souchon clôture ce très beau concert.

 

Alain_Souchon-Printemps_de_Bourges-2021
Photo : Louis Comar

L’heure du dernier concert arrive pour les festivaliers et c’est avec Tryo que le Printemps de Bourges a décidé de terminer cette semaine riche en musique. Le groupe aux fortes influences reggae a pour mission de partager sa bonne humeur . La formation fait même l’honneur au public d’inviter Gauvin Sers le temps d’un morceau.

Tryo-Printemps_de_Bourges-2021
Photo : Louis Comar
Tryo-Printemps_de_Bourges-2021
Photo : Louis Comar
Tryo-Printemps_de_Bourges-2021
Photo : Louis Comar

L’humeur est bon enfant sur scène comme dans le public du début à la fin du show . Lorsque les dernières notes résonnent, c’est avec une certaine émotion que les festivaliers du Palais d’Auron se dirigent vers la sortie, disant au revoir à cette édition 2021 du Printemps de Bourges, si particulière. Dans les têtes un seul mot d’ordre : qu’il était bon de se retrouver !

Les organisateurs ont réussis leur pari d’organiser le festival en pleine crise sanitaire, ils ont fédéré les gens autour de la musique. Et le public a répondu présent par son nombre et sa motivation à s’amuser pendant cette semaine de juin.

 


San Salvador live at La Villette Sonique 2021
Crédit photo : Louis Comar

Nous sommes fin mai. Après des mois de disette, la reprise des concerts pointe le bout de son nez. Nous avions même le choix en ce samedi 29 mai : d’un côté le concert test d’Indochine à Bercy et de l’autre La Villette Sonique dans le parc de La Villette.

 

C’est donc dans le 19e arrondissement que nous nous rendons pour assister à la deuxième session de concerts de l’après-midi. Après avoir versé une petite larme en passant devant le Zénith puis le Cabaret Sauvage, nous arrivons devant l’entrée du Jardin des Iles où attendent déjà beaucoup de monde. En arrivant devant la scène nous découvrons les cercles blancs, dessinés sur la pelouse, où nous allons devoir rester sagement assis pendant toute la durée de concert.

 

San Salvador, entre contes et musique :

 

Pour débuter cette session de concerts, les corréziens de San Salvador se présentent devant nous. Leurs chants sont là pour parler des histoires de leur région et de ses habitants. Ce ne sont pas donc de simples musiques, mais des vrais contes que l’on découvre sous le soleil de La Villette. Il est toutefois important de souligner le fait que nous ne comprenons pas les paroles des chansons, il est donc plutôt compliqué de suivre ces histoires. Heureusement pour nous, Gabriel l’un des six membres du groupe, prend le temps de nous expliquer les textes entre chaque morceau. Cela nous permet de sortir du cadre exclusivement musical et de faire travailler notre imagination. Certains titres sont longs pour nous laisser apprécier tout le récit, comme celui de « La Liseta », une histoire d’amour de plus de 10 minutes.

Musicalement, la prestation du groupe fonctionne très bien. Le chant est très bien maîtrisé et harmonieux, et il se lie parfaitement aux percussions qui viennent rythmer les morceaux en leur donnant une dimension magistrale. Ce sont d’ailleurs ces sons de Tom Bass qui mettent l’ambiance dans le public. C’est ainsi que les derniers morceaux du sextet sont accompagnés par les applaudissements de l’audience. Il est clair et net que nous aurions voulu nous lever pour danser, mais il faudra attendre l’évolution des mesures sanitaires pour cela…

La prestation de San Salvador sur la scène de La Villette Sonique se termine donc en beauté sur « La Grande Folie ». Cette agréable découverte lance parfaitement cette saison de concerts estivaux.

 

 

La parenthèse enchantée Frànçois and The Atlas Mountains :

 

Le soleil commence à baisser mais nous sommes toujours sous ses rayons, assis dans l’herbe, pinte de blonde à la main. La pop légère de Frànçois & The Atlas Mountains vient parfaire cette après-midi pour notre plus grand bonheur, et surtout celui de nos oreilles.

Le groupe commence son show avec son titre « Coucou » pour nous dire bonjour. Le chanteur nous reprochera d’ailleurs à la fin de la chanson de ne pas lui avoir répondu. Erreur que le public s’empressera de corriger.

La poésie des titres du quatuors vient bercer cette belle après-midi. Les émotions transmises par la bande passent très bien dans un public très réceptif à la prestation. Chaque chanson est chaleureusement applaudie permettant aux artistes d’apprécier un peu plus ces retrouvailles avec l’audience.

Cette après-midi sonne pour nous le retour des concerts. C’est une reprise toute en douceur à laquelle nous avons eu droit lors de cette édition de La Villette Sonique aux consignes sanitaires nombreuses. Masques, cercles sur le sol et interdiction de nous lever ont entravé nos possibilités de profiter à 100% de concerts, mais si c’est le prix à payer pour pouvoir savourer le live à nouveau… Temps que cela reste provisoire !

