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« Mauvais Ordre » – LOMEPAL

 

Lomepal revient aujourd’hui avec Mauvais Ordre, son troisième album attendu au tournant, annoncé début septembre. Suite à une tournée des théâtres antiques cet été, l’artiste français dévoile enfin l’opus teasé il y a plusieurs mois par les singles « Tee » puis « Auburn ». A leurs écoutes et après un été passé en leurs compagnies récurrentes, notre petit doigt nous disait que quelque chose d’intéressant se tramait par là. Alors, Mauvais Ordre, bonne pioche ?

 

 

 

Si FLIP, le premier album officiel devenu mythique d’Antoine Valentinelli alias Lomepal, nous trotte encore dans les oreilles depuis sa sortie en 2017, c’est qu’il est placé très haut dans notre panthéon personnel. « Tu touches pas à FLIP, c’est un monument », disait d’ailleurs le rappeur dans Jeannine, son deuxième album. C’était sans savoir que ce dernier le propulsera encore beaucoup plus loin en terme de reconnaissance. Là où FLIP avait conquis un public relativement rap, Jeannine était parvenu à séduire un public bien plus large. Du Zénith à Bercy, pour résumer. Ça ne change néanmoins rien au fait que FLIP reste à nos yeux un monument beaucoup plus haut construit que Jeannine. Mais là n’est pas le débat. Qu’en est-il du petit nouveau ?

 

Soin de la production

Ce qu’il convient de dire en premier lieu est que Mauvais Ordre est plutôt fidèle à nos attentes. On sait quel virage a pris Lomepal depuis quelques années, et on a tout à fait accepté son besoin d’aller chercher ailleurs que dans le rap pur et dur, où pourtant, il avait fait ses preuves. Jeannine mêlait encore les deux aspects, Mauvais Ordre tape le poing sur le tabouret et nous dit clairement : c’est désormais ce chemin et pas un autre. Le chemin dont il est question, c’est celui de la chanson française, qu’on nomme aussi variété. C’est ici que Lomepal se sent le plus à l’aise et force est de constater que la recette fonctionne à merveille. Il a le timbre pour, la manière de chanter pour, le don de compos évidentes pour. En ce sens, Mauvais Ordre est d’ailleurs bien plus cohérent que son prédécesseur, qui avait peine à trouver pleinement sa voix, le cul entre deux chaises. On sent ici le tout moins superficiel, plus juste, plus fidèle. Cette sensation semble en grande partie soutenue par une grande maitrise sonore. Lomepal l’avait annoncé plus tôt dans l’année lors d’une interview : cet album donnera une grande importance à la façon dont il sonne. Pas de mensonges sur la marchandise, on sent directement une production affinée, précise, minimaliste. Basse batterie au cœur du projet. Cette clarté sonore est due à la bande de musiciens qui entoure le chanteur, avec comme d’habitude Pierrick Devin à la manœuvre.

Pas de doute, Mauvais Ordre veut sonner comme du miel. Mais comme il le dit dans l’album lui-même, le miel n’est pas le miel sans le vinaigre. Et Lomepal n’est pas Lomepal sans cette manière toujours aussi irrésistible et unique qu’il a de poser sa voix, de choisir ses mots, d’embrasser ses mélodies. Comme si ces nouveaux morceaux nous avait toujours habité, tant leur évidence nous titille sans cesse. C’est par exemple le cas de « Mauvais Ordre », « A peu près », « Hasarder », « Etna », « Prends ce que tu veux chez moi »… Son style est plus que jamais affirmé, impactant et direct. Cela nous rappelle ses fameuses versions acoustiques, sur FLIP Deluxe puis sur 3 Jours à Motorbass, qui allaient droit à l’essentiel. La voix y était au centre. Et cette épure est désormais le centre de sa voie. « Tee » nous avait agréablement surpris dans ce sens, tant il arrivait à mêler phrases fortes, mélodie entêtante et minimalisme musical. Construit en deux parties, le morceau reste encore un des meilleurs de ce nouveau projet. Il en va de même pour « Auburn », le morceau le plus rappé de l’album sur un refrain aux sonorités rock. Celui qui se démarque vraiment du reste par son originalité. A l’inverse, « Maladie Moderne », placé au milieu de l’album, fait apercevoir les limites du chemin emprunté par Lomepal : se reposer parfois sur quelque chose de trop simple et des effets de mélodies, mettant de côté une réelle prise de risque, autant au niveau de la production que des textes.

