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Après avoir fait l’ouverture de la dernière Berlinale, « L’île aux chiens », le dernier film de Wes Anderson  sortira en France le 11 avril 2018. Grâce au Club 300 d’Allociné, Pop&Shot a pu le voir en avant première et vous dit tout ce qu’il a pu penser de ce film d’animation aux  influences nombreuses qui a valu à Anderson de remporter l’Ours d’Argent du Meilleur Réalisateur

-Attention! Quelques spoilers se sont glissés dans notre critique-

 

L’île aux chiens : Un récit richement paré

 

extrait de L’île aux chiens 2018
Droits réservés : 20th Century Fox Animation

 

Dans un Japon dystopique, le maire de Megasaki, l’autoritaire Kobayashi signe un décret bannissant tout les chiens sur « Trash Island« , une île ou s’accumulent tout les déchets. Le jeune Atari décide envers et contre tout de retrouver son chien, Spots. Quelques mois plus tard, il finit par atterrir sur Trash Island et se retrouve nez à nez avec une bande de chiens composée de Chef, Rex, Boss, Duke, King. Atari va t-il retrouver son fidèle ami Spots?

 

Pour illustrer cette histoire, Wes Anderson s’est fait plaisir et a convoqué un casting quatre étoiles : Bryan Cranston (Chef) , Ed Norton (Rex), Bill Muray (Boss),Jeff Goldblum ( Duke), Scarlett Johansson ( Nutmeg), Tilda Swinton (Oracle), Harvey Keitel… Vu en VOSTFR au Forum des Halles, la projection n’aura pas permis de pouvoir profiter du casting francophone, là aussi « de luxe » avec Romain Duris, Léa Seydoux, Vincent Lindon, Mathieu Amalric, Yvan Attal, Daniel Auteuil, Hippolyte Girardot, Isabelle Huppert

 

Pour l’illustration sonore de l’histoire de « L’Île aux chiens », le travail fabuleux du français Alexandre Desplat est à noter. D’autant plus qu’avec le succès (cf son deuxième Oscar remporté pour La forme de l’eau cette année) et la multiplication récente de ses sollicitations (plus d’une vingtaine de BO depuis 2015!), il a pu être facile d’oublier qu’il est l’un des meilleurs compositeurs actuels. En effet, son score qui mêle sonorités japonaises et saxophone plonge immédiatement le spectateur dans cet univers ou les influences sont multiples.

 

L’île aux chiens : Une quête initiatique 

 

extrait de L’île aux chiens 2018
Droits réservés : 20th Century Fox Animation

 

Nouveau film d’animation de Wes Anderson après «Fantastic Mister Fox», « L’île aux chiens » est avant tout le fruit de la collaboration de Roman Coppola, Jason Schwartzmann, Kunichi Nomura et d’Anderson. Ce travail à plusieurs mains (et cerveaux) se ressent tant les influences foisonnent et apparaissent sur l’écran, au fur et à mesure du développement du récit. La mise en scène de Wes Anderson est un bel exemple. L’hommage au cinéma japonais coule de source au vu du contexte mais Akira Kurosawa pourra être honoré de la façon dont il est célébré. L’aridité du décor de l’île poubelle, sorte de désert, les plans contemplatifs et la personnalité retorse de Chef donnent au film une touche de western spaghetti. Mais c’est un film avant tout Andersonien que cette « Île aux chiens », notamment dans certaines trouvailles visuelles comme les bulles de pensées lors des échanges entre Chef et Nutmeg.

 

Ca c’est pour la mise en scène mais l’histoire en elle même sait faire écho en l’inconscient du spectateur en lui parlant d’actualité. Fake news : le virus censément dangereux qui justifie l’expulsion des chiens est en fait sans danger. Montée du populisme : les scores aux élections du maire Kobayashi ne peuvent que faire sourire quand on pense qu’il n’y a pas longtemps on votait -démocratiquement bien sur- en Russie. Le fait que Trash Island soit dans le pays de Fukushima n’est évidemment pas anodin. Voir les chiens tenter un retour sur la terre ferme à bord d’embarcations de fortune rappelle des images qui font partie de notre quotidien depuis bien trop longtemps.

 

extrait de L’île aux chiens 2018
Oracle ( Tilda Swinton), la caution humoristique-réussie- du film
Droits réservés : 20th Century Fox

 

Nombreuses sont les thématiques qui sont abordées tout au long de « L’Île des chiens » mais une des forces du film de Wes Anderson est de jouer aussi avec les archétypes. En effet, tout le parcours de Chef, le chien cabochard et outsider qui finit par s’accomplir, une fois qu’il a trouvé son but dans la vie et régler son traumatisme est amené de façon assez mignonne pour ne pas faire tomber l’archétype dans le stéréotype. Ainsi, il trouvera sa place en guidant le jeune Atari jusqu’au bout de sa quête pour retrouver Spots, quête qui s’avérera initiatique pour Chef.

 

L’Île aux chiens : Est ce que c’est bien ?

 

extrait de L’île aux chiens 2018
Atari et ses nouveaux amis déterminés à retrouver Spots
Droits réservés : 20 th Century Fox

 

L’Île aux Chiens est un chouette film malgré une petite baisse de rythme dans le dernier tiers du récit avant une conclusion hautement sympathique. Wes Anderson réussit le tour de force de livrer pour son neuvième long métrage un conte magistral tant dans le fond que dans la forme, réussissant à rendre hommage à tout un pan de la culture japonaise tout en commentant l’actualité, le tout sous la forme d’un conte universel accessible autant pour les enfants que pour les adultes. Car si malheureusement, des éléments du récit peuvent faire écho en l’actualité (fake news, écologie) ou bien en l’histoire (une population déportée), il y a aussi l’universalité de ce conte qui redonne du baume au cœur. Et quoi de mieux qu’une histoire de quête initiatique avec son héro, ses oppositions entre le bien et le mal et son éternel optimisme?

 

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