Les deux formations que nous avons eu la chance de voir nous ont proposé des prestations de qualité, nous permettant de nous évader de ce quotidien covidé. Le retour à la vie commence à se faire, et ce week-end il a fait à grand pas au parc de La Villette.

Mais le week-end n’est pas terminé, une nouvelle après-midi de concerts nous attend demain !

La Villette Sonique 2021


Le 1er octobre 2020 était un jour charnière pour l’Ile-de-France. Si le ministre de la santé ne renforçait pas des mesures très strictes déjà mises en place, il promettait un durcissement  dans les jours à venir.

Le Chorus des Hauts-de-Seine, lui avait déjà été annulé en avril, confinement oblige, sans pouvoir s’offrir une reprogrammation en 2020. Parmi ceux qui avaient parier sur un retour à la normal avec la rentrée, l’horrible douche froide était au goût du jour, ainsi la Jimi se voyait contrainte de tout annuler alors que le MaMA maintenait en croisant les doigts son édition. Le Chorus lui, avait choisi d’offrir malgré tout un concert gratuit à ses 6 finalistes. 6 groupes, 6 registres, 6 talents qui remporteraient exceptionnellement tous le prix Chorus et donc pour paraphraser le chanteur de We Hate You Please Die,  » de la thune, on devrait faire ça à chaque fois en ne choisisssant pas un vainqueur unique. »

L’hiver s’était déjà abattu sur la région depuis une semaine, passant du jour au lendemain de l’été aux pluies torrentielles. Heureusement, ce soir là, la douceur laissait présager la possibilité de s’approcher de la terrasse  durant les 15 minutes d’entracte entre deux concerts de 30 minutes. Etrangement vide, malgré un remplissage complet dans la mesure des normes sanitaires (comprendre toute petite jauge), la Seine Musicale se découvrait aux spectateurs. C’est l’auditorium qui accueillait l’évènement. La plus grande salle, réservée habituellement aux spectacles de musique classique, permettait ainsi un bon éloignement entre chaque convive et donc une véritable sécurité. C’est dans ce contexte bien particuliers que débutait le festival d’un soir.

Fils Cara

C’est à Fils Cara que revient la tâche d’ouvrir les festivités. Dans la salle, tout le monde se sépare d’un siège minimum, d’un rang parfois, le public est attentif, bienveillant, attristé de ne pas pouvoir danser et bouger et d’être contraint de simplement applaudir les artistes. Le chanteur solo est accompagné d’un clavier. On pourrait volontiers lui prêter les qualités d’un Eddie De Pretto dans sa faculté à alterner l’urbain et le phrasé à la chanson. Moderne et bienveillant, il est habillé d’une aura de lumière qui confère à son set une belle intimité. Comme tous ce soir-là, il n’hésite pas à remercier chaleureusement l’organisation  et le public, conscient de faire partie des rares artistes à même de s’offrir une date. La sincérité transparait dans son live, le soin pris à chaque morceaux, la voix apaisante. Il y a un grain de folie chez Fils Cara et une touche de sérieux, il y a de la beauté dans ses notes et une facilité à appréhender son univers, instinctif, dans l’air du temps et pourtant novateur. « Vous connaissez Proust ? Je l’ai toujours trouvez illisible » s’amuse le musicien, parlant d’un passage particuliers de l’oeuvre du célèbre auteur avant de conclur face à une foule illare « Le prochain morceau n’a rien à voir avec ça j’avais juste envie de vous en parler. » Sa place est sur les plus grandes scènes face à un public conquis. C’est toute la carrière qu’on lui promet. Trente minutes c’est vite passé, voilà déjà les lumières qui se rallument, 15 minutes plus tard, la fête reprend.

Global Network

Global Network prend le relais. Au programme : deux musiciens électro pop  l’un au synthé, l’autre au chant et aux consoles. Le set commence bien, d’autant que les compères profitent d’une sympathie naturelle et d’une voix comme l’on retrouve dans les meilleurs titres électros radiophoniques. Et puis un problème technique vient obscurcir le tableau. A ce point ? Du tout puisque finalement côté spectateur le manque d’une console ne se ressent pas à l’oreille. D’ailleurs lorsque les perfectionnistes tentent le tout pour le tout pour réparer le méfait, l’ambiance est à la rigolade tant les showmen assurent en continuant de parler et d’intéragir avec la foule. « C’est dommage vous ne verrez pas le set complet, mais on joue à Nior samedi, venez à Nior » s’amusent-ils  » Heureusement que tout le monde est récompensé cette année, sinon les autres groupes vous auriez eu un concurrent en moins. » poursuivent-ils. Un faux départ sur « Congratulations »  »  Autant tout mal faire » continue de faire rire une salle pourtant hyper réactive à la musique et qui finit par se dandiner franchement sur son siège à mesure que les titres défilent. La qualité est là, la capacité à gérer dans de mauvaises conditions aussi et le jeu de lumière parfait s’ajoutent au moment et donne à ce duo une belle note de profesionnalisme qui fait plaisir à voir et écouter.