 

don de Faire sonner les mots

Côté texte, Lomepal sait pourtant toujours aussi bien faire sonner les mots. Il pourrait chanter uniquement en onomatopées qu’on en demanderait encore. Pour Mauvais Ordre, changement de direction : pas d’egotrip, pas de sa relation face au succès, mais un nouveau personnage, plus seulement habité par son propre « je » mais aussi par un autre qu’il nous raconte. C’est l’histoire d’un type, ni plus ni moins. Solitaire, qui n’a ni un pied dans les flammes, ni l’autre dans la glace, mais plutôt les deux dans la pénombre, et qui se sent à peu près solide, même si à part : « Plus j’essaie d’être moi-même plus le courant foire / J’ai peur de devenir l’image que je renvoie / Toujours bloqué dans la mauvaise zone » dit-il dans le titre éponyme. Le mauvais ordre en personne, qui ne sait pas bien où se situer, au point que sa ville (lumière) ne lui procure plus aucun effet et qu’il veuille aller planter quelques tomates et faire du son sans ordi. Somme toute un gars qui se croit différent mais qui ne l’est pas tant que ça, qui aime exposer ses propres failles pour arriver au constat universel : « je suis qu’un homme ». Jusqu’à cette dernière phrase de l’album, intimement personnelle, celle qui justement n’est pas « Pour de faux », mais qui résume tout le trajet pour arriver jusque-là : « je voudrais tout refaire en mieux. Mais si je fais rien qu’un choix contraire je pourrais plus la rencontrer, faut que je puisse la rencontrer ». Elle, c’est Souheila Yacoub. Une actrice suisse avec qui Lomepal est en couple depuis quelques temps. C’est elle dans le clip de « Trop Beau », mais surtout sur la pochette de l’album, en clin d’œil à la scène finale de the Truman Show. Dans un interlude de l’album, on entend Antoine Valentinelli faire référence à une autre scène du film où le personnage découpe des bouts de journaux pour créer la femme parfaite. Cette pochette prend alors tout son sens. Relégué au second plan, il laisse pour la première fois le cadre à autre que lui.

 

Mauvais Ordre est donc propre, parfaitement exécuté dans les règles de l’art, oui. La plupart des morceaux et des mélodies sont bien trouvées, oui.  Le style Lomepal trouve là une très belle continuité logique, oui. Antoine Valentinelli est extrêmement doué dans ce qu’il fait et gère sa carrière d’une main de maitre, oui. Le succès sera au rendez-vous, très certainement. Mais Mauvais Ordre est-il pour autant un album mémorable ? Le monument FLIP n’a pas trop de souci à se faire de ce côté-là.


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Crédit Yann Orhan

Après un premier album « Théogonie » sorti en 2017, Alice Animal revenait en force et en rock le 28 mai 2021 avec un nouvel opus « Tandem » qui joue avec les codes de la pop française et du rock pour un résultat électrique.

« Tandem » c’est aussi le titre du premier morceau de l’album . Pas de temps à perdre pour Alice Animal qui envoie ses guitares déchaînées dès les premières notes du morceau. Sa voix puissante s’additionne à une guitare énergique. Aussi structuré que déstructuré, comme tout bon titre à l’esprit rock, cette entrée en matière annonce un album sincère, vif et sans concession. Difficile de ne pas penser à Zazie sur le refrain dans la phraséologie comme dans l’arrangement musical. Tout comme l’icône française, notre chanteuse féline calibre un titre accrocheur qui entre facilement en tête.

« Finir à L.A » vous en rêvez ? La chanteuse aussi. La cité des anges inspire de nombreux titres Outre-Atlantique mais aussi de notre côté de l’Océan. Entre soleil, gloire et misère, la chanteuse dépeint un tableau complet du rêve américain qui nous a été transmis malgré la distance – la faute peut-être à une culture sur référencée qui s’est glissée dans nos cerveaux dès le plus jeune âge par le biais d’écrans déjà omniprésents. Toujours est-il que le titre lui, est aussi pressé que les habitants de la ville qu’il décrit, les riffs précis s’enchaînent, s’additionnent comme une répétition, se font rapides et s’appuient sur une basse calibrée. Si à Los Angeles, les paradis artificiels sont réputés comme nombreux, ce sont « Tes Eléphants roses » que nous invite à découvrir la musicienne pour poursuivre la route. Ce morceau marque un véritable tournant dans l’album alors que la mélodie ralentit et que la guitare se décline avec douceur comme une confidence. Il faut dire qu’Alice Animal cette fois dénonce une relation toxique demandant au passage de ne plus être la victime d’un amour qui détruit. A fleur de peau, la belle s’offre même à 2 minutes 50 une aparté parlée qui évoque noirceur et profondeur et tranche clairement avec les couleurs vives qui habitaient jusque là les titres – et la pochette rose de l’album.