We Hate You Please Die

Changement de registre et excellence sont mot d’ordre lorsque débarque sur scène la folle tornade de We Hate You Please Die. Quatuor mixte, deux filles, deux garçons, complètement rock, hallucinante et jusqu’au-boutiste. Les bêtes de scène sont déchaînées et modernisent même le  « screamé » en lui ajoutant des notes d’indé, de punk, de psyché et de radicalité. Pas évident du coup de ne pas avoir envie de pogoter pour le public, de sauter, se déchaîner, se laisser vivre. Le chanteur en a conscience lui qui vient de « Rouen où on porte le masque depuis des années. » Il confie même « C’est aussi ma première pandémie ». Le combo est habité par sa musique, la batteuse nerveuse et puissante rythme avec beauté le moment. Le chanteur, lui , en duo avec une bassiste qui chante pourrait évoquer de part cette scission de voix grave et aïgue un certain Grand Blanc. Sauf que les voix fémines revendicatrices évoquent les riot girl, les punk déchaînées, la puissance et la rage et se callent avec perfecion dans le story telling du morceau. Le chanteur, Raphaël s’offre une puissante palette de timbres et d’émotions, jettant à terre le pied de son micro, portant la musique avec son corps. Impossible de ne pas tomber fou amoureux de cette puissance, de cet appel à la liberté, de ce retour enfin à une scène rock qui l’est vraiment et qui l’assume. On finit lumières barquées sur le public, à défaut de pouvoir se toucher on peut se voir sur l’incroyable « We Hate you please die » en ne regrettant qu’une chose : de ne pas avoir eu une heure de set pour tout passer en revue surtout « Figure it out » le master piece du groupe dont on a pu s’empêcher d’acquérir le vinyle au stand de merch.

Nyoko Bokbae

Changement de plateau, changement de registre avec les fous furieux de Nyoko Bokbae, leur world électro et leur bonne humeur contagieuse. Les deux frontmen ont une énergie folle et des looks fascinants incluant des cheveux verts et une robe sur un pantalon pour l’un des chanteurs. Une très belle démonstration d’être simplement soi comme la musique sait en offrir, en accueillir et en cajoler. La chaleur remplace la pluie et le froid des prochains jours alors que les rythmes s’endiablent et que l’envie de danser s’intinsifie. Côté scène, la joie d’être présent est communicative. Une belle découverte à suivre de près.

Terrier

La soirée ne s’arrête pas là puisque c’est maintenant au tour de Terrier de présenter ses compositions chansons françaises, phrasées. Une certaine mélancolie se dégage par ailleurs de ses mélodies. Habillé d’un short de sport et d’un bob, le chanteur originaire de la Roche sur Yon  a tout du jeune prodige. Voix grave la dispute aux sons urbains, c’est pourtant une âme rock qui se détache de la partition et de l’instant.  » Merci aux organisateurs d’avoir mis ça en place malgré tout. » confie-t-il ému. Seul bémol, il est difficile de bien entendre ses paroles poétiques, un problème de son peut-être lié à des changements de plateaux rapides. Un dernier titre est dédié à la mère du chanteur « qui s’est récemment inscrite sur Facebook et pourra découvrir le moment en Facebook live » une dernière fois avant que Facebook aussi n’interdise la diffusion de musique en live sur son site.

Taxi Kebab

La fin de soirée est synonyme de mélange des genres puisque débarque l’électro world de Taxi Kebab. Le duo mélange musique électronique,  guitare électrique,  luth ou même  oud pour une transe ponctuée de paroles en arabe. L’ensemble transmet une énergie assez intense, cherche à nous emporter loin de nos sièges, qui en cette soirée est notre espace de vie. Chaque track emprunte un chemin différent, les sonorités changent avec l’utilisation d’intruments plus ou moins traditionneles du Maghreb et du Proche-Orient. Les paroles, déclamées sèchement, les gammes orientales donnent un ton très sombre au tout. Le temps s’arrête. On ne sait plus depuis quand on écoute le groupe. Le thème répétitif fait son effet et on rentre dans une certaine frénésie.

Les 30 minutes sont finies. Il faut rentrer. On ne sait pas quand on arrivera à refaire un concert et malgré l’heure tardive, le départ se fait d’un pas calme, pour rester le plus possible dans ce lieu qui nous a tant manqué.

Merci à Louis Comar pour ses photos. Vous pouvez le suivre et découvrir son travail sur Instragram ou son site