A fleur de peau

« Mauvais garçon » marque un retour tonitruant à un rock plus pop. Entre instruments clairement énervés et riffs dansant, le morceau s’offre une belle dualité qui fait joliment écho à ses paroles. Le refrain et ses montées dans les aigus invitent  au lâché prise et l’envie aussi irrépressible que viscérale d’assister à un concert, de faire des pogos, de vivre dans l’instant.  « Mon or » s’habille de références et de riffs à l’espagnol alors que la guitare suave reprend cette capacité à évoquer les douleurs amoureuses tout en invitant à la danse. Les français ont ce don naturel du texte pour parler des sentiments. La palette émotionnelle, le vocabulaire sont autant d’outils utilisés à l’infini dans la chanson pour parler de la perte amoureuse. Comme la tradition le veut, Alice Animal s’approprie la beauté de notre langue et en parle celle de ses instruments entre profondeur et teinte froide pour habiller ce texte intime et imagé.

La musique française a connu beaucoup de courants, tout comme cet album puisque cette fois « On est barock ». Rock toujours en tout cas, alors que le rythme répétitif se casse en vagues à mesure que le titre progresse.  Construit en couches, le titre change régulièrement de ton avec maîtrise. La chanteuse y évoque en paroles « l’ombre et la lumière » tout comme en mélodie. Tantôt énergique, tantôt à coup de paroles scandées, la musicienne n’a pas froid aux yeux et compose un morceau qui se réinvente avec régularité.

Kent se dévoile

« On n’a qu’une vie » clôture l’album en une déclinaison entre pop et chanson. Aidée à la voix par Kent qui se fait l’écho grave du texte qu’il a composé. Les compère s’étaient rencontrés au Café de la Danse en 2017 alors qu’ils partageaient une scène le temps d’une reprise de « Scary Monsters » de David Bowie. Leur alliance fait des étincelles dans une ballade qui ne perd jamais de vue les sonorités puissantes du rock. Très différent du reste de cette galette, ce dernier jet permet de quitter l’univers sauvage d’Alice Animal avec douceur. « On a qu’une vie pour tenir toutes les promesses et pardonner les maladresses » rappellent les compères avec douceur, mélancolie et notes aériennes. Voilà qui illustre bien cet album entier, construit, sincère et prometteur pour une chanteuse survoltée. Les maladresses de l’opus sont ainsi facilement oubliées au crédit d’un esprit rock, d’une puissance vocale digne des plus grandes stars de la chanson française et d’un amour sincère des instruments. A l’écoute de ce nouveau jet, impossible de ne pas penser que la musique d’Alice Animal mérite d’être vécue en live. Sa fougue promet d’être hautement contagieuse. Un grain de folie qu’on espère tous attraper, sans masque ni barrières, avant la fin de l’année 2021.


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Over the Moon by By Kymmo Liveshots. DR

2020 est une mauvaise année, il serait absurde de le cacher. Bien au delà de la crise mondiale, du fameux virus, des incertitudes pour l’avenir et de l’abandon complet et total du monde de la musique qui perd chaque jours ses ressources et acteurs, les esprits sont sombres et la cohésion sociale s’effondre au grès de conflits et de clashs.

Et si tout ça est une réalité, il pourrait être plaisant de voir la vie avec plus de légèreté, de douceur et de bienveillance. Les amoureux fous d’Over the Moon l’avaient compris bien avant que le monde ne déraille. En février 2020, ils publiaient leur nouvel EP « Love Therapy », en français dans le texte aux couleurs pop, plein de joie et de messages positifs.

Nous les avions rencontrer avant que la crise du Coronavirus ne s’abatte sur le Monde. Avec eux, on parle  du travail des indépendants dans la musique qui ont plus que jamais besoin de notre soutien, des difficultés dans la vie, d’amour,  de rester optimiste, de vie de famille, de tournées des Zénith avec les stars des années 2000 et de ne jamais lâcher prise. Rencontre feel good.

Découvrez notre rencontre avec Alexandre Ragon et Marina Ragon Tomassi d’Over the Moon

 


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